Article mis à jour le 1er septembre 2022 : Ajout du passage sur l’article de The Telegraph et précision des coûts sur bornes de recharge rapide.
Article original du 30 août 2022 : En France, le prix de l’électricité sur le marché de gros flambe, au point d’atteindre 1 000 euros le MWh contre 85 euros un an plus tôt. Heureusement, nous avons le bouclier énergétique qui nous protège, au moins jusqu’à la fin de l’année, avec le tarif réglementé permettant de facturer un kWh pour 17 centimes. En Grande-Bretagne, la situation est bien plus délicate, puisque le coût du kWh va passer de 0,28 livre (environ 0,32 euro) à 0,52 livre (environ 0,61 euro) en moyenne pour les particuliers, à partir du 1er octobre 2022.
Le coût de la recharge des voitures électriques flambe
Une hausse énorme (de 80 %), mais limitée par un dispositif similaire à notre bouclier énergétique. Une entreprise indépendante, RAC, a donc tiré la sonnette d’alarme en annonçant que le coût de la recharge des voitures électriques allait s’envoler. Dans son communiqué de presse, RAC prend l’exemple d’une Kia e-Niro pour qui le plein d’électrons passera de 18,37 livres (environ 21 euros) à 33,80 livres (environ 39 euros).
De nombreux médias se sont engouffrés dans la brèche en indiquant qu’il sera plus cher de voyager à bord d’une voiture électrique qu’en voiture thermique en Angleterre à partir d’octobre prochain. Certains médias français ont rapporté la même histoire. Mais c’est faux, et même RAC a été obligé de publier un démenti sur Twitter pour préciser que l’organisme n’avait pas dit cela.
Même le très sérieux média The Telegraph a mis à jour son article et changé le titre en « Pourquoi certaines voitures électriques pourraient bientôt devenir plus chères à l’usage que les voitures à essence« . Dans l’encadré explicatif, le média annonce avoir commis des erreurs de calculs et méthodologie pour comparer les deux technologies et s’en excuse.
Ainsi, au lieu d’indiquer des différences de plus de 100 euros sur un même trajet, l’article est désormais bien plus mesuré. On lit ainsi qu’une Kia Niro électrique coûtera 10 livres (environ 12 euros) de plus que sa version essence pour parcourir 900 km alors que la Fiat 500 électrique permettra d’économiser 5 livres (environ 6 euros) à son conducteur face à sa version essence sur 750 km.
Thermique versus électrique : on fait les calculs
Pour y voir plus clair, nous avons décidé de sortir la calculatrice pour vérifier la situation. Nous reprenons l’exemple de la Kia e-Niro, mais également de la Tesla Model 3 Propulsion. En face, en thermique, nous prenons la Kia Sportage essence et la BMW Série 3 en version 320 d diesel et 320i essence.
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L’idée étant de calculer le coût énergétique (en essence, diesel ou électricité) pour parcourir 650 km. Nous nous basons sur l’autonomie WLTP des voitures électriques pour calculer leur consommation (qui inclut davantage le freinage régénératif que la consommation WLTP) : 460 km pour la Kia e-Niro et 510 km pour la Tesla Model 3 Propulsion.
Pour les voitures thermiques, nous prenons en compte leur consommation WLTP. C’est-à-dire 5 l / 100 km pour la Kia Sportage, 5 l / 100 km pour la BMW 320d et 6,6 l / 100 km pour la BMW 318i. Le coût de l’essence a été relevé sur le site RAC au 15 août, à savoir 1,73 livre le litre d’essence et 1,84 livre le litre de diesel.
Précisons également que nous prenons en compte la perte lors de la recharge des voitures électriques sur une borne en courant alternatif comme l’a montré une récente étude allemande. C’est ainsi environ 10 % de perte pour la Kia e-Niro et 18 % de perte pour la Tesla Model 3 Propulsion. Une consommation « fantôme » en quelque sorte, qui est perdue par le convertisseur en chaleur du fait de l’effet joule.
Voici le résultat sur 650 km (pas forcément en un seul trajet), entre deux voitures électriques et trois voitures thermiques, essence et diesel.
Coût pour parcourir de 650 km
Voiture | Coût pour parcourir 650 km (actuellement) | Coût pour parcourir 650 km (à partir du 1er octobre) |
---|---|---|
Kia e-Niro | 32,6 euros | 61 euros |
Tesla Model 3 | 27,38 euros | 51 euros |
Kia Sportage | 65,7 euros | – |
BMW 320d | 70,2 euros | – |
BMW 318i | 86,7 euros | – |
Comme on peut le voir dans le tableau, les kilomètres parcourus en voitures électriques coûteront toujours moins cher que la même distance en voiture thermique, en rechargeant à la maison. Ces résultats sont toutefois à prendre avec des pincettes, puisqu’il est question des consommations annoncées par les constructeurs, et on sait qu’elles sont souvent supérieures dans les faits selon les voies empruntées durant le trajet, comme nous l’avons vu dans notre Paris – Marseille.
Cela ne change rien au résultat, parce que si toutes les voitures du tableau consomment plus qu’indiquées, alors tous les chiffres seront supérieurs et les électriques coûteront toujours, a priori, moins chers que les thermiques. La seule zone d’ombre concerne les trajets autoroutiers, lors desquels la consommation des voitures électriques explose et ne permet plus du tout d’atteindre l’autonomie WLTP tandis que la consommation des voitures thermiques augmente plus légèrement.
Et sur autoroute, ça donne quoi ?
Comme nous l’avons vu dans nos dossiers sur les longues distances en voitures électriques, la Tesla Model 3 Propulsion consomme environ 18,8 kWh / 100 km sur autoroute, soit 122 kWh sur un trajet de 650 km, ce qui se traduirait par une facture de 74 euros en Grande-Bretagne après le 1er octobre. La plaçant ainsi entre une BMW 320d et 318i.
Mais attention, nous prenons ici en compte les tarifs d’électricité des particuliers, alors que les recharges sur autoroute sont souvent facturées plus chères au kWh. RAC anticipe ainsi une augmentation du coût au kWh sur les bornes de recharge rapide, passant à 0,6 livre l’unité, soit approximativement 0,7 euro. Ce qui donnerait ainsi un coût de trajet (en électricité) de 85 euros, à condition que la voiture soit exclusivement rechargée sur des bornes rapides.
Dans la réalité, les propriétaires de voitures électriques rechargent leur véhicule chez eux avant le départ, ou sur une borne publique lente, moins chère que les bornes autoroutières. Ce tarif de 85 euros est donc virtuel et ne concernera que les très grands trajets, comme les départs en vacances, qui nécessitent parfois plusieurs arrêts recharge sur des bornes rapides. Au quotidien et pour l’immense majorité des automobilistes, la voiture électrique restera moins cher à l’utilisation que son homologue thermique.
Aussi, le prix de l’essence et du diesel est généralement plus cher sur les stations-service placées sur les aires de repos. Et c’est sans compter une éventuelle hausse du coût de ces deux énergies fossiles dans les mois à venir, puisque le tarif de l’électricité est fixé en Grande-Bretagne jusqu’au 31 décembre 2022. Il faudrait également tenir compte d’une consommation d’essence et de diesel plus élevée si l’on voulait comparer le coût sur autoroute.
En France, les voitures thermiques sont un peu mieux loties qu’en Grande-Bretagne grâce à la remise de 30 centimes sur le carburant.
La situation en France
En France, on peut craindre une grosse hausse du prix de l’électricité dans les mois à venir. Nous sommes pour le moment protégés par le bouclier énergétique, mais celui-ci pourrait bien être amené à disparaître. Il faut toutefois se rassurer un peu face aux chiffres que l’on voit passer. Lorsque le marché de gros de l’électricité annonce un tarif de 1 MWh (soit 1 000 kWh) à 1 000 euros pour l’hiver 2023, cela ne signifie pas que le kWh sera alors facturé 1 euro au client particulier dans un an.
EDF produit sa propre énergie, mais doit acheter de l’électricité sur le marché de gros si sa production (et celle des acteurs alternatifs sur les énergies renouvelables) ne suffit pas à répondre à la consommation des Français. C’est donc le coût marginal qui va augmenter, c’est-à-dire le coût des kWh qui seront achetés sur le marché de gros.
La facture énergétique de la France va ainsi bien augmenter, mais pas être multipliée par 30 comme on a pu le lire. En effet, le tarif de l’électricité est régulé par l’État (le TRV) et calculé selon trois variables : le coût de production du kilowattheure, le coût des réseaux ou des infrastructures et les taxes.
Par exemple, EDF vend le MWh de production nucléaire 42 euros. Difficile de prédire le coût à venir, d’autant plus qu’il variera selon le degré d’intervention de l’État. Pour Nicolas Goldberg, spécialiste de l’énergie, interviewé par France 24, la facture pour le client final pourrait augmenter de 30 à 40 % en février 2023 avec la hausse des prix régulés. Chanceux sont ceux qui détiennent des panneaux photovoltaïques chez eux !
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