Voitures électriques : le score environnemental est une usine à gaz, mais il peut être un progrès pour la planète

Quand l'écologie rencontre la paperasse

 
La lutte contre le changement climatique prend une tournure nouvelle en France avec l’introduction d’un score environnemental pour les voitures électriques. Dans le cadre d’une initiative ambitieuse pour promouvoir la production locale et réduire l’empreinte carbone de l’industrie automobile, le gouvernement français a récemment publié un décret proposant des modifications aux conditions d’éligibilité au bonus écologique. Mais, derrière ce pas en avant vers une industrie plus verte, la complexité de la formule et les potentiels défauts du système soulèvent des questions et des débats.

Le gouvernement français a franchi une étape importante dans sa nouvelle stratégie dans l’industrie automobile. En effet, un nouveau score environnemental sera calculé dans le cadre du bonus écologique pour les voitures électriques. Le gouvernement a mis en ligne le décret proposé qui modifie les conditions d’éligibilité au bonus écologique.

En publiant la documentation du modèle permettant de calculer la quantité de CO2 engendrée par la fabrication d’un véhicule, le gouvernement propose une formule complexe.

Un score de 60 sur 100 permet aux acheteurs de bénéficier de ce bonus. Mais, est-ce aussi simple qu’il y paraît ?

Une usine à gaz

La complexité de la formule du score environnemental s’avère en fait une vraie usine à gaz. Les facteurs pris en compte sont très nombreux et parfois surprenants, ce qui rend l’analyse plus compliquée et peut laisser place à des interprétations variées.

Malgré tout, il semble y avoir des oublis. On aurait pu s’attendre à ce que le score prenne en compte des éléments comme le Cx (coefficient de traînée), qui est vital pour évaluer l’efficacité d’un véhicule.

Il y a aussi de nombreuses dérogations, qui jouent un rôle clé dans l’évaluation du score environnemental. Elles couvrent divers aspects tels que la production d’acier, d’aluminium, d’autres matériaux, de la batterie, et des processus de transformation intermédiaires et d’assemblage du véhicule. Ces dérogations peuvent potentiellement ouvrir la voie à des lacunes et des manipulations.

La production d’aluminium est très pénalisée en Chine à cause de son bilan carbone

Malgré la complexité de la formule, on observe un manque de subtilité dans l’analyse. Par exemple, les scores pour les matières premières dépendent d’énormes régions et ne sont pas nécessairement attribués à une usine en particulier. Cela peut rendre l’évaluation plus complexe et nécessite une compréhension plus nuancée des chaînes d’approvisionnement et des processus industriels.

Malgré ses défauts apparents, cette réforme reste une avancée

En tenant compte de l’empreinte carbone, le gouvernement favorisera les véhicules fabriqués en Europe. Mais, cette réforme vise aussi à créer un modèle économique plus vertueux pour la planète, en pénalisant les transports maritimes très polluants par exemple.

L’approche globale, qui s’intéresse à tout le cycle de production, de l’extraction des matières premières à la livraison du véhicule, est louable. Elle vise à favoriser les usines les plus décarbonées, encourageant ainsi une transformation écologique de l’industrie automobile.

L’introduction du score environnemental par le gouvernement français est donc à double facette. D’une part, il est présenté comme une avancée vers une économie plus verte, en encourageant la production locale et en pénalisant les transports maritimes très polluants. D’autre part, il pourrait aussi être perçu comme un outil de géopolitique.

En effet, c’est aussi une mesure protectionniste pour soutenir l’industrie automobile européenne. La mise en place de ce score peut donc également avoir des répercussions sur les relations commerciales avec d’autres pays, comme la Chine et les États-Unis.

Contribuer à une réduction de l’impact écologique de l’industrie automobile

Malgré tout, si bien appliqué, il pourrait réellement contribuer à une réduction de l’impact écologique de l’industrie automobile. Cependant, la réussite de cette démarche dépendra de l’équité et de la transparence dans l’application de la formule. Cela va nécessiter une surveillance et une évaluation attentives pour s’assurer qu’elle fonctionne comme prévu.

En attendant, vous voulez savoir si la Dacia Spring ou la Tesla Model 3 ou encore la MG4, produites en Chine, vont perdre leur bonus écologique ? Pour le moment, impossible de le certifier.

Pour rappel, cette réforme ne sera appliquée qu’au 1ᵉʳ janvier 2024. Et il va y avoir beaucoup de débats entre-temps. Cela donne du temps pour des discussions approfondies et pour éventuellement apporter des ajustements à la régulation ou à la politique en question. Les parties concernées auront l’opportunité de peser les avantages et les inconvénients et de s’assurer que l’application est aussi équitable et efficace que possible.


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