Voici les départements dont la limite de vitesse est repassée à 90 km/h

Voici la liste des 46 départements

 
La liste des départements qui repassent aux 90 km/h sur tout ou une partie de leur réseau continue de s’étoffer, avec désormais 46 départements qui ont opéré un retour en arrière. Mais pourquoi cette mesure prise par le gouvernement d’Edouard Philippe a tourné au vinaigre et certains départements boudent les 80 km/h ?
Source : D. Chauveau

80, 90, puis encore 80 km/h, avait de passer à 70, pour ensuite, quelques centaines de mètres plus loin repasser à 80… ou 90 km/h ? Cette situation, nous l’avons sans doute tous vécus ces dernières années avec l’abaissement de la vitesse maximum sur le réseau secondaire à 80 km/h au lieu des 90 km/h.

Mais pratiquement cinq ans après le passage à 80 km/h, c’est toujours l’imbroglio, et il arrive, sur certaines portions, de ne pas savoir à quelle vitesse on peut rouler.

Liste des départements limités à 90 km/h

Voici la liste des 46 départements sont repassés à 90 km/h au lieu de 80 km/h : Allier, Ardèche, Aube, Aveyron, Bas-Rhin, Calvados, Cantal, Charente, Charente-Maritime, Cher, Corrèze, Côte-d’Or, Creuse, Deux-Sèvres, Dordogne, Eure-et-Loir, Gers, Haute-Loire, Haute-Marne, Haute-Saône, Haute-Vienne, Hautes-Alpes, Hautes-Pyrénées, Haut-Rhin, Hérault, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loir-et-Cher, Loiret, Lozère, Maine-et-Loire, Marne, Mayenne, Meuse, Morbihan, Orne, Puy-de-Dôme, Saône-et-Loire, Sarthe, Seine-et-Marne, Tarn, Var, Vienne, Vosges, Yonne.

Les départements en gras sont limités à 90 km/h sur l’ensemble de leurs axes. Ceux qui ne sont pas en gras ont encore des axes limités à 80 km/h.

Retour en 2018

Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à un tel bazar, il faut remonter cinq ans en arrière, début 2018, lorsque le gouvernement a officiellement adopté, à l’issue du Conseil Interministériel de Sécurité Routière, la baisse de la limitation de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les axes secondaires.

Jamais depuis 45 ans et l’opération Mazamet (la population de la ville de Mazamet, dans le Tarn, s’était couchée sur le sol pour symboliser les 16 545 personnes tuées sur les routes à l’époque), le gouvernement avait misé sur la diminution de la vitesse pour réduire le nombre de morts sur les routes.

L’opération Mazamet en 1973

Les dernières réductions de vitesse concernaient des secteurs bien précis, comme le périphérique parisien par exemple, où la baisse de 80 à 70 km/h a été actée pour diminuer avant tout la pollution sonore et atmosphérique. À ce propos, la vitesse pourrait d’ailleurs être prochainement encore revue à la baisse, puisqu’on évoque une limitation à 50 km/h désormais sur ce cercle routier entourant Paris.

Le mardi 9 janvier 2018 donc, Edouard Philippe, qui était encore le Premier ministre d’Emmanuel Macron, annonce la baisse de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les axes secondaires. Cette mesure est appliquée à partir du 1er juillet 2018.

Ce sont au total 400 000 kilomètres de routes bidirectionnelles, à deux voies sans séparateur, qui sont concernées, tandis que les routes à deux fois deux voies ne sont pas concernées. Cette décision de la réduction de la vitesse avait déjà été évoquée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, même si celui-ci avait refusé de l’adopter et s’était simplement contenté de lancer une expérimentation.

À l’époque, plusieurs chiffres ont été avancés par le Premier ministre pour mettre en exergue cette décision d’une baisse de la vitesse :

  • Depuis 2012, la vitesse moyenne sur les routes secondaires a augmenté de 4 km/h
  • À 90 km/h, il faut 70 mètres pour freiner. À 80 km/h, la distance diminue à 57 mètres.
  • À 80 km/h, on perd trois minutes par jour sur un trajet de 40 kilomètres
  • À 80 km/h, on sauve en moyenne une vie par jour, soit un total compris entre 350 et 400 vies par an

Une mesure impopulaire

Le passage de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire a bien évidemment fait beaucoup parler, et de nombreuses oppositions, à travers plusieurs mouvements sociaux (et notamment les Gilets Jaunes), ont fait reculer le gouvernement.

Entre temps, le coronavirus et les confinements sont passés par là, troublant ainsi la lecture des statistiques brandis par la Sécurité routière pour vanter les effets de cette réduction de la vitesse. Néanmoins, dans les 18 premiers mois après la mise en place des 80 km/h (avant la crise sanitaire), les chiffres ont montré que les 80 km/h ont permis de réduire de 12 % la mortalité sur les routes concernées par rapport au reste du réseau d’après les chiffres de l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière).

Néanmoins, malgré cette baisse sur cette période, le rapport de la Cour des comptes effectué en 2021 montre que les chiffres stagnent après « demi-siècle d’efficacité spectaculaire », et ce même après la mise en place des 80 km/h, la Cour des comptes appelle à changer son fusil d’épaule en investissant davantage sur la sensibilisation et sur les infrastructures.

Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux exécutifs départementaux y voient un moyen de remettre en cause le gouvernement, qui dans le cadre de la Loi d’orientation des mobilités, les avait autorisé à revenir sur la mesure à l’issue d’une période d’essai.

Combien cela a-t-il coûté ?

Difficile de savoir combien a coûté le passage de 90 à 80 km/h en 2018 en France. Le délégué interministériel à la sécurité routière (DISR), Emmanuel Barbe, avait évoqué une somme comprise entre 5 et 10 millions d’euros pour l’ensemble du territoire français.

Le prix d’un panneau est compris entre 200 et 250 euros, charges comprises (coût de transport, la main d’œuvre d’au moins deux personnes…), pour des départements comme le Nord et le Pas-de-Calais, cela représente environ 430 panneaux à changer, donc une enveloppe d’au minimum 86 000 euros. L’État s’était engagé à prendre en charge le coût de cette mesure par le biais d’un remboursement après travaux.

Avec le retour aux 90 km/h, ce sera désormais aux départements de payer. Et il y aura de fortes disparités, puisque tout dépendra du maillage choisi par les départements, comme du nombre de kilomètres de routes concernés.

Un panneau à 80 ne pourra pas toujours simplement être remplacé par un panneau à 90. Il faut aussi signaler chaque vitesse sur chaque tronçon, en particulier aux intersections. Par exemple, si une route à 80 croise une route à 90, cela donne plusieurs panneaux contre aucun quand tous les réseaux étaient à 80 ou à 90.

Mais pourquoi ne pas ressortir les « vieux » panneaux ? Tout simplement parce qu’un panneau a une durée de vie limitée. Les parties rétro-réfléchissantes s’altèrent avec le temps. Selon la catégorie, un panneau a une durée de vie de 7 à 12 ans, et il ne doit pas être stocké n’importe comment. Ainsi, la plupart des panneaux 90 vont devoir être refabriqués.

Quels sont les départements à être repassés à 90 km/h ?

Après être revenu partiellement sur sa mesure, une trentaine de départements avaient annoncé un retour aux 90 km/h quasi immédiatement. Début 2023, la liste des départements qui réinstallent les panneaux à 90 km/h ne cesse de s’étoffer, portant le nombre à 46 désormais.

Il y a néanmoins certaines subtilités, car des départements ont également revu certains éléments au cas par cas, en fonction de la zone, si elle est accidentogène, ou non. Par exemple, depuis le 1er août 2022, le Puy-de-Dôme a décidé de remettre en place les 90 km/h sur certaines de leurs départementales, mais le conseil départemental a aussi décidé d’instaurer une vitesse maximale de 70 km/h sur 330 sections dites « à risques ».

Donc même dans les départements qui sont repassés à 90 km/h, il faut faire attention à la signalisation, car certaines portions peuvent être plus limitées comme le relève avec précision la Ligue de Défense des Conducteurs.

Ce retour aux 90 km/h ne semble pas forcément embêter le gouvernement aujourd’hui, qui est vraisemblablement passé à autre chose. En revanche, du côté de la Sécurité routière, ce retour en arrière est une mauvaise nouvelle.

« Les vitesses pratiquées sur les routes dont la vitesse maximale autorisée (VMA) a été relevée à 90 km/h dès 2020 sont plus élevées en 2020 et 2021 qu’en 2017, avant la baisse de la VMA à 80 km/h. », explique l’organisme. En d’autres termes, on roulerait plus vite qu’avant sur les mêmes réseaux, alors que la vitesse maximale a été baissée à 80 km/h.


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