Une des zones les plus sensibles de la politique européenne en ce moment est la relation entre les Allemands et leurs voitures, qui suscite des enjeux importants en matière de politique environnementale et de transition énergétique. Le ministre français des Transports, Clément Beaune, a exprimé la demande de la France à l’Allemagne de lever son blocus sur le règlement européen qui prévoit une suppression progressive du moteur thermique d’ici à 2035.
Cette semaine, Berlin a menacé de bloquer l’agenda de transition énergétique. Les autorités allemandes ont, en effet, demandé la prise en compte des carburants synthétiques ou « e-fuels », décrits comme ayant une empreinte carbone « quasi neutre », ce qui pourrait remettre en cause les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
800 000 emplois en Allemagne
L’investissement des carburants de synthèse vise à garantir un avenir pour le moteur à combustion interne, qui représente depuis plus d’un siècle la fierté de l’ingénierie allemande. Le passage à d’autres technologies risquerait de détruire l’avantage concurrentiel accumulé par l’Allemagne au fil des décennies en termes de savoir-faire, mettant ainsi en péril des centaines de milliers d’emplois.
Rappelons que la production de voitures thermiques représente environ 800 000 emplois et un chiffre d’affaires d’environ 411 milliards d’euros en Allemagne. Ce secteur économique est le premier en Allemagne, il représente une part importante de l’économie allemande et contribue de manière significative à l’emploi et à la croissance économique du pays.
La transition vers les véhicules électriques pourrait entraîner la destruction des chaînes d’approvisionnement actuelles et causer la perte d’un grand nombre d’emplois, tout en exposant les constructeurs automobiles allemands à la concurrence acharnée de nouveaux rivaux tels que la Chine, qui domine la technologie des véhicules électriques.
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Une transition peu populaire
Selon un récent sondage d’opinion, la majorité des Allemands ne sont pas favorables à l’interdiction des voitures thermiques en 2035 : en effet, 68 % des personnes interrogées se sont prononcées contre cette mesure controversée qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser la transition vers des modes de transport plus respectueux de l’environnement.
Même constat en France, la mesure n’est pas populaire. Un sondage concernant la question du jour sur Le Figaro, « L’Europe doit-elle repousser au-delà de 2035 l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves ? », sur les plus de 32 000 personnes ayant voté, la grande majorité (83 %) estime que l’interdiction devrait être repoussée au-delà de cette date butoir.
Cette position s’explique probablement par plusieurs facteurs, tels que le coût élevé des voitures électriques et le manque d’infrastructures de recharge en Europe. Cependant, c’est également en partie dû à la douloureuse transition économique qui nécessite des investissements massifs, ainsi que dans la recherche et le développement de nouvelles technologies.
Un secteur dominé par la Chine et les États-Unis
Alors que l’avènement de la voiture électrique se rapproche à grands pas, le secteur est dominé par des constructeurs automobiles concurrents chinois, mais aussi américains tels que Tesla. On peut par ailleurs évoquer des entreprises issues du monde de la technologie, comme Apple, qui pourrait aussi être un nouveau concurrent de taille.
La compétition pour mener la révolution électrique est encore loin d’être terminée et il n’est pas clair si des marques telles que Mercedes, Volkswagen, BMW, Bosch, ou même Porsche, seront capables de suivre le rythme.
Pour la première fois de l’histoire de l’industrie automobile allemande, la perspective que des marques aussi prestigieuses puissent disparaître est réelle. Les constructeurs automobiles allemands se dépêchent de s’adapter à la transition vers l’électrification en investissant des sommes considérables dans les batteries et en lançant des programmes ambitieux. Cependant, leur capacité à gérer cette transition n’est pas encore garantie.
Une alliance de pays européens pour changer les règles
Ainsi, l’Allemagne a formé une alliance avec l’Italie, la Pologne et la République tchèque pour s’opposer à l’interdiction des voitures thermiques à partir de 2035, à moins d’exempter les carburants de synthèse de l’interdiction.
Les e-fuels, également appelés carburants synthétiques ou électro-carburants, font l’objet de vifs débats. Ces carburants sont produits artificiellement à partir d’électricité renouvelable et de CO2 capté dans l’atmosphère. Certains défenseurs des e-carburants voient en eux une solution prometteuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tandis que d’autres craignent qu’ils ne représentent une utilisation inefficace de l’énergie renouvelable, qui devrait plutôt être consacrée à des usages plus difficiles à décarboner. D’autant plus que les carburants de synthèses continuent d’émettre des particules fines à l’échappement.
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