Même s’il sera bientôt 25 fois moins cher, le carburant de synthèse n’éclipsera pas les voitures électriques

 
La société américaine HIF Global a reçu le feu vert pour la construction d’une nouvelle usine dédiée à la fabrication du carburant synthétique (e-fuel). Celle-ci permettra de produire de plus grandes quantités et de réduire considérablement le prix du litre, qui pourrait passer à 2 euros, contre 50 euros actuellement.
Porsche Taycan électrique

Vous le savez sans doute si vous lisez régulièrement nos colonnes : les voitures thermiques seront bientôt strictement interdites à la vente. À partir de 2035, les constructeurs n’auront plus le droit de commercialiser de véhicules à combustion interne, sauf quelques exceptions pour ceux dont les ventes sont très confidentielles comme Koenigsegg ou encore McLaren. Mais une solution a été trouvée pour permettre aux marques de continuer à proposer des moteurs thermiques : le carburant synthétique, aussi appelé e-fuel.

Une production à grande échelle

En effet, ce type de combustible sera finalement autorisé, à la suite de longues négociations entre Bruxelles et le gouvernement allemand, qui a donc obtenu gain de cause. Sauf que cette alternative ne possède pas que des avantages, bien au contraire. Et l’un de ses principaux inconvénients reste son prix encore très élevé. Selon l’ONG Transport & Environnement, un plein de e-fuel coûterait deux fois plus cher qu’avec de l’essence classique.

En cause, la production qui reste encore à petite échelle, alors qu’elle n’en n’est qu’à ses débuts pour le moment. Actuellement, l’entreprise Zero Petroleum commercialise son carburant de synthèse à ses premiers clients moyennant plus de 50 euros du litre. Si vous trouviez le sans-plomb trop cher, voilà qui remet les choses en perspective. Mais cela pourrait heureusement finir par changer au cours des prochaines années.

L’entreprise HIF Global, également spécialisée dans la fabrication de carburant synthétique annonce qu’elle pourra bientôt régler le problème du prix. Comment ? En produisant plus de quantité, tout simplement. Pour l’heure, la firme ne fabrique qu’au sein de son usine située au Chili, dans le cadre d’un programme expérimental en partenariat avec Porsche. Le constructeur utilise pour l’instant ce carburant uniquement en compétition.

Plus de 2 600 litres ont déjà été produits, mais HIF Global veut donc aller encore plus loin. La firme vient de recevoir le feu vert pour construire la plus grande usine dédiée à la production de carburant de synthèse au monde, comme elle l’annonce dans un communiqué. Celle-ci sera installée à Matagorda, dans le sud du Texas aux États-Unis. Sa construction débutera au début de l’année prochaine.

Moins de 2 euros le litre

Au total, ce ne sont pas moins de 750 millions de litres qui devraient être produits par an au sein de ce site américain. Un objectif qui devrait être atteint d’ici à l’année 2027, mais qui nécessite de nombreuses ressources. L’entreprise précise avoir besoin de 300 000 tonnes d’hydrogène vert par an et de deux millions de tonnes de dioxyde de carbone recyclé.

Et pour cause, la production du carburant synthétique nécessite énormément d’énergie : seulement 13 % de l’électricité utilisée pour concevoir du e-fuel sert à faire rouler la voiture, contre plus de 77 % avec une voiture électrique. En d’autres termes, le rendement de la voiture électrique est largement meilleur.

Celle-ci doit impérativement être « propre » afin que le e-fuel puisse avoir une chance de rivaliser avec la voiture électrique. Pour l’heure, HIF Global n’a pas précise comment il obtiendra le CO2 ainsi que l’hydrogène nécessaire à sa production. Néanmoins, l’entreprise estime que celle-ci permettra de réduire le prix du litre à environ 2 euros au cours des prochaines années. Il pourrait même atteindre les 1 euros sur le long terme comme l’explique le site Hydrogen Insight.

De son côté, Porsche en appelle aux gouvernements afin de mettre en place des aides publiques pour rendre cette alternative plus abordable. Mais quoi qu’il en soit, rouler en électrique devrait tout de même rester plus intéressant sur le plan financier. Surtout que le coût n’est pas le seul inconvénient de ce carburant, qui n’évite pas les rejets de gaz polluants à l’échappement. Il n’est pas étonnant que de nombreux constructeurs rejettent cette solution.

C’est notamment le cas de Volkswagen, qui ne croit pas du tout à cette alternative et qui préfère investir dans le développement de sa gamme électrique. À raison, puisque la firme fait partie des constructeurs les plus avancés dans le domaine, avec Tesla et BYD. Iveco non plus n’est pas pour, qualifiant ce carburant de « champagne » en raison de son prix élevé. De son côté, Mercedes privilégie également l’électrique et prévoir d’arrêter les moteurs thermiques dans les prochaines années.


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