Les voitures, qu’elles soient électriques ou thermiques, sont de plus en plus sûres au fil des années. Et cela grâce aux améliorations conçues par les constructeurs, mais aussi aux réglementations de l’Union européenne.
Un véritable casse-tête
C’est ainsi que cette dernière va mettre en place dès cet été la nouvelle norme GSR2 (General Safety Regulation 2), qui introduira une liste d’aides à la conduite obligatoires dans toutes les voitures neuves. Au fil du temps, de nouvelles règles ont été instaurées par Bruxelles. Depuis 2018 par exemple, toutes les autos vendues à partir de cette année-là sont dans l’obligation de se doter d’un système d’appel automatique d’urgence, que l’on connaît aussi sous le nom de eCall.
Ce dernier se déclenche automatiquement en cas d’accident pour appeler les secours, et a sans doute sauvé de nombreuses vies. Mais il pourrait pourtant bientôt disparaître. Et ce pour une raison qui peut sembler absurde, mais qui pourrait en réalité poser de très gros soucis. Et surtout coûter très cher. Les journalistes de La Tribune nous informent en effet que les opérateurs mobiles veulent désormais couper définitivement le réseau 2G. Et la raison est simple : il est devenu inutile et trop coûteux à conserver.
Mais quel est le rapport avec nos voitures ? Et bien il est simple : la fonction d’appel d’urgence embarquée dans les autos fait précisément appel à ce réseau. Vous comprenez donc désormais le problème. Si ce dernier est coupé, alors il ne sera plus possible de bénéficier du système eCall en cas d’accident. Ce qui pose évidemment un gros problème de sécurité, car il n’est pas toujours possible de prendre son smartphone pour appeler soi-même les secours. Que ce soit en cas de blessure grave ou parce que ce dernier s’est envolé dans l’habitacle.
Selon la PFA (Plateforme Automobile), relayée par les journalistes de Numerama, ce ne sont pas moins de 36 millions de véhicules qui sont équipés de ce dispositif. Un chiffre qui continue bien évidemment d’augmenter, à mesure que de nouvelles voitures sortent des chaînes de production, car les constructeurs n’ont en fait pas d’autre solution que d’utiliser le réseau 2G. Et la raison est simple, ce dernier a été imposé par l’Europe. Allez comprendre.
Une obsolescence programmée
Pourtant, les opérateurs avaient déjà tiré la sonnette d’alarme depuis de nombreuses années déjà, les prévenant que le réseau 2G puis 3G allaient arrêter de fonctionner. Mais les constructeurs ont tout de même poursuivi sur cette voie. Le bras de fer se poursuit donc entre Bruxelles, l’industrie automobile ainsi que les opérateurs, qui pourraient se voir obligés à conserver le réseau 2G par l’Union européenne. Ce qui leur coûterait évidemment des milliards d’euros, pour un service peu utilisé.
Selon le CSF, le Comité stratégique de filière, l’eCall n’a « généré que 6 800 appels en France » au cours de l’année 2022. Ce qui est trop peu pour justifier de conserver le réseau 2G selon les opérateurs. Par ailleurs, ces derniers rappellent que continuer d’utiliser ce dernier serait contre-productif. En effet, le spectre radioéléctrique actuellement utilisé pour celui-ci est « une ressource rare » et a surtout vocation à accroître la couverture 5G partout en France.
Autant dire que les différents acteurs sont actuellement dans une véritable impasse. Néanmoins, l’Union européenne veut apporter une solution, en incitant les constructeurs à adopter le dispositif NG (nouvelle génération) à partir de 2025. Il sera ensuite obligatoire dès 2026 et utilisera les réseaux 4G et 5G. Encore un non-sens pour l’industrie automobile, qui explique être déjà en mesure d’utiliser ces derniers, mais n’avoir pas le droit de le faire avant l’an prochain.
Par ailleurs, Bruxelles n’a pas encore de solution pour les voitures dont le eCall cessera de fonctionner. En théorie, il faudrait maintenir la 2G et la 3G au moins jusqu’en 2041, ce que refuseront très probablement les opérateurs. Car la facture pourrait atteindre les 1,2 à 1,5 milliard d’euros pour ces derniers. Si tous les systèmes eCall actuels devaient être changés, c’est alors l’industrie automobile qui devrait débourser plus de 13 milliards d’euros. Sans parler des vastes campagnes de rappel qui devraient être organisées.
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