Pourquoi Volkswagen veut détruire 22 voitures électriques ID.6 importées de Chine

 
Un concessionnaire automobile a acheté 22 Volkswagen ID.6 produites en Chine pour les commercialiser en Allemagne. Malgré des immatriculations valides, le constructeur a réussi à empêcher la vente du modèle dans ce pays, et les voitures risquent désormais d’être détruites. Car pour VW, il s’agit de bien plus que 22 voitures.
Volkswagen ID.6

Le marché automobile chinois est aujourd’hui un des plus avancés dans le secteur de l’électrique, soutenu par des politiques étatiques favorables et une adoption rapide par le public.

Dans ce contexte, les constructeurs chinois ont su s’imposer comme des acteurs de poids. Cela a conduit à une baisse générale des prix, y compris pour des marques étrangères comme Volkswagen qui ont dû mettre en place une politique tarifaire agressive pour résister. Cette situation soulève une question intéressante : serait-il avantageux d’importer des voitures électriques directement de Chine ? Surtout que les prix sont près de deux fois plus bas en Chine. On peut aussi en profiter pour importer des véhicules qui ne sont pas commercialisés en Europe.

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Volkswagen vs. le marché gris

Prenons l’exemple de Gregory Brudny. Ce Russe vend des voitures et des yachts d’occasion et il a voulu faire un coup en important le Volkswagen ID.6, un SUV électrique conçu pour les Chinois, et le vendre en Allemagne. Volkswagen n’a pas apprécié et a demandé à ce que les 22 voitures que Gregory Brudny avait importées soient détruites. Pourquoi ? Parce que ces voitures étaient faites pour le marché chinois, avec des spécificités inadaptées pour l’Europe selon Volksagen.

Voici le hic : Gregory Brudny affirme avoir tout fait dans les règles, avec des documents officiels montrant que les voitures étaient adaptées aux normes européennes. Il parle même d’approbation par les autorités de transport allemandes. Mais voilà, Volkswagen insiste sur le fait que ces voitures n’étaient pas faites pour être vendues hors de Chine.

Volkswagen ID.6

Derrière tout ça, il y a un tas de détails techniques. Par exemple, ces voitures chinoises n’ont pas certains équipements obligatoires en Europe, comme l’appel d’urgence. Puis, il y a des différences dans les logiciels et les systèmes d’infodivertissement. Toutes ces différences font qu’il est compliqué de les vendre telles quelles en Europe.

Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi de gros enjeux pour Volkswagen. Ils ne veulent pas que des modèles conçus spécialement pour un marché finissent ailleurs. C’est une question de contrôle de qualité, de respect des accords commerciaux et de protection de la marque. En gros, ils ne veulent pas que des voitures non adaptées ou non autorisées viennent perturber le marché européen.

22 voitures qui pourraient être détruites et créer un précédent

Pour le moment, les 22 voitures ont été saisies par la justice. Volkswagen souhaite qu’elles soient détruites. Gregory Brudny souhaite pouvoir les vendre. Volkswagen a obtenu une injonction provisoire contre la vente de ces voitures électriques, car le groupe estime que ses droits de marque ont été violés. Le VW ID.6 est en réalité uniquement destiné au marché chinois selon la marque allemande.

Gregory Brudny pense le contraire. Pour lui, l’ID.6 est « la seule voiture électrique avec laquelle on peut gagner sur le marché ». 500 kilomètres d’autonomie, sept places, plus d’espace que dans le Touareg thermique : « L’idée était de donner l’ID.6 aux concessionnaires Volkswagen en Allemagne pour la revente. Évidemment, nous avons contrarié Volkswagen avec cela », explique-t-il au média Welt. Le groupe automobile « ne veut pas de concurrence, car il sait qu’alors ses autres modèles seront perdants ».

Volkswagen ID.6

Alors, importer des voitures électriques de Chine, ça peut sembler une bonne affaire sur le papier, mais en réalité, c’est certainement très complexe. Entre les réglementations, les normes techniques et les stratégies des grandes marques, il faut vraiment faire attention à ne pas se retrouver coincé dans une situation comme celle de Gregory Brudny.

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les « vendeurs du marché gris » comme Gregory Brudny : « Officiellement, nous achetons les produits là où ils sont les moins chers et les vendons officiellement avec profit. C’est une activité tout à fait normale », dit-il. Cependant, si les produits deviennent de plus en plus différents, les voitures se transforment de plus en plus en ordinateurs sur roues et ne peuvent plus être personnalisées par aucun atelier, le pouvoir des constructeurs sur leurs propres produits et leur vente sur les marchés régionaux est susceptible d’augmenter. Voilà pourquoi les juges de Hambourg peuvent créer un précédent.


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