Article actualisé le lundi 1er juillet 2024 : à l’occasion des élections législatives, nous avons actualisé cet article qui avait été écrit à l’occasion de la candidature de Jordan Bardella aux élections européennes de juin 2024. Son contenu reste d’actualité.
Article original, du 9 mai 2024 : Jordan Bardella, candidat aux élections européennes 2024 pour le Rassemblement National, a exprimé à plusieurs reprises des critiques à l’encontre des voitures électriques.
Si certaines de ses inquiétudes sont légitimes, il est important de démêler le vrai du faux et d’apporter des nuances pour mieux comprendre la transition vers les véhicules électriques.
« Le tout électrique va entrainer une hausse des factures pour le coût d’acquisition et le coût de réparation »
Il est vrai que les voitures électriques coûtent généralement plus cher à l’achat que leurs équivalents thermiques. Cependant, il faut prendre en compte le coût total de possession (TCO), qui inclut les coûts de fonctionnement et d’entretien. Les véhicules électriques sont alors moins chers à utiliser au quotidien, grâce à des coûts d’énergie et d’entretien réduits. Concernant l’achat, les aides gouvernementales et les incitations fiscales peuvent réduire l’écart de prix entre les véhicules électriques et thermiques.
Concernant les coûts de réparation, les véhicules électriques ont moins de pièces mobiles, ce qui réduit les risques de pannes et les coûts d’entretien. Toutefois, le remplacement de la batterie peut être onéreux, même si la durée de vie des batteries s’améliore et que les coûts diminuent de plus en plus.
Enfin, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le TCO des véhicules électriques devrait devenir compétitif avec celui des véhicules thermiques d’ici 2025-2030, voire plus tôt dans certains cas.
« Accroitre notre dépendance à l’égard la Chine »
La Chine est effectivement un acteur majeur dans la production de batteries et de terres rares, des matériaux essentiels pour les véhicules électriques. Cependant, l’Europe et les États-Unis investissent massivement dans la recherche et le développement de technologies alternatives et la production locale de batteries. De plus, des efforts sont déployés pour recycler les batteries usagées et réduire la dépendance aux terres rares.
Un exemple ? L’entreprise Lithium de France va investir 44 millions d’euros afin d’exploiter des gisements de lithium en Alsace. De quoi réduire la dépendance de l’Europe tout en produisant des batteries moins polluantes pour les voitures électriques.
Sans oublier le fait que les batteries au sodium (totalement dépourvues de lithium et de cobalt) commencent à se développer à vitesse grand V.
Notons aussi que les batteries se recyclent très bien, contrairement aux idées reçues. Suez, par exemple, est en train de développer un procédé innovant pour « d’atteindre, voire de dépasser, les exigences de la future réglementation européenne en termes de recyclage, avec une utilisation des ressources naturelles et une empreinte carbone réduite ». Pour mémoire, l’Europe impose dès 2027 le recyclage de 90 % du cobalt, du cuivre et du nickel et de 50 % du lithium. Tesla recycle 92 % du contenu de ses batteries, et certaines entreprises dépassent même les 95 %.
L’emplacement de ce site n’a pas été choisi au hasard, puisque la ville située dans le nord de la France accueillera aussi l’usine d’Envision, qui produira les batteries pour les futures voitures électriques de Renault.
D’autres veulent aller encore plus loin, comme le géant chinois CATL. Ce dernier prévoit de construire plusieurs usines de recyclages en Europe afin d’atteindre les 99 % de revalorisation au cours des prochaines années.
D’ailleurs, une start-up allemande, spécialisée dans le recyclage des batteries lithium-ion, a commencé à livrer du lithium recyclé à ses premiers clients.
Il est également important de noter que la dépendance aux importations de pétrole pour les véhicules thermiques n’est pas négligeable. La transition vers les véhicules électriques peut contribuer à réduire cette dépendance et à favoriser l’indépendance énergétique.
Enfin, l’Union européenne n’est pas restée les bras croisés : Union européenne a récemment dévoilé une série de mesures afin de contrer l’invasion de ces marques chinoises, tandis qu’elle prévoit également d’augmenter encore les droits de douane.
De son côté, la France agit à son échelle en ayant supprimé le bonus écologique pour les autos produites en Chine, telles que la Tesla Model 3, la Dacia Spring, les BYD ou encore la MG4, entre autres.
« Désorganiser les industriels, beaucoup d’industriels qui font machine arrière »
Il est vrai que certains constructeurs automobiles ont rencontré des défis dans leur transition vers les véhicules électriques. Toutefois, de nombreux acteurs majeurs de l’industrie automobile ont annoncé des investissements massifs dans l’électrification de leur gamme et le développement de nouvelles technologies.
Si la transition vers l’électricité pose des défis aux constructeurs traditionnels, elle offre également de nouvelles et importantes opportunités. Ces mouvements stratégiques ne traduisent pas un recul, mais plutôt une adaptation nécessaire face à un marché en mutation.
« Apple a dépensé 1 milliard de dollars dans la voiture, Apple fait aujourd’hui machine arrière »
Quant à Apple, l’entreprise n’a jamais officiellement confirmé son intention de produire une voiture électrique. Les rumeurs autour du projet « Titan » évoquent plutôt un intérêt pour les technologies de conduite autonome et les services de mobilité. Même s’il est vrai que le projet Titan aurait été abandonné.
Mais cet abandon ne serait pas lié au coût, mais plutôt au retard pris par Apple. La concurrence est déjà en place, avec Tesla ou des nouveaux venus d’Asie, à l’instar de Xiaomi, Sony, Nio, Xpeng et ainsi de suite.
Notons que ces projets technologiques de cette envergure sont souvent sujets à des réajustements en fonction des avancées technologiques et des conditions de marché, ce qui est typique de la gestion de projet chez Apple.
« Beaucoup d’agences de location de voitures électriques qui font machine arrière, car c’est cher »
C’est vrai, certaines agences de location rencontrent des difficultés à intégrer des véhicules électriques dans leur flotte, en raison du coût d’acquisition et des contraintes liées à la recharge et aux réparations.
Si Hertz a décidé de se débarrasser de ses Tesla, à des prix très bas, c’est parce que ces voitures coûteraient trop cher à réparer.
Si les coûts pour remettre en état une voiture électrique sont généralement moins élevés, ce n’est pas le cas pour celles de la marque américaine. En moyenne, il faut compter 5 552 dollars, contre 4 474 dollars pour les autres constructeurs.
« Je milite pour l’abrogation de cette décision d’interdire la vente de véhicules thermiques à horizon 2035. »
Il est important de souligner que cette proposition ne signifie pas la fin des véhicules thermiques en circulation, mais plutôt l’arrêt de la vente de véhicules neufs émettant des gaz à effet de serre. Les véhicules d’occasion et les véhicules existants pourront continuer à circuler.
Enfin, rappelons que la politique européenne est un engagement fort contre le changement climatique. L’abrogation pourrait non seulement compromettre les objectifs environnementaux, mais également isoler technologiquement et économiquement l’Europe dans un marché global qui avance vers l’électrique.
Pourquoi ce que dit Jordan Bardella est dangereux
Les critiques contre les voitures électriques, comme celles exprimées par Jordan Bardella, peuvent vraiment freiner nos efforts pour combattre le changement climatique et pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
Les voitures électriques sont clés pour diminuer les émissions des gaz à effet de serre, surtout dans le secteur des transports qui pollue beaucoup. Si on ralentit cette transition, on risque de continuer à dépendre des combustibles fossiles et de passer à côté des engagements pris, comme ceux de l’accord de Paris.
Pour aller plus loin
La voiture électrique est-elle un véhicule propre ?
En plus, cette résistance au changement prolonge notre dépendance au pétrole qui doit être importé, ce qui n’est ni économique ni sûr. Brûler ces carburants fossiles, c’est aussi libérer des particules fines qui, selon Santé Publique France, tuent prématurément 40 000 personnes par an en France et réduisent l’espérance de vie des Français de huit mois.
La France a aussi tout à gagner à promouvoir l’électricité verte. Grâce à son expertise en nucléaire et ses investissements dans les renouvelables, elle pourrait devenir un leader dans la production de véhicules électriques propres. Cela aiderait non seulement à réduire notre empreinte carbone, mais aussi à renforcer notre industrie automobile et à positionner la France en leader sur le marché international.
Bref, le discours de Jordan Bardella contre les voitures électriques est dangereux, car il ignore les enjeux environnementaux, de santé publique, d’innovation, de compétitivité et d’indépendance énergétique, et risque de freiner la transition vers un modèle de mobilité plus durable et respectueux de l’environnement.
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