L’hydrogène est attendu comme le Messie par de nombreux secteurs industriels et notamment du transport. Certains pensent en effet que la voiture électrique n’est qu’une étape vers la voiture à hydrogène. Mais comme nous l’avions vu dans une actualité précédente, la voiture à hydrogène n’est pas forcément une bonne idée face à la voiture électrique du fait des inconvénients de cette technologie. Une nouvelle étude enfonce le clou, en étudiant les risques de fuites d’hydrogène dans l’atmosphère, qui pourraient se révéler fatales pour le climat.
Jusqu’à présent, l’hydrogène était présenté comme la solution miracle de la lutte contre le réchauffement climatique, à une condition : réussir à produire de l’hydrogène vert (issu de l’électrolyse de l’eau) à l’aide d’une énergie bas-carbone, comme les énergies renouvelables ou le nucléaire. C’est déjà un défi, puisqu’en France, seulement 5 % de l’hydrogène produit en 2020 se classe dans cette catégorie. Mais la nouvelle étude, réalisée par l’ONG américaine EDF (Environmental Defense Fund pour Fonds de Défense Environnemental), pointe du doigt un autre défaut de l’hydrogène.
L’hydrogène : plus néfaste pour la planète que le CO2 ?
Selon cette étude, les fuites d’hydrogène lors de son transport, du remplissement des réservoirs et de son utilisation sont extrêmement dangereuses pour la planète. Ce risque était déjà connu, mais largement sous-estimés selon les auteurs de cette nouvelle analyse. En effet, jusqu’à présent, le potentiel de réchauffement climatique de l’hydrogène était calculé sur une période de 100 ans, comme pour le CO2.
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Mais le problème est que l’hydrogène a une durée de vie bien plus faible dans l’atmosphère que le CO2. Si on calcule le potentiel de réchauffement climatique de l’hydrogène sur 20 ans, celui-ci aurait un impact de deux à six fois plus important sur le climat que le CO2.
Hydrogène vert ou bleu ?
Les auteurs de l’étude ont donc réalisé des simulations afin de savoir si ces fuites d’hydrogène retirent totalement l’intérêt de ce gaz face aux énergies fossiles. Les chercheurs ont pris différentes hypothèses, avec d’un côté l’hydrogène vert et de l’autre l’hydrogène bleu. Ce dernier est moins écologique puisque au lieu d’être produit par électrolyse, il est extrait du gaz naturel, avec une capture et stockage du CO2 dans le même temps. L’un des inconvénients de l’hydrogène bleu est qu’il émet du méthane lors de sa production.
Dans le pire des cas (beaucoup de fuites et hydrogène bleu), l’hydrogène a un potentiel de réchauffement climatique sur le court terme (10 à 20 ans) plus élevé que les énergies fossiles. L’hydrogène vert, quant à lui, sera toujours plus « propre » que les énergies fossiles à court, moyen et long terme. Mais les risques de fuite doivent toutefois être pris en compte du fait de leur impact sur le réchauffement climatique. D’autant plus que selon d’autres études, le développement de l’hydrogène vert nécessiterait 2 à 14 fois plus d’énergie que les alternatives 100 % électriques.
La voiture à hydrogène, bonne ou mauvaise idée ?
Et c’est là où la question de la voiture à hydrogène se pose face à la voiture électrique telle qu’on la connaît aujourd’hui. En effet, l’hydrogène vert est très demandeur en énergie dans sa phase de production et les risques de fuites pas anodins pour le climat. C’est notamment pour cette raison que le GIEC recommande l’usage de l’hydrogène plutôt pour les modes de transport n’ayant pas de meilleurs choix, à l’instar de l’aviation, des trains ou des bateaux.
Des domaines dans lesquels les risques de collisions sont minimes et largement inférieurs à celui de l’automobile. Ce sont également des utilisations qui permettent d’éviter la multiplication des stations pour faire le plein d’hydrogène en réduisant donc les fuites liées au transport et à la recharge des réservoirs.
Cette nouvelle étude ne tire pas un trait sur l’hydrogène pour l’industrie du transport. Il est possible que les voitures à hydrogène deviennent une réalité de masse dans les prochaines décennies si toutes les contraintes techniques sont levées. Mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour réussir à produire de l’hydrogène « propre » avec un faible risque pour la planète. La voiture électrique et les mobilités douces ont ainsi une belle et longue route devant elles.
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