BAIC fait partie de ces marques automobiles assez paradoxales : quasiment inconnues en France, mais incontournables dans leurs marchés locaux – la Chine, en l’occurrence. Une situation qui pourrait bientôt évoluer puisque la marque arrive en France dès la rentrée avec trois modèles différents.
L’occasion d’échanger avec Renaud Beloeil, directeur du développement de BAIC France, et de partir à la découverte de la Beijing EU5, la seule voiture électrique qui fera partie de la gamme française.
BAIC, un poids lourd chinois
Avant tout, revenons sur BAIC. Il s’agit d’une entreprise d’État basée à Beijing (d’où le « B » du nom, qui explique également le « S » de SAIC, le groupe de MG Motor, basé à Shanghai), fondée en 1958, et un acteur assez indispensable du marché local. Il s’agit en effet du sixième plus gros constructeur automobile chinois, avec une production de deux millions de véhicules par an.
Une marque chinoise qui suit ses comparses en multipliant les marques, comme Beijing ou Arcfox, et les coentreprises avec d’autres sociétés. Nommons Mercedes-Benz et Hyundai, pour les acteurs que nous connaissons, mais également Huawei pour la marque Stelato.
Une marque qui a des envies d’expansion, et qui vise notamment l’Europe – cible de choix pour les marques chinoises, qui s’y développent à toute vitesse. Après s’être implantée en Pologne, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Turquie, BAIC a décidé de poser ses valises en France à l’automne 2024.
Une arrivée progressive en France
Pour BAIC, la question est la même que pour toutes les nouvelles marques : comment vendre ses voitures ? « On vise des réseaux de distribution multimarques », nous explique Renaud Beloeil, « avec un objectif de 15 à 30 concessions d’ici la fin de l’année ».
Au démarrage, trois voitures seront disponibles, toutes issues de la marque Beijing : deux SUV thermiques, le X55 II et le X7, ainsi qu’une voiture électrique, la EU5. Une gamme manifestement amenée à se développer à l’avenir ; ni modèles ni date n’ont été évoqués, mais notre espoir de voir arriver la très prometteuse Stelato S9, issue de la coentreprise avec Huawei, a très vite été douché : « nous ne prévoyons pas d’importer cette marque », a précisé M. Beloeil.
Qu’importe, concentrons-nous sur la Beijing EU5, dont un premier exemplaire était accessible en statique – « les essais auront lieu à la rentrée », nous a-t-on assuré.
La Beijing EU5, une entrée en matière timide
Cette EU5 a une histoire assez particulière, puisque cette voiture électrique équipe une grande partie des taxis pékinois, avec environ 75 000 exemplaires en circulation.
Sa cible en France était donc toute trouvée : « les transports de personne (taxis, VTC) sont visés en priorité, même si la vente aux particuliers sera bien évidemment disponible », nous explique M. Beloeil.
Des caractéristiques sans prétention
Nous avons donc affaire à une berline traditionnelle de 4,65 m de long pour 1,82 m de large et 1,51 m de haut, au style passe-partout. Si la garde au sol, très élevée, peut interroger, la justification est toute simple : à Pékin, les voitures des taxis sont compatibles avec l’échange de batterie, obligeant d’après le porte-parole de BAIC à cette hauteur de caisse importante.
Malheureusement, la version qui sera importée en France ne sera pas compatible avec cette fonctionnalité très pratique. Il faudra donc recharger la batterie de 49,6 kWh brut (la capacité réellement utilisable n’a pas été communiquée) en 6,6 kW en courant alternatif, pour une charge complète en « moins de 9 heures », et en 50 kW en courant continu, de quoi passer de 30 à 80 % de charge « en 30 minutes ». Rien de révolutionnaire, donc.
L’autonomie non plus ne rebat pas les cartes, avec 330 km annoncés selon la norme WLTP. Un chiffre assez moyen, compte tenu de la capacité de la batterie (de type NMC, nickel-manganèse-cobalt, fournie par CATL) et du poids assez contenu de 1 580 kg à vide.
De la robustesse !
Renaud Beloeil ne le cache pas : cette Beijing EU5 est avant tout « basique » et « robuste », pour répondre au mieux à sa nature de voitures de transport de personnes. Un postulat qui se vérifie aisément lorsqu’on pénètre à bord, avec une présentation et des matériaux sans éclat – mais sans fausse note relevée après cette première rapide inspection.
La planche de bord singe celles des Mercedes-Benz d’il y a quelques années, avec un écran tactile de 9 pouces flottant au centre. Un écran qui recevra Apple CarPlay (sans Android Auto manifestement, Google n’étant pas très bien vu en Chine) d’ici sa commercialisation française, de quoi accéder à la navigation. L’instrumentation de bord de 7 pouces, très simple, se contente d’afficher le strict minimum, sans grande recherche de style ou d’originalité.
Pour répondre au mieux à sa nature, cette EU5 offre un espace intérieur convenable, avec une banquette arrière plutôt accueillante et deux prises USB-A. Le coffre de 430 litres, lui aussi, est dans la moyenne, mais notons que la banquette fixe ne permettra pas d’y mettre de longs objets.
Un petit tour
Allez, un rapide tour à son volant – ne dépassant pas le parking de présentation, la voiture n’étant pas immatriculée – nous aura tout de même permis d’avoir quelques sensations de conduite. La première, c’est la vivacité à basse vitesse de l’EU5, sûrement due à la calibration de l’accélérateur, aux 163 ch du moteur et à la légèreté de la voiture.
Pour le freinage, trois intensités de régénération sont disponibles via des boutons sur la console centrale. Le troisième est plutôt fort, là aussi étonnant pour une voiture chinoise, généralement assez douce sur cette question. La direction, tout aussi douce, est très démultipliée – sans doute, une nouvelle fois, à cause de ses devoirs urbains. Rendez-vous dans quelques mois pour un essai sur route ouverte, l’occasion d’en découvrir plus.
Un tarif « abordable », mais pas encore communiqué
Dernière question : le tarif de cette EU5. Une question qui reste en suspens, puisque BAIC France n’a pas encore communiqué sur le sujet. M. Beloeil nous assure cependant qu’elle sera « accessible », sans plus de détails sur la grille tarifaire ou les objectifs de vente.
Un objectif qu’on imagine modeste. L’EU5 ne peut manifestement pas compter sur la notoriété de sa marque ou ses caractéristiques pour s’attirer les lumières, et seul un tarif imbattable pourra lui ouvrir les portes d’un petit succès. Pour ce dernier point, l’augmentation des taxes douanières européennes sur les voitures électriques chinoises pourrait ne pas lui faciliter la tâche.
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