Alors que les voitures thermiques seront interdites à la vente dès 2035 dans toute l’Union Européenne, les constructeurs réagissent différemment à cette échéance. Si la plupart travaillent à électrifier massivement leur gamme, d’autres tentent de trouver des solutions alternatives. C’est notamment le cas de Toyota, qui ne croit pas au tout-électrique et qui propose notamment sa Mirai qui fonctionne à l’hydrogène. Mais la firme n’est pas la seule, alors que certaines voient encore les moteurs à combustion interne comme une solution d’avenir.
Un prix exorbitant
C’est notamment le cas de Porsche, qui travaille depuis plusieurs années au développement du carburant synthétique, qui n’utilise pas de pétrole. Celui-ci est alors produit en utilisant de l’eau, de l’électricité, grâce à un processus chimique d’électrolyse. L’eau est alors divisée en oxygène et en hydrogène, le tout étant alors transformé avec du CO2 (par captage dans l’atmosphère) pour créer un gaz qui sera ensuite raffiné afin de devenir du e-fuel.
Une solution plus vertueuse sur le papier, à condition d’utiliser de l’électricité verte. En effet, la production d’un litre de carburant synthétique nécessite pas moins de 20 kWh d’énergie. Cela correspond à la consommation d’une voiture électrique circulant à 130 km/h sur une distance d’environ 100 kilomètres. De plus, la fabrication de ce type de combustible est encore coûteuse, alors que l’industrialisation se fait progressivement.
Résultat, le prix du carburant est très élevé. En parallèle de Porsche, qui vient de débuter la production de son propre e-fuel au Chili, une autre entreprise, Zero Petroleum se lance aussi sur le marché. La firme britannique fondée en 2019 produit elle aussi son propre carburant synthétique, notamment destiné aux avions et vient de lancer la commercialisation de celui-ci pour les particuliers. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas vraiment à la portée de toutes les bourses.
Et pour cause, il faut compter pas moins de 50 000 livres pour un bidon de 20 litres vendu sur le site de la firme, soit l’équivalent de 56 542 euros selon le taux de change actuel. Un prix totalement délirant, qui correspond à 2 825 euros du litre. Autant dire que le sans-plomb classique a encore de beaux jours devant lui. Néanmoins, Porsche espère de son côté pouvoir atteindre les deux euros du litre au cours des prochaines années, alors que la firme prévoit de produire jusqu’à 550 millions de litres de carburant d’ici 2026.
Pas si propre que cela
Mais attention, ce tarif exorbitant pourrait surtout être une belle opération marketing, alors que seulement huit jerricans seront mis en vente avec un certificat d’authenticité signé de la main de Paddy Lowe, PDG de l’entreprise et ingénieur en Formule 1. Car il est aussi possible d’acheter un baril de 20 litres limité à 1 000 exemplaires à « seulement » 1 000 livres, soit environ 1 131 euros, soit l’équivalent de 56 euros du litres. Cher, mais un peu plus raisonnable. Les livraisons débuteront alors en 2025, tandis que la première version arrivera l’an prochain.
Il sera alors possible de verser ce produit dans n’importe quelle voiture essence, puisque les propriétés de ce e-fuel sont identiques à celles d’un carburant affichant un indice d’octane de 95. En revanche, si la production de cette alternative est plus propre sur le papier, ce carburant ne permet pas de réduire les gaz polluants à l’échappement. C’est encore le gros point noir de ce type de motorisation, alors que l’Union européenne veut réduire de 100 % les émissions issues de l’industrie automobile à l’horizon 2035.
Si le e-fuel serait une solution prometteuse pour sauver les voitures thermiques, cette alternative n’est toutefois pas exempte de défauts. En effet, alors que l’empreinte carbone lors de la fabrication est réduite de 70 % par rapport aux carburants pétroliers, celle-ci nécessite une grosse quantité d’électricité. Outre le fait que celle-ci doit être d’origine renouvelable pour qu’il y ait un vrai intérêt écologique, la situation actuelle de tensions sur le réseau n’est pas vraiment propice au développement de cette industrie.
Par ailleurs, le carburant synthétique doit également être transporté, ce qui représente un coût financier et environnemental important. Si le site de production du e-fuel de Zero Petroleum n’a pas été communiqué, Porsche fabrique le sien au Chili et prévoit d’ouvrir des usines en Australie et aux États-Unis. Si la multiplication des infrastructures permettra de réduire les prix, cette technologie n’est pas forcément aussi vertueuse qu’elle le laisse penser, et elle n’est pas forcément plus propre que la voiture électrique.
Pour aller plus loin
Les carburants de synthèse sont-ils plus écologiques que la voiture électrique ?
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