L’ADAC (Allgemeiner Deutscher Automobil-Club) — la plus grande association allemande spécialisée dans le domaine de l’automobile — vient de rendre un rapport sur une Volkswagen ID.3 ayant parcouru 100 000 kilomètres.
Cette voiture a été malmenée, puisqu’elle a parcouru cette distance en un temps relativement court (deux ans et demi) et à l’aide de nombreuses charges rapides jusqu’à 100 %. L’occasion de faire le point sur les conséquences de ce comportement.
Une dégradation de batterie qui reste excellente, malgré les conditions difficiles
C’est une information qui circule depuis aussi longtemps que les voitures électriques roulent sur nos routes : la répétition des charges rapides, qui plus est jusqu’à 100 %, ne fait pas du bien aux batteries. Toutes les marques ne font pas jeu égal sur ce constat, puisque Tesla présente régulièrement des résultats encourageants.
En l’occurrence, après 250 000 kilomètres, les Tesla Model S et Model X ont toujours en moyenne 88 % de capacité de batterie restante. En d’autres termes, la batterie perd en moyenne environ 12 % de capacité après ce kilométrage important. La Volkswagen ID.3 testée par l’ADAC affiche de son côté une dégradation de 7 % après 100 000 kilomètres.
Nous avons déjà évoqué le sujet de la dégradation d’une batterie de voiture électrique dans ce dossier, et certains principes valent la peine d’être rappelés. En l’occurrence, il existe deux types de dégradation :
- dégradation liée à l’âge de la batterie (dégradation calendaire);
- dégradation liée à l’usage (les cycles de charge et décharge).
Pour la première, il n’y a pour ainsi dire rien à faire. Peu importe la manière dont vous utiliserez votre voiture, sa batterie va accuser le coup au fur et à mesure du temps, même sans s’en servir. Fort heureusement, la plupart des batteries intègrent des mécanismes de préservation de la capacité initiale pour garder les cellules en bonne santé pendant toute la durée de vie du véhicule.
On peut tout de même estimer à quelques pourcents par an l’effet de la dégradation calendaire, et il n’est pas rare qu’après 3-5 ans, toutes les batteries des véhicules électriques aient au minimum 5 % de dégradation liée à leur âge.
La seconde dégradation est quant à elle liée à l’usage, et il y a des pistes pour la minimiser. La Volkwagen ID.3 utilisée par l’ADAC a été chargée fréquemment à 100 % sur des chargeurs rapides en courant continu, ce qui est une épreuve en soi pour les cellules.
Les contraintes de température et l’énorme courant à absorber font que ces situations doivent être limitées si l’on souhaite préserver au mieux sa batterie. Enfin, ça, c’est la théorie.
La théorie contre la pratique
Avec seulement 7 % de dégradation en 100 000 kilomètres, l’ID.3 s’en sort relativement bien. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que ses charges rapides sont relativement imperceptibles face à une voiture du même âge et ayant le même nombre de cycles de batteries, mais qui n’aurait pas abusé de la charge rapide.
L’étude de Recurrent Auto dont nous avions parlé cet été montrait d’ailleurs que plus regarde dans la durée, moins il y a de différence entre des véhicules abusant de la charge rapide et les autres. Les améliorations au fil du temps du système de gestion de la batterie rendent ces charges rapides moins contraignantes sur les cellules.
La différence entre des conditions réelles et une théorie applicable uniquement en laboratoire est difficile à appréhender, mais elle est bien là. Toutes les études scientifiques vont bien prouver que la charge rapide dégrade les cellules d’une batterie lithium-ion plus rapidement, mais en environnement contrôlé, et sans système de gestion de la batterie. Dans la vraie vie, personne ne fait subir de telles contraintes à son pack de batterie, et les constructeurs font le nécessaire pour que ce soit impossible.
Charger à 100 % sa batterie ?
Il en va de même pour la recharge à 100 % fréquemment, puisque c’est le cas de l’ID.3 qui a servi à parcourir 100 000 kilomètres entre les mains des différents testeurs de l’ADAC. Ils chargeaient la voiture au maximum presque quotidiennement, pour que le prochain testeur puisse profiter de son autonomie maximum.
Mais en pratique, peut-être que le véhicule restait quelques heures par jour seulement à 100 %, avant de commencer à rouler. Ceci implique que sur les 21 600 heures (2 ans et demi) depuis sa sortie d’usine, elle a passé plus de 90 % de son temps à un niveau de batterie inférieur à 100 %.
Le stockage d’une batterie à 100 % n’est pas recommandé, mais même en chargeant toujours à 100 %, si vous utilisez tous les jours votre voiture électrique, elle passera le plus clair de son temps bien loin des 100 % de batterie. Qui plus est, lorsque l’ordinateur de bord affiche 100 %, la réalité est différente : il existe un tampon (une capacité de la batterie en kWh non utilisable) entre le 100 % affiché et le 100 % réel, encore une fois dans le but de protéger la batterie.
La recommandation des fabricants pour les batteries NMC et NCA est souvent de se limiter à 80 % de charge pour des raisons pratiques. Lorsque vous êtes à ce niveau de batterie, vous pouvez profiter du freinage régénératif maximal de votre voiture, ce qui est plus confortable.
De plus, les constructeurs se protègent en voulant limiter le nombre de batteries à prendre en charge en garantie si d’aventure une dégradation importante se faisait sentir. En indiquant qu’il faut charger à 80 % la plupart du temps, les cellules sont mois stressées, et limitent effectivement leur dégradation. Mais n’ayez crainte : si vous devez charger à 100 %, nul besoin de vous prendre la tête. Votre voiture est aussi faite pour ça.
Du côtés des batteries LFP qui sont de plus en plus présentes dans les voitures électriques, les constructeurs annoncent qu’on peut charger sa voiture à 100 % sans risque pour sa longévité.
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