On sait enfin ce qui a provoqué l’incendie des deux bus électriques à Paris

 
Si les incendies de véhicules électriques restent rares, ils existent tout de même. On se rappelle qu’en 2022, deux bus de la RATP avaient pris feu à Paris, et on sait enfin ce qui a causé cet incident, qui n’avait heureusement fait aucune victime.
Incendies batteries New York
Source : Unsplash/jubilation

Les voitures électriques ont encore de nombreux détracteurs, même si les ventes continuent de progresser dans le monde. Et ce malgré une stagnation en Europe, en raison notamment de la réduction des aides gouvernementales.

De multiples causes

Si l’autonomie est de moins en moins un problème, tout comme le prix qui a tendance à chuter, d’autres arguments sont souvent énoncés contre cette motorisation. Parmi eux, le risque d’incendie, qui serait supérieur à celui pour un véhicule thermique. Sauf qu’une récente étude avait en fait prouvé que cela était particulièrement rare et qu’il n’a donc pas de crainte à avoir de ce côté-là. Oui mais voilà, tout n’est pas rose non plus.

Car des défaillances peuvent tout de même arriver de temps en temps, même s’il s’agit de cas très isolés. En effet, on se rappelle qu’en 2022, deux bus de la RATP s’étaient embrasés à Paris, à quelques jours d’intervalle. Si l’un était vide, l’autre transportait 14 passagers, mais aucun n’a heureusement été blessé dans l’incendie, qui a intégralement détruit les deux véhicules. Ces évènements ont conduit la régie en charge des transports à retirer immédiatement tous bus du même modèle.

Deux ans plus tard, voilà que les experts ont enfin dévoilé les résultats de l’enquête, menée par le BEA-TT, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre. C’est la même organisation qui a récemment rendu ses conclusions sur le dramatique accident ayant impliqué une Tesla Model 3 en 2021 dans la capitale. Dans le document, qui peut être consulté en ligne, on apprend donc que plusieurs causes sont finalement à l’origine des deux départs de feux.

Pour rappel, ces véhicules, de la marque Bluebus, sont équipés de six packs de batteries, dont quatre installés sur le toit, en raison de l’espace trop réduit dans le plancher, qui est particulièrement bas. Il s’agit de la chimie LMP (lithium – métal – polymère), qui possède la particularité de contenir un électrolyte solide en polymère. Ce dernier permet de réduire les risques de surchauffe, entre autres. Ce qui n’a visiblement pas suffi, comme l’explique le rapport d’enquête.

Plusieurs recommandations

En fait, plusieurs facteurs ont contribué à l’incendie, comme c’est bien souvent le cas lors de tels incidents. D’abord, celui-ci peut être imputé à une erreur de production, qui a engendré un court-circuit entre les cellules de la batterie. Ce dernier aurait dû être détecté par le BMS (Battery Management System, en charge de la gestion de la batterie), ce qui n’a pas eu lieu. Ce n’est pas tout, car aucune alerte n’a été déclenchée, ce qui aurait permis d’avertir le chauffeur, qui aurait pu faire évacuer le véhicule plus rapidement.

Mais il y a aussi un autre souci. Il faut savoir que la résistance au feu n’est pas testée sur les batteries à électrolyte solide, puisque ce dernier est considéré comme non inflammable, comme l’explique Geoffrey Pauwels, expert en batteries sur LinkedIn. Sauf que ce n’est visiblement pas le cas. Et justement, le bureau d’enquête veut désormais remédier à ce problème et énonce sept recommandations pour éviter que cela se reproduise. Ces dernières sont destinées à Bluebus, mais pas que. La première concerne la détection précoce « de défauts susceptibles de conduire à des incendies et le signalement d’alarmes appropriées ».

Bluebus // Source : Bolloré

Le BEA-TT demande aussi d’améliorer le process de protection des passagers vis-à-vis des températures élevées, des risques de chute des batteries sur le toit et des projections de métal en fusion lors de l’évacuation. Les experts demandent également que l’enregistrement des données importantes précédent l’incident soit maintenu et transmis régulièrement. Ils recommandent aussi « la poursuite et la facilitation des recherches concernant l’efficacité des moyens de lutte à utiliser lors d’évènements du même type » et souhaitent que la réglementation évolue pour tous les véhicules de ce type et que les services de secours soient mieux informés pour pouvoir agir plus rapidement.


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