Adieu le tunnel central : ce détail qui change tout pour les voitures électriques

 
Si vous êtes déjà passé d’un véhicule thermique à un modèle électrique, ou même l’inverse, vous avez sans doute remarqué qu’il y avait un peu plus d’espace à bord du modèle électrique. Ce phénomène n’est pas dû à l’opération du saint-esprit, mais plutôt à l’absence d’un élément technique dont les voitures électriques se passent bien volontiers. Notamment le tunnel central, aussi appelé tunnel de transmission.

Il y a quelques années, lorsque le marché était essentiellement (voire totalement) composé de voitures thermiques, vous n’avez sans doute pas prêté attention à cette sorte de bosse qui traverse l’habitacle, de l’avant vers l’arrière.

Dans le jargon automobile, on appelle ça le tunnel central. Incontournable dans les véhicules thermiques, il est totalement absent des modèles électriques, à quelques rares exceptions près, notamment pour les modèles reposant sur une plateforme multiénergies où les constructeurs ont conservé le même plancher pour des raisons économiques, sur la BMW i4 par exemple, pour ne pas la citer.

Sur la BMW i4, pourtant 100 % électrique, il y a bien un tunnel de transmission // Source : Yann Lethuillier pour Frandroid

Mais, à quoi sert-il et pourquoi les voitures électriques s’en passent-elles ?

Le tunnel central : un indispensable pour les voitures thermiques

Le tunnel central, ce relief au sol qui sépare souvent les sièges avant et empiète sur l’espace des passagers arrière, a longtemps été un élément clé de l’architecture automobile. Son rôle principal ? Loger des composants essentiels pour les véhicules à moteur à combustion interne. Eh oui, cet élément n’était pas seulement pas là pour rogner de l’espace aux jambes au passager du milieu !

Sous ce relief recouvert d’une moquette ou d’un bout de plastique, c’est selon le niveau de finition de la voiture, nous retrouvons avant tout un arbre de transmission. Dans les modèles propulsion, c’est-à-dire avec les roues arrière sont motrices, l’arbre de transmission permet de transférer la puissance du moteur (situé à l’avant) vers les roues arrière.

Ce long tube métallique doit donc traverser l’habitacle, d’où la nécessité de le protéger dans ce tunnel central. Dans le cas de modèle propulsion avec un moteur à l’arrière, comme la Porsche 911, il n’y a pas de problème comme le moteur est quasiment au niveau des roues. Et il y a encore moins de problèmes aux places arrière car on n’en compte que deux au sein d’une 911, deux places réservées à des enfants ou pour dépanner sur de courtes distances.

Ici la présence d’un tunnel central sur une petite Volkswagen Polo thermique // Source : Volkswagen

Outre le tunnel de transmission, on retrouve aussi le système d’échappement. Comme vous n’êtes pas sans le savoir, les véhicules à moteur thermique nécessitent également un système pour évacuer les gaz de combustion. Celui-ci peut emprunter une partie de l’espace sous le tunnel central. D’autres éléments mécaniques, comme certaines parties de la transmission ou du différentiel (le dispositif qui répartit la puissance entre les roues), sont également placés dans cette zone.

Vous l’aurez compris, le tunnel central est un impératif technique pour la plupart des voitures thermiques. Il permet de loger des composants indispensables au bon fonctionnement du véhicule. Mais cet élément est en train de disparaître avec l’avènement des voitures électriques.

Pourquoi les voitures électriques n’en n’ont pas besoin ?

Les voitures électriques, elles, n’ont pas besoin de ce tunnel central. Mais pourquoi ? Tout simplement parce que leur architecture est radicalement différente de celle des véhicules thermiques.

Tout d’abord, il n’y a pas d’arbre de transmission. La majorité des voitures électriques sont conçues avec des moteurs directement positionnés sur les essieux, ou parfois avec un moteur pour chaque roue. C’est notamment le cas pour certaines supercars, comme la Lotus Evija de 2 000 ch, avec deux moteurs électriques positionnés sur chacun des essieux, ou alors la future sportive électrique de BMW M avec quatre moteurs électriques, un par roue. Cette configuration élimine le besoin d’un arbre de transmission traversant toute la longueur de la voiture.

Qui dit voiture électrique dit absence de moteur thermique, et qui dit absence de moteur thermique dit absence de combustion et, par conséquent, d’échappement puisqu’il n’y a pas de gaz à évacuer.

Pas de tunnel de transmission sur le nouveau Renault Scénic E-Tech // Source : Renault

Puis d’une manière générale, la conception même d’une voiture électrique empêcherait toute forme d’éléments mécaniques qui traverserait la voiture tout du long. En effet, leur batterie, est généralement situé sous le plancher du véhicule. Cette disposition, qui abaisse le centre de gravité et optimise la stabilité, laisse ainsi l’espace de l’habitacle plus libre.

Plus de place à l’intérieur et de nouveaux aménagements disponibles

Grâce à l’absence de tunnel central, les voitures électriques offrent souvent des intérieurs plus spacieux et ergonomiques. Les designers bénéficient d’une nouvelle liberté pour organiser l’espace, créant ainsi des habitacles plus confortables et plus fonctionnels.

L’un des avantages les plus immédiats est un meilleur espace aux jambes pour les passagers, notamment à l’arrière. Fini l’encombrement gênant du tunnel central, les passagers peuvent s’installer plus confortablement.

Cela ne veut pas dire que ce n’était pas aussi le cas sur certains modèles thermiques, mais il fallait plutôt aller chercher du côté des modèles familiaux pour bénéficier d’un réel espace à l’arrière et à la place du milieu. C’était par exemple le cas du Citroën C4 Picasso de troisième génération (devenu par la suite SpaceTourer) où il y avait trois vraies places à l’arrière (de quoi caler cote à cote trois sièges auto), et en plus avec un système de sièges coulissant.

Le Citroën C4 SpaceTourer et ses trois vraies places à l’arrière // Source : Citroën

Les ingénieurs de chez Citroën avaient à l’époque réussi à « cacher » en quelque sorte le tunnel de transmission en profitant du format et du segment de la voiture pour jouer sur la hauteur de plancher. Celle-ci était par la suite compensée par une assise creusée et une hauteur généreuse.

Sur le Renault Scénic de précédente génération, c’est-à-dire avant le modèle électrique que nous avons récemment essayé, c’était à peu près le même système, mais Renault avait même réussi à y caler une console centrale flottante à l’avant, avec la possibilité de la coulisser ! Une solution qui n’a pas été retenue sur le nouveau Scénic car, dans les faits, ça n’apportait pas forcément grand-chose, même si Renault, à l’époque, justifiait que l’on pouvait y mettre une bouteille d’eau de 1,5 litre entière dans le compartiment.

La console centrale coulissante « Easy Life » du précédent Renault Scénic // Source : Renault

Avec la voiture électrique, et encore plus avec la voiture autonome, l’espace à bord à globalement été repensé. Il n’y a qu’à voir les concept-cars d’il y a dix ans et nos modèles actuels, force est de constater que les constructeurs avaient vu juste. Même si les monospaces ont globalement disparu, on a généralement plus de place à bord d’une voiture électrique par rapport à son équivalence thermique.

Puis cela donne de nouvelles idées d’ergonomie aux ingénieurs, avec notamment un univers un peu plus « cocon » avec beaucoup de lumière, une planche de bord réduite à son minimum (autrement dit avec un, deux ou trois écrans pour tout commander), et surtout de l’espace à bord.


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