Pourquoi cette nouvelle norme européenne pourrait précipiter la fin des voitures hybrides rechargeables

 
Depuis le 1 janvier 2025, la norme Euro 6e bis est entrée en vigueur, et fait notamment évoluer les méthodes d’homologation pour les voitures hybrides rechargeables. Ces tests plus exigeants font grimper leurs émissions de CO2, ce qui pourrait précipiter leur disparition dans les prochaines années.
Peugeot 408 hybride rechargeable // Source : Peugeot

Si l’on parle évidemment beaucoup de voitures électriques dans les colonnes de Survoltés, il existe également tout un panel de motorisations alternatives sur le marché. Parmi elles, l’hybride rechargeable, qui est cependant en perte de vitesse en France.

Une motorisation encore plus polluante

Si cette solution est sur le papier très intéressante, puisqu’elle permet en théorie de combiner les avantages du thermique et de l’électrique, tout n’est pas rose pour autant. Et à vrai dire, plusieurs études ont même prouvé qu’elle est particulièrement nocive pour l’environnement, notamment car les propriétaires ne chargent que très rarement la batterie. Ainsi, les émissions de CO2 réelles seraient bien plus élevées que les chiffres annoncés par les constructeurs. Mais cela devrait bientôt changer, sous l’impulsion de l’Union Européenne.

Depuis le 1 janvier 2025, la nouvelle norme Euro 6e-bis est entrée en vigueur pour tous les nouveaux modèles hybrides rechargeables (PHEV, pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle), avant d’être élargie le 31 décembre prochain à l’intégralité des véhicules déjà existants. Cette dernière fait en quelque sorte l’intermédiaire avec la norme Euro 7, qui devrait quant à elle arriver en 2030, et fait évoluer de nombreux paramètres, comme le précise le site de l’ICCT (International Council on Clean Transportation).

Évolution des différents normes tests antipollution // Source : ICCT

Parmi elles, les méthodes d’homologation des hybrides rechargeables, voulues plus proches d’une utilisation en conditions réelles. Cela passera notamment par des tests plus longs, passant de 800 à 2 200 kilomètres, et même jusqu’à 4 260 km avec la norme Euro 6e-bis-FCM, qui arrivera en 2027.

On notera également que les températures lors des essais seront plus élevées. Le tout aura pour effet d’homologuer des valeurs plus proches de la réalité, tandis que certains constructeurs annoncent aujourd’hui des chiffres particulièrement bas. Et ce alors qu’un rapport de la Commission Européenne indiquait que les autos hybrides rechargeables émettent en fait 3,5 fois plus de CO2 que leur valeur d’homologation. Ce qui rejoint une étude de Transport & Environment, qui estime que ces voitures ne roulent en réalité que 11 à 15 % du temps en électrique.

Une forte hausse

Pour illustrer son propos, le Conseil international pour les transports propres (ICCT) a analysé les chiffres d’émissions d’un BMW X1 dans sa version xDrive25e selon cette norme Euro 6e-bis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont assez parlants. À l’heure actuelle, le SUV allemand annonce des rejets de CO2 de l’ordre de 45 g/km selon le cycle d’homologation WLTP, de qui lui permettre d’échapper au malus écologique.

Une fois passé au nouveau test, le chiffre a fortement grimpé. Il a tout simplement doublé, pour atteindre les 96 g/km. Et ce n’est pas tout, car en utilisant le processus d’homologation de la réglementation Euro 6e-bis-FCM, qui arrive pour rappel en 2027, on passe carrément à environ 122 g/km.

Un chiffre particulièrement élevé, et aucun PHEV ne serait épargné. Résultat, de nombreux modèles seront soumis au malus écologique dans deux ans, ce qui devrait avoir pour effet de dissuader les automobilistes d’opter pour cette motorisation. Et ce alors qu’elle sera interdite à la vente à partie de 2035, tout comme les voitures thermiques dans toute l’Europe.

En attendant, les marques devraient cependant tenter de contourner cette nouvelle contrainte, en équipant leurs PHEV de batteries plus grandes. De ce fait, les autos pourront parcourir plus de distance en électrique durant l’homologation et ainsi réduire leurs émissions. Le souci, c’est qu’en usage réel, peu de clients rechargeront réellement l’accumulateur, ce qui ne changera donc absolument rien en pratique. Sans parler du fait que la batterie reste un élément encore assez polluant à produire pour le moment, mais elle ne sera pas assez utilisée pour être réellement utile.


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