Si les ventes de voitures électriques progressent fortement au fil des années, notamment en France, elles ont encore du mal à convaincre certains automobilistes. Ils sont en effet nombreux à être freinés par le prix, mais surtout l’autonomie. À tel point que la plupart aimeraient avoir une auto dépassant les 400 kilomètres. Un raisonnement en réalité erroné comme nous l’avons expliqué un peu plus tôt. C’est notamment pour cela que certains conducteurs préfèrent opter pour des modèles hybrides rechargeables, jugés plus polyvalents.
Un test grandeur nature
Cette motorisation, dont la part de marché a toutefois légèrement baissé en France entre 2021 et 2022 selon les chiffres du CCFA, allie alors un bloc thermique classique à un moteur électrique. Ainsi, il est possible de rouler uniquement avec ce dernier, à condition que la batterie soit chargée. Et c’est là que le bât blesse. Car comme l’explique l’ONG Transport & Environnement, la plupart des hybrides rechargeables, notamment ceux des flottes d’entreprises ne sont jamais rechargés.
Nous étions d’ailleurs revenus largement en détail sur cette problématique dans un précédent dossier sur le sujet.
Or, cela pose un réel problème. Pour le prouver, l’organisation a testé trois voitures hybrides rechargeables (PHEV) de même segment, à savoir une Peugeot 308, une BMW Série 3 et une Renault Mégane. Et les résultats sont catastrophiques. En effet, avec une batterie vide, les deux premières ont rejeté environ de 200 grammes de CO2 par kilomètre, contre « seulement » 138g/km pour la dernière. Celle-ci possède en effet un moteur électrique plus puissant et affiche surtout un poids plus léger.
Le problème de l’autonomie irréaliste
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À titre de comparaison, les trois modèles annoncent des émissions respectives de 27, 36 et 30 grammes de CO2 par kilomètre. Autant dire que la différence est énorme. Vous pourriez penser qu’il suffit de brancher sa voiture pour résoudre le problème. Or, selon les tests de Transport & Environnement, les deux premières voitures n’atteignent jamais l’autonomie en tout électrique annoncéz selon le cycle WLTP. La 308 plafonne à 56 % de l’autonomie officielle, quand la BMW va jusqu’à 74 %. Là encore, seule la Mégane tient ses promesses, avec une autonomie annoncée à 48 kilomètres qui grimpe à 49 km dans la pratique.
Seule une voiture sur trois a réussi à atteindre le chiffre officiel. Pour arriver à ces résultats, plusieurs expériences ont été réalisées, sur différents itinéraires urbains et péri-urbains à Graz, en Autriche. Ainsi, si l’on sait déjà que les voitures hybrides ne sont pas conçues pour l’autoroute, alors que leur autonomie électrique fond très rapidement et leur consommation augmente, elles ne sont pas non plus idéales pour la ville.
Un avantage pour les marques
En effet, l’ONG a également pu tester la technologie de geo-fencing de la BMW Série 3. Celle-ci permet à la voiture de savoir quand elle roule en ville, afin d’utiliser uniquement le moteur électrique. Un système particulièrement adapté à nos ZFE françaises, notamment durant les pics de pollution. Or, l’expérimentation s’est révélée désastreuse : le bloc thermique a pris le relais plusieurs fois.
De plus, en-dehors de ces zones, le moteur thermique recharge ca batterie en tournant plus vite, augmentant la consommation de carburant et les émissions de CO2 de 50 % par rapport au cycle WLTP selon le rapport détaillé. Globalement, ces tests ont montré que la Série 3 polluait trois fois plus qu’annoncé, tandis que que les 308 et Mégane émettaient 20 et 70 % plus, sur un trajet relativement court de 55 kilomètres.
Mais alors, pourquoi les marques continuent-elles à vendre ce type de motorisation jugée si nocive pour l’environnement ? Selon l’ONG, commercialiser des voitures affichant, même virtuellement, des émissions basses permet aux constructeurs d’avoir moins de pression pour vendre des modèles électriques, ce qui leur permet de gagner du temps. En effet, la réglementation CAFE mise en place en 2021 impose simplement un seuil d’émissions de CO2 à ne pas dépasser pour chaque marque. Libre à elle de faire comme elle veut pour rester en-dessous, quitte à vendre des voitures plus polluantes qu’annoncées, comme les hybrides rechargeables.
Quelles solutions ?
Transport & Environnement appelle donc les pouvoirs publics à agir, en attendant la modification du cycle WLTP en 2027 qui reflétera mieux les usage réels des véhicules PHEV. Ainsi, l’organisation émet quelques recommandations, comme la fin des aides financières, ou tout du moins une limitation en fonction de certains paramètres comme les émissions ou l’autonomie électrique.
Cela fonctionnait déjà comme ça en France avant que le bonus écologique ne soit supprimé pour les hybrides rechargeables. Pour l’ONG, le malus devrait également être basé sur les vraies émissions de CO2 et non sur celles annoncées.
Il est également recommandé par l’ONG que celles-ci soient remises à niveau régulièrement avec des données issues de conditions réelles d’utilisation et que les constructeur retirent la possibilité de recharger la batterie avec le moteur thermique. Enfin, ces derniers devraient mieux éduquer leurs clients et les inciter à rouler en mode électrique en les récompensant.
Certains constructeurs comme Peugeot, Citroën et DS ont notamment mis en place un rappel visuel sur le tableau de bord afin d’inciter le conducteur à recharger sa voiture. De son coté, BMW a lancé un système de récompense basé sur la distance que parcourent les propriétaires de mode 100 % électrique. Quoi qu’il en soit, et si les PHEV sont en danger, les automobilistes sont fermement opposés à la disparition de cette motorisation.
Pour aller plus loin
L’Europe veut mettre un terme aux hybrides rechargeables : pourquoi c’est une bonne nouvelle
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