Quels facteurs influencent l’autonomie d’une voiture électrique ?

 
C’est une question qui revient souvent. L’autonomie des voitures électriques est un sujet complexe qui va bien au-delà de la simple capacité de la batterie. Essayons d’y voir plus clair.
Renault 5 E-Tech // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Technologie des batteries : densité énergétique et chimie

Commençons par le plus évident : la batterie. C’est un peu comme le réservoir d’essence d’une voiture classique, sauf qu’ici, on stocke de l’électricité. La capacité de la batterie se mesure en kilowattheures (kWh). Plus ce chiffre est élevé, plus vous avez d’énergie à disposition pour rouler.

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La capacité de la batterie est certes un indicateur important, mais elle ne suffit pas à elle seule à déterminer l’autonomie réelle d’une voiture.

Qui dit grosse batterie dit aussi plus de poids. Et le poids, c’est l’ennemi de l’autonomie ! C’est pour ça que les constructeurs cherchent à trouver le bon équilibre entre capacité et légèreté. Ils travaillent sur ce qu’on appelle la « densité énergétique » des batteries (exprimée en Wh/kg ou Wh/L). En gros, c’est la quantité d’énergie qu’on peut stocker dans un certain volume ou poids de batterie.

La Tesla Model Y // Source : Frandroid

Actuellement, les batteries lithium-ion les plus performantes atteignent des densités énergétiques de l’ordre de 250-300 Wh/kg. Cependant, la recherche dans ce domaine est extrêmement active, avec pour objectif d’atteindre des densités de 400-500 Wh/kg dans les prochaines années. Ces avancées pourraient permettre soit d’augmenter significativement l’autonomie des voitures à poids égal, soit de réduire le poids des batteries tout en maintenant l’autonomie actuelle, améliorant ainsi l’efficience globale de la voiture.

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La chimie des batteries joue également un rôle prépondérant dans leurs performances. Deux technologies dominent actuellement le marché : le LFP (Lithium Fer Phosphate) et le NMC (Nickel Manganèse Cobalt).

Le LFP offre une durée de vie plus importante et une meilleure stabilité thermique, mais sa densité énergétique plus faible (140-160 Wh/kg) limite l’autonomie des voitures qui l’utilisent. Le NMC, en revanche, permet d’atteindre des densités énergétiques plus élevées (200-250 Wh/kg), mais au prix d’un coût supérieur et d’une stabilité thermique moindre.

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Le choix entre ces technologies résulte donc d’un compromis entre autonomie, coût, durabilité et sécurité, chaque constructeur adopte la solution la plus adaptée à son positionnement sur le marché.

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Le moteur et l’électronique : transformer l’électricité en mouvement

Une fois que l’énergie est stockée dans la batterie, il faut la transformer en mouvement. C’est le rôle du moteur électrique et de l’électronique qui va avec. Les moteurs électriques sont très efficaces, bien plus que les moteurs à essence. Ils peuvent transformer jusqu’à 95 % de l’énergie électrique en mouvement, contre seulement 30-40 % pour un moteur à essence.

Hyundai Ioniq 6 // Source : Clément Choulot pour Frandroid

L’électronique qui contrôle le moteur joue aussi un rôle important. Les ingénieurs travaillent dur pour rendre ces systèmes de plus en plus efficaces. Par exemple, ils utilisent des matériaux spéciaux comme le carbure de silicium pour réduire les pertes d’énergie.

Tous ces efforts pour améliorer l’efficacité du moteur et de l’électronique ont un impact direct sur l’autonomie. Plus le système est efficace, moins il gaspille d’énergie, et plus vous pouvez rouler longtemps avec la même charge de batterie.

L’aérodynamique : glisser dans l’air

Vous avez déjà essayé de courir contre le vent ? C’est fatigant. Pour une voiture, c’est pareil. Plus elle doit « pousser » l’air devant elle, plus elle consomme d’énergie. C’est là qu’intervient l’aérodynamique.

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Les constructeurs de voitures électriques font beaucoup d’efforts pour que leurs voitures « glissent » dans l’air le plus facilement possible. Ils travaillent sur la forme de la voiture, ajoutent des petits éléments comme des déflecteurs, et même des dessous de voiture lisses. Tout ça pour réduire ce qu’on appelle la « traînée aérodynamique ».

On mesure ça avec un chiffre qu’on appelle le coefficient de traînée (Cx). Plus ce chiffre est bas, mieux c’est. Les VE les plus performants ont des Cx autour de 0,20-0,25, et même moins, ce qui est vraiment très bon. Pour vous donner une idée, une voiture classique est plutôt autour de 0,30-0,35.

Pourquoi c’est si important ? Parce qu’à haute vitesse (disons au-dessus de 80 km/h), la résistance de l’air devient le principal facteur qui freine votre voiture. Donc, une meilleure aérodynamique, c’est une meilleure autonomie, surtout sur l’autoroute.

La gestion de la température : ni trop chaud, ni trop froid

Vous avez peut-être remarqué que votre smartphone a tendance à se décharger plus vite quand il fait très froid ou très chaud. Pour les batteries des VE, c’est pareil, mais en beaucoup plus grand !

Quand il fait très froid, la batterie a du mal à fonctionner efficacement. Elle peut perdre jusqu’à 40 % de son autonomie dans des conditions extrêmes. Et ce n’est pas seulement à cause du chauffage que vous allez utiliser pour vous réchauffer (même si ça joue aussi).

Quand il fait très chaud, c’est un peu mieux, mais la batterie peut quand même perdre 10-15 % de son efficacité. Là encore, l’utilisation de la climatisation n’arrange pas les choses.

Pour contrer ces effets, les VE sont équipés de systèmes de gestion de la température. Certains utilisent un liquide de refroidissement, d’autres (plus rarement) de l’air. L’objectif est de maintenir la batterie dans sa zone de confort, généralement entre 20°C et 30°C. C’est dans cette plage qu’elle fonctionne le mieux et qu’elle dure le plus longtemps.

Généralement, la pompe à chaleur est ce qui se fait de plus efficace pour ça, c’est une option à considérer sur votre voiture : elle permet d’économiser beaucoup d’énergie dans la gestion thermique de la batterie l’hiver, la température de l’habitacle, mais aussi le temps de charge.

La météo, votre alliée ou votre ennemie

La météo joue un rôle essentiel dans l’autonomie de votre voiture électrique, et ce n’est pas seulement une question de température de la batterie.

La pluie et la neige ont aussi leur mot à dire. Des routes mouillées ou enneigées augmentent la résistance au roulement, ce qui signifie que votre voiture doit fournir plus d’effort pour avancer. De plus, l’utilisation des essuie-glaces, des phares, et du désembuage consomme de l’énergie supplémentaire. Ce ne sont pas des gros consommateurs individuellement, mais tout s’additionne sur un long trajet.

Comme expliqué plus haut, pour faire face à ces défis météorologiques, de nombreux voitures électriques modernes sont équipées de pompes à chaleur.

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En hiver, au lieu de simplement « griller » de l’électricité pour vous chauffer (ce qui est très énergivore), la pompe à chaleur fonctionne comme un réfrigérateur à l’envers : elle extrait la chaleur de l’air extérieur (oui, même quand il fait froid, il y a des calories dans l’air !) pour chauffer l’habitacle. En été, elle fait l’inverse pour vous rafraîchir. C’est beaucoup plus efficace qu’un système de chauffage ou de climatisation classique, ce qui aide à préserver votre précieuse autonomie.

Et n’oublions pas les pneus ! Ils jouent un rôle très important dans l’autonomie de votre voiture, surtout quand la météo s’en mêle. Des pneus bien gonflés roulent mieux et consomment moins d’énergie. Mais attention, la pression des pneus change avec la température : elle baisse quand il fait froid. C’est pourquoi il est important de vérifier régulièrement la pression de vos pneus, surtout au changement de saison.

De plus, en hiver, vous pourriez être tenté d’utiliser des pneus neige. Ils sont excellents pour la sécurité, mais leur résistance au roulement plus élevée peut réduire votre autonomie de 5 à 10 %. C’est le prix à payer pour rouler en toute sécurité sur des routes enneigées ou verglacées.

Parlons maintenant d’un secret bien gardé : les voitures électriques utilisent souvent des pneus spécialement conçus pour elles.

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Mais pourquoi ? C’est tout simplement parce que les voitures électriques ont des besoins différents des voitures thermiques. D’abord, elles sont généralement plus lourdes à cause de leurs batteries, ce qui nécessite des pneus capables de supporter cette charge supplémentaire. Ensuite, les voitures électriques délivrent leur couple (la force qui fait tourner les roues) instantanément, ce qui peut user les pneus plus rapidement. Ces pneus sont donc conçus pour être plus résistants à l’usure.

Pirelli Elect // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Mais le plus important, c’est qu’ils sont optimisés pour réduire la résistance au roulement. En d’autres termes, ils sont faits pour que la voiture roule plus facilement, consommant ainsi moins d’énergie. Ces pneus spéciaux utilisent souvent des composés de caoutchouc particuliers et des designs de bande de roulement qui trouvent le juste équilibre entre adhérence, durabilité et efficacité énergétique. Résultat ? Une meilleure autonomie pour votre voiture électrique.

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Alors, la prochaine fois que vous changerez vos pneus, assurez-vous de choisir des modèles spécifiquement conçus pour les voitures électriques !

La récupération d’énergie : chaque petit pas compte

Une des choses géniales avec les voitures électriques, c’est qu’ils peuvent récupérer de l’énergie quand vous freinez ou que vous descendez une pente. C’est ce qu’on appelle le freinage régénératif.

En gros, quand vous levez le pied de l’accélérateur ou que vous appuyez légèrement sur le frein, le moteur électrique se transforme en générateur. Il ralentit la voiture et produit de l’électricité qui est renvoyée dans la batterie. C’est un peu comme si vous pédaliez à l’envers sur un vélo pour recharger une batterie !

Le système régénératif schématisé sur une Volkswagen Passat GTE

Les systèmes modernes peuvent récupérer jusqu’à 70 % de l’énergie lors du freinage. Ça peut sembler peu, mais sur un long trajet avec beaucoup d’arrêts et de démarrages, ça peut vraiment faire une différence sur l’autonomie.

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Beaucoup de VE ont aussi des modes de conduite « Eco » qui optimisent cette récupération d’énergie et limitent la puissance du moteur pour économiser la batterie. C’est un bon moyen d’augmenter votre autonomie si vous n’êtes pas pressé.

Personnellement, je suis devenu adepte du mode one pedal. De plus en plus de voitures électriques proposent ce mode de conduite, la conduite à une pédale. Dans ce mode, lorsque vous relâchez l’accélérateur, la voiture freine automatiquement en utilisant le freinage régénératif, généralement jusqu’à l’arrêt, ce qui permet de récupérer encore plus d’énergie. C’est non seulement plus efficace énergétiquement, mais beaucoup de conducteurs trouvent aussi que c’est plus reposant, surtout dans les embouteillages ou en ville.

Le conducteur : le facteur humain important

Enfin, n’oublions pas le facteur le plus important : vous, le conducteur ! Votre style de conduite peut faire varier l’autonomie de votre VE de plus ou moins 15 %.

Une conduite douce, avec des accélérations progressives et des freinages anticipés, vous permettra d’aller plus loin. À l’inverse, si vous conduisez de manière sportive, avec des accélérations brutales et des freinages tardifs, vous consommerez plus d’énergie.

La vitesse joue aussi un rôle important. Plus vous roulez vite, plus vous consommez. C’est particulièrement vrai sur autoroute où la résistance de l’air augmente beaucoup avec la vitesse. Parlons justement un peu plus de l’impact de la vitesse sur l’autoroute.

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Rouler à 130 km/h plutôt qu’à 110 km/h peut sembler vous faire gagner du temps, mais cela peut réduire votre autonomie de 20 à 30 % ! Pourquoi une telle différence ? C’est principalement à cause de la résistance de l’air, qui augmente de façon exponentielle avec la vitesse.

En termes simples, à 130 km/h, votre voiture doit « pousser » beaucoup plus d’air qu’à 110 km/h, et cela demande beaucoup plus d’énergie.

Pour vous donner une idée concrète, si votre VE a une autonomie de 400 km à 110 km/h sur autoroute, elle pourrait descendre à environ 300 km à 130 km/h. C’est une différence très importante. Bien sûr, ces chiffres peuvent varier selon les modèles, mais la règle reste la même : plus vous roulez vite, plus votre autonomie diminue rapidement.

Enfin, la planification de votre trajet peut faire une grande différence. Utiliser le GPS pour trouver l’itinéraire le plus efficace, éviter les bouchons, et savoir où sont les bornes de recharge peut vous aider à optimiser votre autonomie.

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