Si vous suivez assidûment l’actualité autour de la voiture électrique, vous avez certainement déjà vu plusieurs articles faisant référence aux fameuses « voitures solaires ». Nous avons même eu l’opportunité d’en essayer une sur Frandroid il y a quelques mois, la fameuse Lightyear 0, pour une expérience plutôt intéressante qui a également permis de soulever de nombreuses interrogations.
En réalité, le terme « voiture solaire » est un peu usurpé. Voire même totalement techniquement parlant, puisque ces voitures ne fonctionnent absolument pas avec l’énergie du soleil. Enfin pas directement. D’une manière générale, même si la technologie avance plus vite qu’on ne le pense, la voiture solaire à proprement parler, c’est-à-dire roulant uniquement avec l’énergie du soleil, ce n’est pas pour demain.
Qu’est-ce qu’une voiture solaire ?
En 2023, une voiture solaire est un modèle équipé de panneaux solaire capable d’emmagasiner l’énergie du soleil afin de la redistribuer ensuite dans la batterie. Mais dans la batterie de quoi ? D’une voiture électrique bien évidemment. En effet, le terme que nous devrions utiliser, ce serait plutôt celui de « voiture électrique solaire » pour vulgariser un poil la chose.
Techniquement, comment cela fonctionne ? C’est relativement simple. Grâce à l’effet photovoltaïque, les cellules installées sur la voiture (généralement sur le toit et sur le capot) vont transformer chaque rayonnement solaire reçu par la voiture en énergie électrique, qui sera ensuite stockée dans une batterie. Cette énergie sera ensuite utilisée par la voiture dans le cadre de ses déplacements.
Le problème, ou même « les problèmes » devrait-on dire, c’est que les voitures ne peuvent pas dépendre uniquement de l’effet photovoltaïque. La première raison, c’est que l’énergie emmagasinée, même dans une période très ensoleillée, n’est pas suffisante pour faire ne serait-ce que 10 % du plein d’une batterie d’environ 60 kWh sur une journée. L’autre problème, c’est que si les conditions d’ensoleillement sont mauvaises ou s’il fait nuit, vous resterez à quai.
Qui sont les principaux acteurs de ce segment ?
Même si la voiture purement solaire peut s’avérer assez utopique aujourd’hui, ça fait tout de même plusieurs années que certains acteurs du monde automobile y travaillent.
Pour la petite histoire, la toute première voiture solaire à voir le jour est la “sunmobile”, un modèle réduit présenté par son concepteur, un employé de General Motors du nom de William G. Cobb, au General Motors Car Show le 31 août 1955. Comme vous devez vous en douter, cette voiture restera au stade de modèle réduit.
Plus tard, en 1985, est organisé le premier Tour de sol, un rallye de 368 km divisé en cinq étapes et qui oppose les équipes de différentes universités devant construire et conduire une voiture solaire sur l’ensemble de ce parcours. Les courses étaient plutôt sympathiques, et cela a créé un petit engouement autour de cette solution, au point même de fabriquer des voitures solaires destinées à être conduite sur le réseau routier à la fin des années 80.
Le problème, c’est qu’elles n’étaient pas assez puissantes et manquaient cruellement d’agrément. Nous pourrions aujourd’hui les comparer aux performances de voitures sans permis.
Les voitures solaires sont revenues au goût du jour avec l’avènement des voitures électriques. Pour se démarquer, certains constructeurs ont fait le choix de proposer des voitures solaires, où une partie de la batterie peut être alimentée par les panneaux photovoltaïques.
Sono Motors
Parmi les projets les plus connus, il y a la Sion de Sono Motors, une voiture électrique familiale qui doit être commercialisée sous la barre des 30 000 euros.
La voiture est recouverte de cellules photovoltaïques et promet à ses clients (et surtout aux potentiels investisseurs pour le moment) qu’elle peut rouler plusieurs dizaines de kilomètres par semaine gratuitement grâce au soleil.
Lightyear
La « star » des voitures solaires aujourd’hui, c’est la Lightyear 0. En quelques mots, il s’agit d’un constructeur hollandais qui a lancé une berline équipée de panneaux solaires. Ces panneaux sont capables de générer environ 1 kW d’électricité, ce qui équivaut à 70 kilomètres d’autonomie par jour quand les conditions d’ensoleillement sont bonnes.
La voiture embarque une batterie de 60 kWh et peut parcourir 625 kilomètres selon le cycle WLTP, tandis que la consommation est affichée à 10,5 kWh en moyenne à une vitesse de 110 km/h grâce notamment à un excellent travail sur la partie aérodynamique et sur le poids (la voiture fait pratiquement le même poids qu’une Renault Zoé). Lightyear explique qu’il est possible de récupérer jusqu’à 520 kilomètres en une heure sur une borne rapide de 50 kW.
Aptera
Nous pouvons aussi citer, dans une moindre mesure, le constructeur américain Aptera. En débuté d’année, l’entreprise a annoncé l’ouverture des réservations pour sa voiture solaire, dans sa version de lancement Launch Edition. Celle-ci est alors affichée à 33 200 dollars, soit environ 30 492 euros.
À ce prix-là, les clients profiteront alors notamment d’une autonomie de 400 miles, soit environ 643 kilomètres selon le site de la marque, grâce à une batterie de 42 kWh. Pour le moment, la voiture n’est disponible qu’aux États-Unis et, comme vous pouvez le constater sur les photos ci-dessous, il ne s’agit pas vraiment d’une voiture comme on pourrait l’entendre.
Ses panneaux solaires, installés sur le toit, lui permettent alors de gagner jusqu’à 40 miles (environ 64 kilomètres) par jour d’autonomie. L’Aptera revendique une puissance de 128 kW, soit l’équivalent de 174 chevaux, tandis qu’elle réalise le 0 à 100 km/h en seulement 4 secondes. Pour l’heure, on ne sait malheureusement pas encore si la voiture solaire sera disponible en France, alors qu’elle devrait être la première au monde à être commercialisée de série.
Pourquoi sont-ils (déjà) en difficulté ?
Commençons par celui qui semble le plus en difficulté : Sono Motors. Le constructeur peine à trouver des investisseurs solides capables d’injecter suffisamment d’argent pour commencer le processus de production.
Pour continuer tant bien que mal de survivre, Sono Motors a même lancé une campagne de financement participatif nommée #SaveSION en décembre 2022. L’objectif est de récolter environ 100 millions d’euros de la part de particuliers. L’engouement fut assez étonnant, puisqu’au terme de la campagne, même si Sono Motors n’a même pas atteint 50 % de l’objectif fixé, force est de constater qu’il y a tout de même eu pas mal d’intérêt autour de ce modèle.
Malheureusement, ça ne suffit pas à lancer la production. Les fondateurs avaient tout de même décidé de prolonger la campagne de financement participatif jusqu’au 28 février, dans l’espoir de récolter les fonds nécessaires. 100 millions d’euros, cela représente l’équivalent de 3 500 Sion pleinement payées. Malheureusement, le constructeur vient tout juste d’annoncer la volonté de revendre le programme Sion à une entreprise qui serait intéressée.
Du côté de chez Lightyear, ça va un peu mieux, même si les récentes nouvelles annoncées début 2023 ne sont pas forcément très bonnes. Ou elles cachent quelque chose tout du moins. La Lightyear 0 coûte chère, très chère même puisque la firme néerlandaise communique sur un prix d’environ 300 000 euros. 1 000 exemplaires devaient être fabriqués. C’est assez ambitieux pour une marque inconnue du grand public de proposer une voiture, aussi intéressante soit-elle, a un prix aussi élevé.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que Lightyear mette déjà de côté sa berline. Le constructeur a annoncé le 24 janvier qu’il abandonnait ce premier modèle pour se concentrer sur le développement de son second projet, Lightyear 2. La marque a d’ailleurs déjà annoncé son nouveau modèle via une série de photos en guise de teaser.
La Lightyear 2 sera une petite 0 et elle sera surtout beaucoup plus abordable puisqu’on évoque un tarif de 40 000 euros. Le constructeur annonce déjà avoir reçu pas loin de 60 000 réservations. La voiture fait envie et promet jusqu’à 800 km d’autonomie, dont une partie est réalisée grâce aux panneaux solaires.
Globalement, elle profitera de la démocratisation des technologies de la 0, mais on ne s’attend pas à ce que les panneaux solaires fournissent plus de 10 % de la capacité de la batterie, dans de bonnes conditions qui plus est.
De son côté, Aptera annonce que l’on peut déjà passer commande concernant son nouveau modèle moyennant un acompte de 100 dollars. Un montant identique à celui demandé par Tesla pour réserver un exemplaire de son Cybertruck.
Néanmoins, la production ne devrait pas débuter avant un an au moins puisque les chaînes de production devraient quant à elles être prêtes dans neuf mois. Et pour ne rien arranger, l’entreprise aurait encore besoin de 50 millions de dollars supplémentaires pour débuter la production. Ça ne vous rappelle rien ?
Pourquoi la voiture solaire est une utopie ?
Vous l’aurez compris, le terme « voiture solaire » n’est ni plus ni moins qu’un élément marketing. Techniquement, effectivement, dans de bonnes conditions d’ensoleillement, le soleil peut couvrir les besoins hebdomadaires des clients, et c’est plutôt une bonne nouvelle puisque, jusqu’à preuve du contraire, l’énergie solaire est gratuite. Surtout qu’en moyenne, un français parcourt moins de 30 km par jour avec sa voiture.
En revanche, la technologie est quand même plus à apparenter à une motorisation hybride, d’autant plus que si la batterie est vide, avec ou sans soleil, la voiture n’avancera pas car ces modèles ne peuvent pas suffisamment produire de courant en plein soleil pour faire avancer la voiture.
En réalité, les expériences de voitures solaires sont plus intéressantes chez d’autres constructeurs que nous n’avons pas cités jusqu’ici, puisqu’ils ne parlent pas de voitures solaires justement.
Toyota, par exemple, propose cette solution depuis plusieurs années sur la Prius rechargeable afin de recharger de quelques kWh la petite batterie de sa voiture hybride. Dans le même esprit, Fisker l’intègre aussi sur son SUV électrique Ocean. En réalité, techniquement, pour l’instant, il faudrait des surfaces bien plus grandes que des voitures pour réellement pouvoir rouler concrètement au solaire, le tout dans des conditions d’ensoleillement que l’on ne trouve que sur certaines zones géographiques bien spécifiques et difficilement supportables pour l’être humain.
En réalité, pour rouler concrètement grâce à l’énergie du soleil, ce n’est pas forcément la peine de disposer d’une voiture équipée de panneaux photovoltaïques. Il suffit plutôt de recharger sa voiture électrique régulièrement dans sa maison équipée de panneaux solaires performants.
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