Voitures électriques : pourquoi le bonus écologique pourrait s’arrêter subitement avant la fin d’année 2025

 
Le gouvernement cherche à faire des économies, comme en témoigne la réduction de l’enveloppe budgétaire destinée aux voitures peu polluantes, passée de 1,5 milliard d’euros à seulement 700 millions d’euros. Avec une telle rigueur, certains acheteurs pourraient ne pas profiter du bonus écologique en 2025.
Renault R5 image bank media Test-Drive, from September 21 to 23th 2024 at Nice, France – Photo Yannick Brossard / DPPI

Voici le « tournant de la rigueur » pour les voitures électriques. Après avoir fortement soutenu leur achat avec des bonus écologiques, des aides sociales comme le leasing électrique ou encore la prime à la conversion, le gouvernement change de politique et réduit les dépenses liées à ces véhicules.

La situation est préoccupante, car en plus de la baisse des montants du bonus écologique intervenant ce lundi 2 décembre, il n’est pas certain que l’aide à l’achat d’une voiture électrique soit disponible tout au long de l’année.

Une réduction de budget importante

Le bonus écologique est-il sur le point de disparaître ? Chaque année, le montant de l’aide diminue. Mais pour 2025, une nouvelle encore plus inquiétante émerge : le bonus écologique pourrait ne plus être disponible avant la fin de l’année. Non pas par choix politique, mais en raison de l’épuisement du montant maximal de l’enveloppe prévue.

À lire aussi :
Voitures électriques : très mauvaise surprise pour le bonus écologique en France

En effet, l’année prochaine, le budget de 1,5 milliard d’euros alloué au bonus écologique en 2024 (et déjà dépassé) est réduit à 700 millions d’euros pour 2025. Une coupe budgétaire significative, et ce budget n’a pas vocation à être flexible.

700 millions d’euros et pas un de plus

Dans le décret n° 2024-1084 relatif aux aides à l’achat ou à la location de véhicules peu polluants, publié au Journal officiel du 29 novembre 2024, une ligne stipule qu’il « prévoit une enveloppe budgétaire maximale pour l’octroi de cette aide« . Ce n’était pas le cas les précédentes années.

Sans lire entre les lignes, on comprend qu’aucune rallonge n’est prévue. Une fois le budget de 700 millions d’euros atteint, le bonus écologique ne devrait plus être disponible, même si l’aide reste officiellement en vigueur.

Et c’est préoccupant. En 2023, le coût du bonus écologique s’élevait à 1,7 milliard d’euros. Cette même année, 298 522 véhicules électriques ont été immatriculés en France, selon les chiffres de la Plateforme Automobile. Certes, les conditions d’éligibilité au bonus écologique étaient alors moins strictes, n’incluaient pas encore la notion d’éco-score (visant à exclure les voitures produites de manière polluante) et le montant de l’aide était plus élevé. Cependant, l’enveloppe budgétaire de 2025 sera réduite d’un milliard d’euros par rapport à celle de 2023 !

Un budget insuffisant ?

Avec l’arrivée sur le marché de nouvelles voitures plus abordables, telles que la Renault 5 E-Tech, la Citroën ë-C3, la Volkswagen ID.2 ou encore le prochain renouvellement du best-seller Tesla Model Y, le nombre de ventes de voitures électriques en France devrait augmenter, dépassant ainsi le seuil des 300 000 véhicules sur l’année 2025.

Source : Citroën

Il est possible que le budget prévu par le gouvernement soit épuisé avant la fin de l’année 2025, privant ainsi les acheteurs de fin d’année du bonus écologique. Une situation dommageable pour les clients.

Une mauvaise nouvelle pour les ventes de voitures électriques ?

Avec la baisse des montants du bonus écologique, les voitures électriques pourraient se vendre moins facilement. Mais avec un arrêt pur et simple de ce bonus, une fois le montant de l’enveloppe dépassé, la chute des ventes de voitures électriques pourrait être catastrophique.

À lire aussi :
Les ventes de voitures électriques sont en chute libre en France, avec Citroën et Renault devant Tesla

C’est ce que l’on a pu observer en Allemagne après l’arrêt du bonus écologique : en un an, les ventes de voitures électriques ont baissé de 26 % outre-Rhin.

Une situation paradoxale

Après avoir encouragé l’achat de voitures électriques et leur développement auprès des constructeurs, le gouvernement réduit drastiquement le budget prévu pour le bonus écologique ainsi que les montants attribués aux acheteurs.

On se retrouve donc dans une situation paradoxale : d’un côté, la rhétorique du gouvernement incite à l’achat de ces véhicules peu polluants, notamment avec le retour du leasing social ; mais dans les faits, la diminution des aides pourrait faire chuter les immatriculations de voitures électriques en France.

Alors, 700 millions d’euros, un budget suffisant ?

Toutefois, la baisse du montant du bonus écologique en France pourrait permettre de respecter l’enveloppe de 700 millions d’euros. Le montant moyen de la nouvelle formule du bonus écologique est désormais fixé à 3 000 euros, mais uniquement pour les voitures ayant un résultat d’éco-score satisfaisant et affichées à moins de 47 000 € au catalogue. Ainsi, des modèles comme la Tesla Model 3, la Leapmotor T03, la Hyundai Inster ou encore la Dacia Spring ne sont pas éligibles au bonus. Cela limite donc son impact sur les 300 000 véhicules électriques espérés en 2025.

Tesla Model 3 Performance // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Avec un montant moyen de 3 000 euros par voiture, l’État français pourrait aider environ 233 000 foyers à acheter un véhicule électrique éligible. Dans ce contexte, l’enveloppe réduite à 700 millions d’euros pourrait ne pas poser de problème majeur. De janvier à novembre 2024, 260 995 véhicules électriques ont été immatriculés en France selon AAA Data, et l’année devrait se terminer avec environ 284 000 immatriculations, dont une partie significative hors bonus écologique.

Ainsi, 700 millions d’euros ne semblent pas si éloignés de ce qu’exigerait la dynamique du marché en 2025. Toutefois, un dépassement du budget dédié au bonus écologique n’est pas à exclure, notamment si un nombre important de personnes profite du bonus majoré à 4 000 euros, réservé aux foyers modestes dont les revenus sont inférieurs à 15 400 euros par part. Cependant, une grande partie de ces acheteurs pourrait se tourner vers le leasing social, financé via une autre enveloppe budgétaire.


Le saviez-vous ? Google News vous permet de choisir vos médias. Ne passez pas à côté de Frandroid et Numerama.

Les derniers articles