Le prix des voitures électriques d’occasion dégringole : faut-il encore attendre avant d’acheter ?

 
Alors que les parcs d’occasion étaient encore bien pauvres en modèle électrique il y a encore deux ou trois ans, les chiffres récents montrent une offre croissante, des prix en baisse et des modèles attractifs. Pourtant, la demande des Français reste relativement faible, freinée par des interrogations sur la fiabilité et le coût des batteries, ainsi que par des conditions de financements moins compétitives. Néanmoins, c’est peut-être le meilleur moment pour se laisser tenter, et on vous explique pourquoi.

L’achat d’une voiture neuve, qu’elle soit thermique ou électrique, cela représente un budget conséquent. Bien que les prix soient maintenant noyés dans une myriade d’offres de financement que nous analysons régulièrement, les mensualités ont depuis quelques mois explosé, au même titre que les apports.

Et cela ne va pas forcément aller en s’arrangeant, on vous explique d’ailleurs pourquoi dans notre dossier dédié. Et en 2025, avec la baisse programmée du bonus écologique et la fin de la prime à la conversion, si les constructeurs ne baissent pas leurs prix, le marché pourrait encore souffrir l’an prochain.

Pourtant, avec une technologie qui devient de plus en plus mature, une offre qui devient pléthorique et un réseau de recharge qui, en France, s’est largement densifié ces dernières années, il n’y a aucune raison que la voiture électrique ne franchisse pas un cap, elle qui représente entre 15 et 20 % des immatriculations de voitures neuves dans le pays en moyenne en 2024.

Le problème, c’est le prix, un prix encore largement sous perfusion qui plus est, et l’abandon des subventions pourrait évidemment donner un coup d’arrêt à la voiture électrique. On l’a vu en Allemagne, où depuis l’arrêt des aides en début d’année, la part de marché des voitures électriques est régulièrement sous les 15 %, voire même proche des 10 % selon les mois.

MG4

Le marché du neuf maintenant, c’est le marché de l’occasion demain. Plus il se vend de modèle neuf, plus il y aura d’occasions. C’est un principe assez simple, et avec l’avènement de la voiture électrique il y a 3-4 ans, on remarque que le marché de l’électrique d’occasion grandit. Il grandit, certes, mais les stocks débordent. Mais pourquoi ça alors que le marché de l’occasion performe largement celui du neuf en France ?

Le marché a évolué, mais pas forcément comme prévu

En 2024, les véhicules électriques représentaient en moyenne 17 % des immatriculations de voitures neuves en France, une progression significative par rapport aux années précédentes. Pourtant, leur part dans le marché de l’occasion reste marginale, à seulement 2,4 % des immatriculations, loin derrière les véhicules diesel (47 %) et essence (42 %) selon les données NGC Data.

Cette différence s’explique en partie par la jeunesse relative du marché. Les premières grandes vagues d’achats, soutenues par les aides de l’État et les dispositifs de location (LOA ou LLD), remontent à 2020. Ces véhicules arrivent seulement maintenant sur le marché de l’occasion, créant ainsi une offre abondante. Une offre abondante, certes, mais chères, d’où les stocks qui se garnissent et ne se vident pas beaucoup en ce moment.

En effet, pour proposer des voitures électriques neuves à des loyers avantageux, les constructeurs ont anticipé des valeurs résiduelles très élevées qui, par mécanisme, ont fait baisser les loyers. On avait des MG4 à 99 euros par mois, alors que le loyer de base s’établit maintenant à 249 euros par mois, sur la même durée et avec globalement les mêmes conditions.

Avec des valeurs résiduelles hautes, quand les marques récupèrent les voitures, elles les revendent à des prix logiquement élevés pour ne pas perdre d’argent, plus élevés que le marché dans le cas présent. Sauf que ce mauvais calcul des valeurs résiduelles se paie cash aujourd’hui : les stocks débordent et les voitures électriques d’occasion sont encore trop chères.

Les stocks débordent : une baisse des prix est obligatoire

Entre 2022 et 2024, le nombre d’annonces de voitures électriques sur leboncoin a doublé. En 2024, ce marché représente 3,59 % des annonces de véhicules d’occasion sur la plateforme, contre 3,47 % l’année précédente. Avec 40 000 annonces recensées, l’offre excède largement la demande.

Conséquence directe : les délais de revente s’allongent, passant de 130 jours en début d’année à 160 jours en septembre, selon les données de L’argus. Les prix suivent également une courbe descendante. Le prix moyen des annonces est passé de 30 432 euros en 2023 à 25 961 euros en 2024, soit une baisse de près de 15 %. Le prix moyen de vente a quant à lui chuté à 21 744 euros en septembre 2024.

Des modèles récents deviennent plus abordables : une Fiat 500e de deux ans se négocie entre 15 000 et 20 000 euros selon les finitions et le kilométrage, tandis qu’une Peugeot e-208 autour du même prix pour à peu près le même âge, même si, à ce tarif, il s’agira quasiment exclusivement de version milieu de gamme « Allure ».

Cette baisse des prix est également alimentée par les professionnels qui, en fin d’année, consentent à des remises importantes pour alléger leurs stocks.

Les données du Bon Observatoire mettent en lumière les modèles où l’offre est la plus dense. Voici le top des modèles les plus représentés sur leboncoin :

Ce classement devrait être amené à évoluer d’ici les prochains mois, avec les retours de financements des Tesla Model Y à son lancement, le SUV américain s’étant rapidement hissé tout en haut du top vente des voitures électriques. Des modèles comme la MG4 ou encore la Dacia Spring ne vont pas tarder à arriver en nombre.

Les acheteurs sont encore frileux

Malgré des prix plus « attractifs » qu’avant, les voitures d’occasion peinent encore à séduire les acheteurs. Sur leboncoin, les annonces de véhicules électriques reçoivent en moyenne 1,5 vue, soit trois fois moins qu’un véhicule diesel (4,2 vues) et deux fois moins qu’un essence (3 vues). Même les hybrides suscitent davantage d’intérêt avec 2,2 vues par annonce.

Les modèles les plus attractifs en 2024 (de janvier à octobre) restent dominés par les Tesla et les pionnières de l’électrique, à savoir la Tesla Model 3 en première position, suivie dans l’ordre par la Renault Zoé, le Tesla Model Y, la Tesla Model S et la Peugeot 208.

Malgré la baisse des prix, le coût des voitures électriques d’occasion est encore jugé trop proche de celui des modèles neufs, surtout pour les véhicules loués. En effet, les constructeurs profitent des aides à l’achat, de remises et de valeurs résiduelles élevées pour proposer des loyers attractifs sur le neuf, ce qui rend les offres d’occasion moins compétitives, comme énoncé plus haut.

Pourtant, les constructeurs n’auront pas d’autres choix que de consentir à baisser les prix, ou bien, comme on a pu récemment le voir chez Volkswagen avec les premières ID.3, de repartir sur un second cycle de financement.

Mais de quoi les acheteurs peuvent-ils avoir peur ?

La peur de la dégradation ou de la défaillance des batteries reste un obstacle majeur pour les acheteurs d’occasion. Pourtant, les batteries des véhicules électriques sont garanties 8 ans ou 160 000 km, et les études montrent une dégradation moyenne de seulement 2 % par an.

Contrairement aux idées reçues, une batterie endommagée n’implique pas nécessairement un remplacement total. De nombreux constructeurs proposent des réparations ciblées, ne changeant que les cellules défectueuses. Autrement dit, une batterie dégradée posera sans doute moins de soucis qu’un trois cylindres 1,2 litre PureTech de chez Stellantis dans l’univers des thermiques !

D’une manière générale, de nombreux professionnels de l’occasion proposent désormais un bilan de santé de la batterie (SOH). Cette transparence est désormais renforcée par la réglementation européenne d’août 2024, qui impose cette communication sur certains véhicules.

L’évolution rapide des technologies électroniques et des batteries joue également contre l’électrique d’occasion. Les modèles plus anciens peuvent sembler obsolètes face aux innovations récentes, notamment en termes d’autonomie ou de vitesse de recharge. En effet, quand le moteur thermique semble avoir atteint son apogée, l’électrique continue d’avancer à vitesse grand V.

Preuve en est, l’autonomie devient de moins en moins un sujet d’inquiétude, éclipsé en quelques années par des kilométrages parfois impressionnants pour de petits modèles, une prise de conscience des clients comme quoi faire 700 km avec un seul plein, ça ne sert pas tous les jours, mais aussi et surtout la densification du réseau de recharge.

Que retenir ?

Globalement, les signaux sont clairs : les voitures électriques d’occasion deviennent financièrement plus accessibles, offrant une alternative intéressante aux véhicules neufs, mais elles sont globalement encore trop chères. Toutefois, la démocratisation complète passe par la levée des freins psychologiques et pratiques.

Renforcer la transparence sur l’état des batteries grâce à des bilans de santé systématiques, communiquer davantage sur la durabilité et les possibilités de réparation des batteries ou encore améliorer la compétitivité des offres de location sur les véhicules d’occasion sont, à nos yeux, les principaux axes de travail pour arriver progressivement à un marché de la voiture électrique d’occasion plus dynamique.


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