Le grand challenge du moment pour les constructeurs automobiles est de réussir à trouver assez de lithium afin de conserver un rythme de production soutenu. Le lithium est en effet la base des batteries des voitures électriques. La tâche est ardue du fait d’une demande exponentielle, mais également à cause de la répartition géographique des mines de lithium. La production se fait essentiellement en Australie, en Amérique-du-Sud et en Chine dans des conditions pas forcément écologiques, avec un grand besoin en énergie. Cela devrait changer dans les années à venir.
Le groupe Stellantis (Peugeot, Citröen, Fiat, Jeep, Opel, Maserati, etc.) annonce être désormais le second actionnaire de Vulcan Energy, derrière son fondateur, Francis Wedin. Tout cela grâce à un chèque de 50 millions d’euros pour 8 % des parts. D’autres constructeurs croient par ailleurs au projet, à l’image de Renault et Volkswagen qui ont signé des contrats d’approvisionnement. Et l’on comprend mieux lorsqu’on découvre les ambitions de cette entreprise australienne.
Extraire le lithium tout en produisant de l’énergie
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L’idée derrière Vulcan Energy est de produire du lithium de la manière la plus propre possible. Pour cela, il n’est pas question de mine à proprement parler, mais d’un gisement de saumures géothermales. Celui-ci permet d’extraire du lithium… tout en produisant de l’énergie ! C’est justement cette énergie qui est utilisée pour l’extraction de lithium. De quoi permettre à l’entreprise d’avancer une empreinte carbone neutre pour l’extraction du lithium.
Pour le moment, l’entreprise australienne dispose déjà d’un gisement de saumures en Allemagne (dans la vallée du Rhin) qu’elle exploite uniquement pour produire de l’énergie. Il ne lui reste donc plus qu’à y connecter le matériel nécessaire permettant de séparer le lithium de la saumure afin de pouvoir l’utiliser pour produire des batteries de voitures électriques.
Du lithium allemand dès 2026
L’accord signé entre Stellantis et Vulcan Energy prévoit la livraison d’hydroxyde de lithium jusqu’en 2036 au moins. Lors de la signature d’un premier contrat en 2021 et avant d’être actionnaire, Stellantis tablait sur 81 000 à 99 000 tonnes livrées entre 2026 et 2031. Aux États-Unis, Stellantis a noué un partenariat avec Controlled Thermal Ressource pour l’exploitation d’un gisement similaire.
Cette « mine » de lithium devrait débuter sa production en 2026 et c’est une bonne nouvelle pour toute l’industrie automobile, mais également pour les consommateurs. Le fait de rapprocher la production de lithium des lieux de fabrication des voitures électriques devrait permettre de réduire les délais et les coûts. Vulcan Energy avance un coût du lithium divisé par deux, comparé à une mine à ciel ouvert ou à des bassins d’évaporation.
D’autres projets sont en cours en Europe, que ce soit sous forme de mine à ciel ouvert ou sous forme de gisement comme pour Vulcan Energy. Ces derniers ont l’avantage d’avoir une acceptabilité sociale beaucoup plus élevée, puisqu’ils occupent peu de place et défigurent moins le paysage. Renault avance pour sa part une réduction de 300 à 700 kg de CO2 lors de la fabrication d’une batterie de 50 kWh grâce au gisement allemand.
L’Europe pourrait mettre des bâtons dans les roues
Ce qui pourrait ralentir les projets de production de lithium en Europe, c’est la récente proposition de l’Agence européenne des produits chimiques (sur une demande de l’ANSES française) souhaitant que la Commission européenne classe le lithium comme un produit à risque. La raison : un danger présumé pour la fertilité et un danger avéré pour le développement fœtal. La Commission européenne devrait prendre sa décision dans l’année. Un classement du lithium comme produit à risque pourrait ajouter des contraintes sur sa production. À moins que la Commission ne conclue à l’absence de danger lors des différents processus d’extraction du lithium, fortement mécaniques.
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