SUV électrique : l’exceptionnel cru 2019 pose la première brique d’un marché qui roule sur l’or

Du SUV électrique, en veux-tu en voilà

 
Rythmée par une kyrielle d’annonces en matière de mobilité électrique, l’année 2019 a tout particulièrement mis à l’honneur le segment des SUV. En se positionnant sur ce créneau, les constructeurs espèrent rencontrer le même succès observé sur les véhicules utilitaires thermiques. Si leurs grilles tarifaires onéreuses restent encore un obstacle de poids, leur prolifération constitue un premier pas vers la démocratisation.

« Au premier semestre 2018, un tiers des voitures immatriculées en France étaient des SUV », écrivait L’Express il y a un un peu plus d’un an ; « En 2008 les SUV représentaient 5 % du marché, en 2018 c’était 37 %. Les ventes ont été multipliées par sept en dix ans », analysait Mathieu Chassignet, ingénieur en charge des mobilités à l’Ademe (Agence environnement et maîtrise énergie) Hauts-de-France, pour Franceinfo, en octobre dernier.

C’est dire le succès des SUV thermiques au sein de l’Hexagone. Les chiffres sont unanimes : le segment gagne du terrain et séduit le grand public au fil des années, au détriment, cependant, de la planète. Mais cette problématique environnementale tend à se résoudre avec le développement croissant des véhicules électriques. Bien que l’extraction des métaux rares et le recyclage des batteries entraînent de nouvelles complications.

Une année chargée

Une question demeure : l’ascension des SUV dans le paysage automobile international a-t-elle déteint sur le secteur de l’électrique ? En jetant un coup d’œil dans notre rétroviseur de l’année 2019, la réponse s’approche dangereusement du oui. Car les onze derniers mois ont en effet été le théâtre d’une avalanche d’annonces tout particulièrement dédiées aux SUV zéro émission.

Le Tesla Model Y a été l’une des principales attractions du début d’année, précédé notamment par le Rivian R1S. Attendue de pied ferme par la communauté, la Ford Mustang Mach E s’est faite attendre pour se révéler mi-novembre. Sans oublier la commercialisation de l’Audi e-tron, accompagnée de l’e-tron Sportback, présenté en novembre. Toujours du côté des Allemandes, citons également le Mercedes EQC et le BMW iX3.

Une liste à rallonge à laquelle viennent s’ajouter les Français Peugeot e-2008 et DS3 Crossback E-Tense, mais aussi le Volkswagen ID. Crozz (probablement nommé ID.4), attendu pour le printemps 2020. La Chine est représentée par le Aiways U5, lorsque le Japon s’arme du Mazda MX-30 et du Lexus UX 300e. N’occultons pas le Volvo XC40 et la Jaguar I-Pace, sacrée « Car of The 2019 » en mars.

Que retenir de cette kyrielle de véhicules utilitaires sportifs ? Tous les constructeurs, ou presque, n’ont pas hésité à jeter leur dévolu dessus, dans l’espoir alors de s’accaparer les toutes premières parts de marché disputées. À condition cependant que le marché existe réellement. Car aux prix auxquels ces voitures sont vendues, seuls les usagers les plus fortunés peuvent se permettre de mettre la main à la poche.

Un bonus écologique réduit

C’est d’ailleurs tout le paradoxe de ce phénomène : par nature, la multiplication des SUV zéro émission tend à populariser les voitures électriques. Mais leur grille tarifaire généralement élevée — entre 40 000 euros et 90 000 euros — constitue encore un obstacle de poids pour la majorité des usagers, qui plus est au regard d’une autonomie souvent trop juste. Ces derniers doivent alors se tourner vers des citadines plus abordables, mais moins intéressantes techniquement, et moins représentées au sein des offres.

La refonte du bonus écologique portera également préjudice à ce segment dès le 1er janvier 2020 : un quatre roues oscillant entre 45 000 et 60 000 euros ne bénéficiera plus des 6000 euros d’aide, mais d’un appui financier de 3000 euros. Les véhicules dépassant ce seuil ne recevront tout bonnement aucun soutien. Seules les voitures électriques inférieures à 45 000 euros toucheront l’intégralité de la somme. Soit une part très faible des SUV.

Loin de moi l’idée de dénigrer la prolifération des Sport Utility Vehicle. Mais à l’heure où les véhicules électriques progressent avec parcimonie, n’y a-t-il pas intérêt à se focaliser sur des segments davantage prisés par le grand public ? Peugeot et Renault l’ont parfaitement compris avec la e-208 et la ZOE nouvelle génération, dont les grilles tarifaires avoisinent les 30 000 euros, bonus écologique exclu. Le fait est qu’aujourd’hui, les SUV constituent le premier pas entrepris par les constructeurs pour populariser l’automobile électrique.

L’étonnement n’est pas de mise quant au positionnement haut de gamme des fabricants : commencer par le haut de la pyramide leur permet de récolter de premiers bénéfices, avant d’étoffer leur catalogue par des produits moins chers grâce à des coûts de fabrication amoindris. À l’image de la stratégie de Tesla, dont le Model X a ensuite ouvert les portes à une Model S moins onéreuse, suivie de la Model 3, la plus abordable des trois.

Si l’autonomie n’en reste pas moins modeste, les prochaines générations de modèles feront l’objet d’améliorations croissantes en matière de rayon d’action. Un autre obstacle à surmonter pour franchir le cap d’un achat. Toujours est-il que l’année 2020 devrait une fois de plus faire la part belle aux SUV. Bien que ces derniers seront rejoints par une flopée de « concurrents » prenant la forme de berline, citadine et sportive. Excitant, vous avez dit ?


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