Voitures électriques en France : pourquoi les citadines ont été les reines de 2020

 
Entre prix attractifs et aides incitatives très avantageuses, les citadines électriques ont clairement eu la cote au cours de l’année 2020. En France, ce segment a d’ailleurs été le plus plébiscité, et pourrait l’être à nouveau au cours des douze prochains mois.

Chaque année, la filière des véhicules électriques franchit une nouvelle étape tant en termes d’investissements, d’innovations et de nouveautés techniques ou technologiques. Si le millésime 2020 n’a pas échappé à cette tendance, de nombreux progrès restent encore à effectuer sur des points essentiels : le réseau de recharge et l’autonomie des véhicules, pour ne citer qu’eux.

En France, le cru 2020 a, semble-t-il, souri à une catégorie spécifique de voitures branchées : les citadines, un segment propulsé par l’arrivée des Peugeot e-208 et Renault Zoé (version restylée) dans la seconde partie de l’année 2019. Et force est de constater que ce duo tricolore a dominé d’une main de maître les immatriculations électriques du pays tout au long des douze derniers mois.

Zoé et e-208, c’est plus de 50 % des immatriculations électriques

Les rapports mensuels et toujours très bien détaillés d’Avere-France (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique) nous permettent aujourd’hui de prendre de la hauteur sur la situation : chaque mois, les citadines Renault Zoé et Peugeot e-208 ont toujours intégré le top 2 des immatriculations électriques (exception en mars, où la Tesla Model 3 a détrôné la e-208 de sa seconde place).

La Zoé a définitivement dominé les débats en 2020

En se référant aux rapports d’Avere-France, 90 198 nouvelles immatriculations de « véhicules électriques particuliers » (sont exclus les utilitaires) ont été comptabilisées entre janvier et novembre 2020 — le rapport de décembre n’a pas encore été publié. Sur ces 90 198 immatriculations, 31 241 appartiennent à la Zoé, contre 15 392 à la Peugeot e-208. Soit 46 823 à elles deux, représentant 51,9 % des immatriculations électriques françaises.

En clair, au moins un véhicule électrique sur deux immatriculé en France en 2020 a été une citadine. Et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte les ventes des autres voitures de ville, de la Nissan Leaf à la Volkswagen ID.3 et son très bon lancement en passant par la Twingo Electric et la Volkswagen e-UP, qui ont toutes côtoyé un ou plusieurs tops 5 des immatriculations mensuelles.

Les citadines s’arrachent aussi en Europe

À titre de comparaison, la Tesla Model 3 — dont le constructeur Tesla jouit d’une puissante médiatisation — compte environ 5480 immatriculations entre janvier et novembre 2020, sans compter le mois d’octobre où la berline compacte n’apparaît pas dans le top 10. C’est 6 % des immatriculations en France. La Model 3 ne boxe pas dans la même catégorie de véhicule, certes, mais cela a le mérite de remettre en perspective le succès des citadines.

La Tesla Model 3 ne démérite pas, mais elle est reste loin des Françaises

Cette tendance semble dépasser les frontières de l’Hexagone en touchant plus largement l’Europe : les Seat Mii, Škoda Citigo-e iV et Volkswagen e-UP se sont vendues comme des petits pains, au point d’être retirées du catalogue de vente de certains pays pour tempérer une demande fulgurante et des délais de livraison très longs.

En France, plusieurs raisons viennent expliquer cet engouement. Si les deux premiers mois de l’année ont été convaincants avec de beaux résultats du duo susmentionné, le coronavirus (Covid-19) a calmé les ardeurs de la filière en mars puis avril (un mois catastrophique). Avant que la machine ne reprenne progressivement en mai, avant d’exploser en juin.

Les raisons de cet engouement

Pourquoi ? Car le gouvernement a mis en place des aides incitatives très avantageuses, faisant alors drastiquement chuter le prix des citadines qui se vendaient déjà à un tarif plus abordable que la moyenne. Entre le bonus écologique de 7000 euros et la fameuse prime à la conversion exceptionnelle de 5000 euros, les Zoé et e-208 se sont envolées : 6012 et 2127 immatriculations, respectivement, en juin, contre 1165 et 679 en mai.

D’un mois à un autre, les chiffres ont explosé. Depuis, les courbes se sont stabilisées, mais restent assez hautes. Sommes-nous d’ailleurs en train de surfer sur une vague, ou ce phénomène lié aux citadines va-t-il perdurer au cours du millésime 2021 ? Il est en l’état impossible de répondre à cette question, même si plusieurs éléments le laisseraient pourtant penser.

Les aides incitatives ont participé à la montée en puissance des citadines électriques

En premier lieu, le bonus écologique de 7000 euros perdurera jusqu’au 30 juin 2021, avant de baisser à 6000 euros au 1er juillet. Ce montant restera quoiqu’il arrive une aide intéressante pour épauler les consommateurs lors d’un achat d’une citadine électrique. Une prime à la conversion est aussi toujours de mise pour cumuler les aides, alors qu’un bonus de 1000 euros sur les véhicules branchés d’occasion a récemment été instauré.

Quelles perspectives pour 2021 ?

Grâce à cette combinaison de coups de pouce financiers, les citadines électriques devraient vraisemblablement poursuivre sur leur bonne lancée. D’autant plus que la flopée de nouveaux modèles en approche appartiendront davantage aux segments des berlines, SUV et autres modèles premium, aux coûts généralement inaccessibles pour la majorité des consommateurs.

Entre la BMW iX, la Nissan Ariya, la Tesla Model Y (pour l’Europe), la Mercedes EQS, la Skoda Enyaq iV RS ou encore l’Audi Q4 Sportback e-tron, pour ne citer qu’elles, il faudra au minimum dépenser 40 000 euros, si ce n’est plus, pour rouler avec. Certes, la Citroën ë-C4 vendue 35 600 euros pourrait rencontrer un certain succès, tout comme la Dacia Spring et son « prix le plus accessible d’Europe », comme aime le marteler la marque.

BMW iX
Le SUV BMW iX fera ses débuts en 2021 // Source : BMW

Mais une question demeure : vaut-il la peine d’acquérir un véhicule haut de gamme dont l’autonomie encore limitée ne lui permet pas de traverser la France sans aucune crainte de tomber en panne ? C’est tout l’enjeu du réseau de recharge. Tesla l’a compris et continue de densifier son parc avec des Superchargeurs dignes de ce nom. Ionity tente de rattraper son retard, mais a encore du pain sur la planche pour quadriller tout l’Hexagone.

En France, l’objectif des 100 000 points attendus fin 2021 ne sera probablement pas atteint : le nombre de bornes a même stagné entre mai et octobre 2020, la faute, en partie, au Covid-19. C’est pourquoi les citadines électriques devraient encore jouir d’un certain succès l’année prochaine : leur usage urbain permet de rallier un point A à un point B séparés de quelques dizaines de kilomètres tout au plus. Tout simplement.

Les grandes villes densifient leur réseau

Des régions comme l’Île-de-France accélère par ailleurs la densification de leur réseau : la Métropole du Grand-Paris a par exemple commencé à déployer son réseau de bornes Métropolis, qui en comptera pas moins de 5000 — dont 250 rapides — dans 130 communes à l’horizon 2022.

Le groupe Total, lui, a été sélectionné pour exploiter les 2300 stations du réseau Bélib (qui regroupe les emplacements d’Autolib) à Paris, afin de les moderniser pour le grand public : points de recharges neufs, bornes rapides et recharge pour les deux-roues électriques sont au programme. Autant de facteurs favorables, une fois de plus, aux citadines électriques.

Pour aller plus loin
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