Si les voitures électriques chinoises peuvent donner des sueurs froides aux constructeurs historiques, elles peuvent aussi devenir des partenaires stratégiques. On a déjà vu Volkswagen s’allier à Xpeng, mais Stellantis (groupe de Citroën, Peugeot, Fiat, Opel ou Jeep, entre autres) n’est pas en reste en signant un partenariat avec Leapmotor.
De quoi profiter des voitures électriques de la start-up chinoise directement dans le réseau de vente et d’entretien du groupe européen. L’offensive vient de débuter avec l’arrivée en France de deux modèles : le SUV C10 et la petite T03, qui nous intéresse aujourd’hui.
Une voiture qu’on connaît déjà, puisqu’elle était proposée en France par un importateur indépendant (nous l’avions d’ailleurs essayée par son biais), mais son arrivée dans le giron Stellantis lui permet d’abaisser ses tarifs et de proposer des équipements supplémentaires. Nous sommes partis essayer en Italie cette nouvelle rivale de la Dacia Spring.
Leapmotor T03Fiche technique
Modèle | Leapmotor T03 |
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Dimensions | 3,620 m x 1,577 m x 1,652 m |
Puissance (chevaux) | 95 chevaux |
0 à 100km/h | 12,7 s |
Niveau d’autonomie | Conduite assistée (niveau 1) |
Vitesse max | 130 km/h |
Taille de l’écran principal | 10 pouces |
Prise côté voiture | Type 2 Combo (CCS) |
Prix entrée de gamme | 19500 euros |
Prix | 25990 |
Essayez-la | Fiche produit |
Cet essai a été réalisé dans le cadre d’un voyage presse organisé par la marque.
Leapmotor T03Extérieur : petite et mignonne
L’extérieur de la Leapmotor T03 « officielle » ne change pas d’un iota par rapport à celle déjà importée, aussi sa découverte ne cause aucune surprise.
Cette T03 conserve donc ses dimensions typiques du segment A, avec 3,62 m de long pour 1,58 m de large – seule la hauteur importante de 1,65 m peut étonner. Les cinq portes sont bien présentes.
Le style, tout en rondeur, peut séduire, avec des optiques rondes et un petit museau à l’avant, où se cache la trappe de recharge. Dernières coquetteries : des jantes 15 pouces de série, ainsi qu’un toit peint en noir.
Dommage simplement que le nuancier soit très limité, se contentant d’un blanc uni, d’un argent et d’un bleu très clair – les versions chinoises peuvent par exemple être peintes en rose ou vert. Des choix certes originaux, mais qui se marient bien avec la pimpante carrosserie.
Leapmotor T03Habitacle : une présentation austère, une habitabilité correcte
Noir c’est noir
La découverte de la planche de bord de cette Leapmotor T03 tranche avec la bonhommie de l’extérieur, puisque sa présentation est pour le moins austère. Le dessin n’est pas très inspiré et l’ambiance, mélangeant du plastique noir/gris foncé/noir laqué et du tissu noir, est sombre. Heureusement, le toit vitré de série apporte un peu de lumière.
Notons tout de même une qualité d’assemblage à première vue satisfaisante. Certes, nos voitures étaient flambant neuves, mais aucun craquement ne s’est fait entendre durant l’essai, et tout semblait bien fixé. Les plastiques sont intégralement durs, ce qui n’est pas du tout choquant vu le tarif de cette T03.
De la place pour quatre
Malgré sa taille XXS, la Leapmotor profite de sa motorisation électrique pour s’offrir un empattement finalement assez généreux de 2,4 m. De fait, l’habitabilité est correcte pour la catégorie.
Si les places avant bénéficient d’une agréable sensation d’espace, notamment grâce à l’absence de console centrale entre les sièges, les deux passagers arrière (la T03 étant une stricte 4 places) ne sont pas non plus à plaindre.
Certes, l’ouverture assez étroite de la porte ne facilite pas l’accès, mais l’espace aux jambes et aux coudes reste suffisant, même pour des adultes. L’importante hauteur sous plafond permet à notre cuir chevelu de ne pas embrasser le ciel de toit, c’est toujours agréable.
Seul le coffre pâtit de cet espace à bord, avec un volume disponible de 210 litres. C’est pour le coup assez peu, la Dacia Spring annonçant 308 litres ; la Renault Twingo E-Tech, dont la plateforme doit pourtant laisser la place à un moteur thermique arrière, propose également 210 litres.
Ajoutons à cela un dossier rabattable monobloc, qui étend certes le volume de coffre à 880 litres, mais qui interdit le transport de passagers arrière, et qui crée une importante marche – précisons tout de même que la Spring ne fait pas mieux sur le sujet.
Leapmotor T03Infodivertissement : des progrès, mais tout n’est pas parfait
Là où cette T03 évolue par rapport à la version précédemment importée, c’est au niveau de l’infodivertissement. L’écran central de 10,1 pouces est toujours présent, mais son contenu s’étoffe, avec notamment l’arrivée d’une navigation connectée.
Si l’interface peut sembler vieillotte, l’ergonomie est loin d’être honteuse. Des raccourcis en bas de l’écran et en le balayant de gauche à droite permettent d’accéder aux fonctions les plus utiles, tandis que les menus restent corrects – on est loin de réécrire les standards, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande.
Côté connectivité, les mises à jour à distance (OTA) sont bien là, de même que le Bluetooth. En revanche, pas d’Android Auto ou d’Apple CarPlay, même si un porte-parole nous expliquait être conscient de l’importance de ces fonctions pour les clients européens. Elles arriveront d’ici la fin d’année 2025, mais les versions déjà sur la route n’en profiteront pas. Dommage, d’autant plus que le guidage du GPS ne nous a pas paru des plus fiables.
La dalle est plutôt réactive, mais souffre d’une implantation un peu trop basse et éloignée du champ de vision du conducteur, sans compter que son aspect brillant occasionne des reflets. Le combiné d’instrumentation de 8 pouces affichera quelques rappels (GPS, médias), sans possibilité de le personnaliser ou d’afficher d’autres informations (comme l’ordinateur de bord, par exemple). Ah, dernière chose étonnante : deux prises USB sont présentes à bord, mais restent à l’ancien standard USB-A et non C.
Leapmotor T03Planificateur d’itinéraire : surprise !
Des écrans et une navigation basiques donc, mais qui recèlent une surprise : un planificateur d’itinéraire est présent. Alors, certes, la Leapmotor T03 n’est pas conçue pour les longs trajets, mais le GPS calculera de lui-même si la destination entrée se trouve dans le rayon d’action de la T03 ou s’il est nécessaire de s’arrêter recharger.
La navigation affichera alors tous les arrêts recharge nécessaire et vous y guidera, mais n’affichera pas les temps de recharge nécessaires pour arriver à la destination suivante. C’est mieux que rien, dirons-nous.
Leapmotor T03Aides à la conduite : une bonne dotation
Autre modification de cette T03 « officielle » : les aides à la conduite, notamment à cause du durcissement des réglementations européennes depuis cet été. Les détecteurs de franchissement de ligne, de survitesse ou d’attention conducteur (via une caméra intérieure pour cette dernière) ont ainsi débarqué.
Leapmotor va cependant plus loin, et propose de série une caméra de recul, un avertissement d’angle-mort, et même un régulateur de vitesse adaptatif – un équipement probablement inédit dans le segment A européen.
Une théorie impressionnante, mais qu’en est-il de la réalité ? Les détecteurs de survitesse et d’attention conducteur sont fidèles à eux-mêmes, bipant incessamment. Heureusement, ils sont facilement déconnectables via un raccourci – qu’il faudra tout de même répéter à chaque redémarrage.
Le régulateur de vitesse, quant à lui, est beaucoup plus réussi. Certes, les décélérations créent un étrange bruit mécanique, mais l’outil est bien calibré, même en ville. Voilà qui pourra aider au quotidien, par exemple dans les embouteillages. Seule excentricité assez dommageable : l’absence de bouton ou de molette pour sélectionner une vitesse. Il faudra donc se positionner à la vitesse désirée avant d’activer le système.
Leapmotor T03Conduite : une bonne citadine
Passons du côté mécanique. La Leapmotor T03 dispose d’un moteur électrique avant de 95 ch (70 kW) et 158 Nm de couple. Les performances ne sont pas décoiffantes, avec un 0 à 100 km/h expédié en 12,7 s et une vitesse max de 130 km/h. Cela reste toutefois plus dynamique que les 65 ch de la Spring, qui doit se contenter d’un 0 à 100 km/h en 13,7 s et de 125 km/h en vitesse de pointe.
Au volant, la T03 se débrouille bien. Elle est à son aise en ville, avec un rayon de braquage réduit et un dynamisme plus que suffisant. La gestion du freinage est réussie ; l’intensité du freinage régénératif diffère selon les modes de conduite (Eco, Confort, Sport), mais le ressenti de la pédale de frein reste tout à fait naturelle, facilitant son dosage. Bien des voitures électriques, parfois nettement plus coûteuses, ne peuvent pas en dire autant. Notons que la conduite à une pédale n’est pas disponible.
Le confort est également de bon niveau. La position de conduite peut surprendre, notamment avec un volant non réglable en profondeur et des sièges avant quasiment dénués de maintien latéral, mais le travail efficace des suspensions rend les trajets assez agréables.
La bonne surprise concerne son comportement hors des villes. La T03 arrive aux vitesses légales (même autoroutières) sans problème et s’y maintient aisément. La tenue de cap est bonne, malgré une direction ne transmettant pas la moindre information. Le silence de fonctionnement est de très bon niveau, mis à part le bruiteur artificiel, actif jusqu’à 30 km/h (c’est une obligation légale), extrêmement présent dans l’habitacle.
Quant à la tenue de route, elle pourrait être un sujet vu les pneus chinois qui chaussent la Leapmotor, mais l’essai réalisé sous une pluie battante fut plutôt rassurant. Certes, la T03 glisse rapidement du nez, mais l’ESP permet de conserver sa trajectoire. La Spring ne peut pas en dire autant.
Leapmotor T03Autonomie, consommation et recharge : une vraie sobriété
Une petite batterie, une consommation maîtrisée
Côté batterie, la Leapmotor T03 reste très logiquement modeste, faisant appel à un pack LFP (lithium-fer-phosphate) d’une capacité de 37,3 kWh. L’autonomie officielle est annoncée à 265 km selon le cycle mixte WLTP, passant à 395 km en se cantonnant au cycle urbain.
Seule la consommation étonne, avec 16,3 kWh/100 km homologués. C’est beaucoup, mais n’oublions pas que ce chiffre inclut les pertes à la recharge ; peut-être que les chargeurs ont un mauvais rendement.
La Dacia Spring, de son côté, propose une plus petite batterie de 26,8 kWh, et avance logiquement une autonomie plus faible : 225 km en cycle mixte et 305 km en cycle urbain via des consommations respectives de 13,5 et 11,5 kWh/100 km.
Ça, c’est pour la théorie. Si nous nous étonnons de la consommation théorique, c’est parce que nous avons rendu notre T03 avec une consommation au tableau de bord affichée à 11,4 kWh/100 km après 105 km passés à son volant. De quoi proposer une autonomie totale de 327 km.
Notons qu’il y a eu très peu d’autoroute sur l’itinéraire d’essai – 5 km passés sur une autostrada à 110 km/h fut sanctionnée d’une consommation de 15 kWh/100 km. Un chiffre flatteur, mais à prendre avec des pincettes devant le peu de temps passé à cette vitesse.
Une charge rapide modeste, mais de série
Concernant la charge, la T03 fait appel à un chargeur de 6,6 kW, capable de passer de 30 % à 80 % de batterie en 3h30 environ. La charge rapide (en courant continu) est par contre de série, avec un chargeur de 48 kW. Les performances sont vraiment modestes, avec un 30-80 % (soit l’équivalent d’à peine 18 kWh) effectué en 36 minutes, mais cela pourra dépanner.
Une performance que nous n’avons pas pu mesurer durant l’essai, mais qui s’avère en théorie plus ou moins similaire à celle d’une Spring. Reste que la Dacia facture son chargeur rapide en option.
Leapmotor T03Prix, concurrence et disponibilité : affaire à suivre
Nous arrivons désormais au nerf de la guerre : les tarifs de cette Leapmotor T03. Cela se passe en trois étapes. La première, c’est le prix catalogue : 19 500 euros. Un tarif raisonnable pour une voiture électrique, et qui le devient encore plus lorsqu’on regarde l’équipement.
En effet, la T03 n’est disponible qu’en une seule finition, sans option possible. On retrouve donc de série les jantes 15 pouces, l’écran connecté avec navigation, la charge rapide, la climatisation automatique, le toit vitré, le régulateur adaptatif ou encore la caméra de recul.
Un rapport qualité / prix rendu encore plus attrayant par un prix de lancement : Leapmotor propose sa citadine à 18 900 euros sur quelques semaines, de quoi la proposer au même prix qu’une Spring d’entrée de gamme, l’équipement en plus.
On arrive donc à quelque chose de très intéressant, mais la T03 pourrait bénéficier d’une troisième étape décisive. En effet, l’assemblage de la T03 s’effectue à l’usine Fiat de Tychy, en Pologne. Pour résumer, la voiture y arrive en kit depuis la Chine, et sera assemblée dans cette usine européenne.
Si on en parle, c’est parce que le bonus écologique français exclut les voitures électriques produites en Chine via le score environnemental calculé par l’ADEME. Est-ce que cet assemblage européen est suffisant pour rentrer dans les clous ? Au 30 octobre 2024, l’organisme n’a pas encore donné son avis final, laissant Leapmotor retenir sa respiration.
En effet, bénéficier du bonus permettrait de retrancher 4 000 euros pour tous au prix de cette Leapmotor T03, la faisant donc démarrer à 14 900 euros. Quant aux ménages les moins aisés, ils peuvent bénéficier d’un effort supplémentaire du gouvernement, de quoi tomber à 13 230 euros, limite maximale pour le calcul du bonus écologique.
La Leapmotor T03 deviendrait donc officiellement la voiture électrique la moins chère du marché français : la Spring, interdite de bonus à cause de sa fabrication chinoise, ne peut rivaliser. Quant aux Citroën ë-C3 et Fiat Grande Panda, elles sont certes un peu plus chères (à partir de 19 700 euros bonus déduit pour la C3), mais également plus grandes et plus polyvalentes. De quoi faire hésiter quelques clients ?
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