« Un écran de fumée » : pourquoi la voiture électrique n’est pas responsable de la situation inquiétante de l’industrie automobile

 
Avec des ventes en forte baisse en Europe, le marché de la voiture électrique fait grise mine. À tel point que certains constructeurs envisagent même des mesures drastiques. Mais quelle est la raison à ce phénomène ? Ce n’est pas vraiment à cause de la voiture électrique.
Peugeot e-208

Si l’année 2023 avait été particulièrement fructueuse pour les voitures électriques en Europe, les choses ont fortement changé depuis. Et pour cause, les immatriculations ne cessent de chuter, avec une part de marché qui est passée de 13,5 % l’an dernier à 12,1 % au mois de juillet selon un rapport de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles).

De nombreux facteurs

Depuis le début de l’année, le marché de la voiture électrique n’est plus du tout à la fête, et la dégringolade se poursuit encore et encore. La France n’est évidemment pas épargnée, avec une part de marché qui est quant à elle descendue à 15 %, contre 18 % au mois d’août 2023. Résultat, les constructeurs doivent revoir leurs ambitions à la baisse, puisqu’ils sont désormais nombreux à avoir abandonné leur objectif de ne vendre que des autos zéro-émission (à l’échappement) à partir de 2030. On pense par exemple à Ford ou encore Volvo, entre autres.

De plus, certains comme Volkswagen envisagent même très sérieusement la fermeture de non pas une, mais bien deux usines en Allemagne. Et ce là encore à cause de la demande insuffisante. Mais qu’est ce qui explique ce phénomène, qui n’épargne visiblement aucun constructeur ? En fait, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, qui jouent un rôle direct sur cette situation dramatique pour les marques présentes sur le Vieux Continent. C’est ce qu’expliquent les journalistes du site Le Monde, relayés sur X (anciennement Twitter) par un internaute.

Tout d’abord, il faut prendre en compte la baisse du bonus écologique, qui est passé de 5 000 à seulement 4 000 euros en France cette année, et dont les conditions ont été restreintes. Désormais, les voitures électriques produites en Chine n’y sont par exemple plus éligibles. Pire encore, dans certains pays comme l’Allemagne, ce coup de pouce a carrément été supprimé. Mais il devrait finalement revenir sous une autre forme sous peu. Il faut également se rappeler que depuis le début du mois de juillet, Bruxelles a imposé des droits de douane plus élevés pour les autos chinoises.

Ce qui a pour effet de faire grimper les prix, et donc de dissuader les clients européens, qui trouvent encore que cette motorisation reste trop chère. Mais il y a également tout un tas d’autres raisons qui expliquent pourquoi les voitures électriques ont du mal à s’imposer, et surtout sont même en chute libre. Et ce n’est pas de sa faute de manière directe. En fait, c’est plutôt une histoire de stratégie et de politique, avec une transition vers l’électrique qui n’aurait pas été menée correctement.

De nombreuses erreurs stratégiques

Tout d’abord, l’article du Monde évoque la pandémie de Covid-19, qui aurait engendré une forte désorganisation industrielle, notamment liée à la pénurie de semi-conducteurs. Face à cette situation, les constructeurs ont décidé d’équiper en priorité les modèles les plus haut de gamme (thermiques et électriques), au détriment des véhicules plus abordables, dont le développement a été retardé. C’est pour cela que ces derniers n’arrivent que maintenant sur le marché, comme la Citroën ë-C3 ainsi que la Renault 5 E-Tech, entre autres. Sauf qu’entre-temps, les aides ont été réduites.

Donc les ménages les plus modestes, qui auraient pu profiter de ces voitures à bas prix pour passer à l’électrique, ne peuvent plus le faire à cause de la baisse des aides financières. Désormais, les constructeurs risquent de « tomber en panne de clients », alors que les acheteurs les plus aisés ont déjà leur auto. De plus, les marques auraient investi plus de 250 milliards d’euros dans la transition vers l’électrique, mais le retour sur investissement peine à arriver.

Le journaliste du Monde affirme alors que « faire porter la responsabilité de ce trou d’air à la transition vers le véhicule électrique n’est pas crédible » avant d’ajouter que « les bénéfices confortables des constructeurs européens ont agi comme un écran de fumée, cachant leurs faiblesses et leur retard sur les chinois » et de conclure que « Volkswagen avait jusqu’ici réussi à entretenir l’illusion grâce à ses positions de leader en Chine sur les voitures thermiques« . Mais on sait que le groupe allemand s’est fait dépasser par BYD il y a quelques mois. Une véritable onde de choc.

Les constructeurs européens n’ont en effet pas développé d’autres leviers de croissance, qui auraient pu leur permettre de toucher rapidement une clientèle plus large. De plus, ils pâtissent également de la concurrence des marques chinoises, qui bénéficieraient quant à elles de subventions de la part du gouvernement et qui peuvent casser les prix. Les entreprises de chez nous ne peuvent alors tout simplement pas rivaliser sur ce point. Sans parler enfin du fiasco de Volkswagen concernant le développement de sa partie logicielle, qui lui a fait perdre des milliards d’euros.


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