On est allés en Chine découvrir toutes les voitures électriques impressionnantes qui arrivent en Europe

Et on a presque réussi à tout voir...

 
On s’est rendu en Chine, à Pékin, pour faire le tour du salon de l’automobile de Beijing. On a pu voir de nombreuses voitures électriques (chinoises ou non) dont certaines seront bientôt commercialisées en Europe, et notamment en France. On vous embarque avec nous dans ce périple aussi intéressant que dépaysant.
Le concept ID.Code dessine les futurs SUV électriques de VW.

Nous avions noté plus d’une trentaine de premières mondiales en préparant notre visite au salon de Pékin, nous avons arrêté de compter en découvrant l’étendue des nouveautés présentées sur place (il faut trois chiffres…). Une hallucination devant un paysage automobile qui se développe sans fin avec marques, sous-marques, start-ups qui se lancent en quelques mois – et parfois pour quelques mois… Bref, nous avons essayé de dégager quelques tendances de ce salon fou du renouveau post-covid pour nourrir le plus grand marché automobile du monde.

Des voitures inconnues… qui débarquent en Europe

En alternance avec Shanghai, le salon de Pékin existe depuis 1990 et revient après 4 ans de pause. Que de chemin parcouru depuis les pâles copies indignes de modèles occidentaux des débuts, ainsi que les joint-ventures obligatoires pour les marques étrangères qui ont vendu des palanquées de Volkswagen, Citroën ou Hyundai. On voit encore parfois dans les rues des VW Jetta de deuxième génération restylées (Jetta est aussi devenu une marque depuis) ou des Santana, des Citroën époque ZX entre autre reliques d’un temps révolu.

Mais en roulant dans les artères des grandes villes traversées comme Shenzhen et Pékin, place à un mélange de modèles étrangers premium ou de luxe (BMW, Mercedes, Tesla…) et surtout, à un nombre illimité de berlines et SUV électriques de dernière génération, signés Li Auto, Zeekr, Build Your Dreams (BYD écrit en toutes lettres derrière chaque modèle) et tant d’autres. On était tellement meilleurs, gamins, pour reconnaître chaque voiture croisée ! Ici on donne bien souvent sa langue au chat…

Gamme de voitures BYD

Aujourd’hui, Volkswagen a laissé sa place de leader du marché de l’Empire du Milieu à BYD, mais il reste quand même 6 marques étrangères dans le top 10 chinois, avec Toyota, Honda, BMW, Nissan et Audi qui y cohabitent avec Changan, Geely et Wuling. Le changement de paradigme n’est pas encore totalement en place, mais les choses changent avec une force impressionnante. L’électrique y joue sa partition de plus en plus fort : + 25 % en 2023 (6,68 millions) pour une part de marché de 22 %.

Dans le même temps, les PHEV (hybrides rechargeables) prennent + 85 % (2,8 millions), portant la par de marché de ce que les Chinois appellent NEV ou New Energy Véhicles (BEV + PHEV) à 31 % l’an passé, avec 9,49 millions de véhicules. En clair, les 100 % électriques et les hybrides rechargeables (qui ont droit à un retour en grâce) regroupés en un seul vocable. Et même si les moteurs thermiques ont encore représenté 69 % du marché l’an passé, aucun stand ne les met en avant. Ici, le futur sera électrique ou ne sera pas.

La foule présente dans les allées du centre des expos de Tianzhu dès le premier jour est à l’image du formidable fourmillement de cette industrie. Ultra-dynamique, jeune, en surnombre et prête à tout. Cela grouille dans les allées, entre influenceurs qui se filment, équipes TV de programmes animés par des jeunes filles comme sorties de films, live de médias européens, personnels des marques du monde entier qui viennent voir la concurrence, tout ce monde se bouscule et se fraye un chemin, rendant le travail du journaliste un tantinet délicat.

Wolfgang Egger, directeur du style de BYD, présente sa Denza Z9 GT en citant… Coco Chanel. Les Chinois sont ultra-friands des marques de luxe françaises.

Pour les marques européennes, l’heure est surtout à apprendre des Chinois après leur avoir tout appris. Chaque semaine apporte son lot de nouveaux accords entre constructeurs chinois et étranger, notamment européens : Leapmotor avec Stellantis, Xpeng avec Volkswagen, Geely et Donfeng avec Renault (et le patron de Renault qui semble parler avec Li Auto et Xiaomi), etc.

Choisir les nouveautés à montrer

Parmi la myriade de voitures présentées, nous commençons logiquement par le stand de nos hôtes de BYD, le numéro un du marché. Pas évident de se représenter en avance les premières mondiales dévoilées ici, les marques aiment encore les surprises à l’ancienne. Par exemple, le concept Ocean-M, posé là sans explications. Pourtant, avec son gabarit, sa face avant agressive et son coloris orange flashy qui font furieusement penser à la MG4, une fois retirés ses attributs de voiture de course (spoilers, bas de caisse, diffuseur XXL), voilà une silhouette de compacte qui pourrait bien coller dans notre paysage automobile… Pas d’intérieur dans cette maquette de style pour se faire une idée de ce qui nous attend.

La BYD Ocean-M et ses spoilers.

À quelques mètres se trouve la Sea Lion 07, avec sa jolie ligne de SUV coupé athlétique. Nous avons beaucoup plus d’informations sur ce beau bébé de 4,83 m et 2,4 tonnes, fort de 390 kW de puissance avec deux moteurs (0 à 100 en 4,5 s) et 500 km d’autonomie (normes chinoises CLTC), avec une batterie de 91,3 kWh capable de recharge à 230 kW DC (30 à 80 % en 25 minutes). Il pourrait rejoindre notre marché en début d’année prochaine.

Juste à côté se trouve la petite Seagull en couleur jaune citron, appelée à venir sur nos marchés en modèle d’appel dès l’an prochain, dans une version modifiée.

Mignonne avec ses lignes complexes, elle est surtout spacieuse (même aux places arrière) pour son gabarit et bien construite, comme une mini Dolphin.

Les phares très étirés du break de chasse signé Denza lui donnent un regard perçant. Jusqu’à voir les Autobahn allemandes ?

Dans le stand Denza, une des marques premium de BYD dont Mercedes-Benz est partie prenante, la Z9 GT tient le rôle de star, présentée par Wolfgang Egger en personne, le big boss du style de BYD, ex-Audi, Lamborghini, Alfa Romeo entre autres marques prestigieuses. La Z9 GT a des airs de Porsche Taycan Sport Turismo, avec une allure d’élégant break de chasse électrique haute performance. Des airs confirmés par la fiche technique de cette grande auto de plus de 5 m, forte de trois moteurs et d’une puissance à 4 chiffres, pour un zéro à 100, obsession autant chinoise qu’américaine (0-60 mph en l’occurrence) sous les 3 secondes.

Franchement impressionnante, elle laisse cependant dans sa version définitive une impression de déséquilibre avec ses phares XXL et son empattement délirant, alors que les versions camouflées que nous avons vues au siège de la marque semblaient plus heureuses dans leurs proportions.

Les peintures mates mettent en valeur les formes galbées de nombreux designs vus à Pékin cette année.

Avec un look harmonieux, mais mélangeant un peu facilement les influences des Taycan et Lucid (sa presque homonyme) Air, la Luxeed S7 est conçue avec Chery et Huawei qui, rappelons-le ici, propose ses propres moteurs électriques et a de grandes ambitions dans ce domaine. Très aérodynamique, mais sans puissance ultra-impressionnante (moins de 500 ch), elle est une proposition visant l’efficience. Et pourquoi pas ?

Plus extrême à tous points de vue, une des stars du salon est la Xiaomi SU7, impossible à observer de près sans faire au moins une demi-heure de queue sur le stand de la marque tech qui fait le buzz au salon, y compris avec des invités de marque (la visite remarquée de Luca de Meo, le patron de Renault).

Franchement sportive dans son traitement, très basse, sculptée, ses allures de Porsche à la chinoise (sans aucune note péjorative) lui assurent un succès réel qui se traduit en commandes fermes, malgré des pertes semble-t-il à ce stade. Un symbole de la force et de la fragilité de cette industrie qui sait très bien créer le désir, dessiner de très belles autos, trouver son public sur son marché national et demain, séduire tout autant ici.