Face à une adoption plus lente que prévu de ses voitures électriques, Stellantis opère un virage stratégique selon Les Echos. Le groupe automobile annonce non seulement le maintien de sa production diesel, mais aussi son renforcement, tout en développant ses motorisations hybrides. Un changement de cap qui bouscule les pronostics du tout-électrique.
Le diesel, ce n’est pas terminé
Alors que l’industrie automobile semblait avoir définitivement tourné la page du diesel, Stellantis prend le contre-pied des tendances actuelles.
Le groupe automobile va prolonger la production de son bloc diesel à l’usine de Trémery jusqu’en 2030, une unité qui devait initialement cesser son activité cette année. Cette décision s’accompagne d’une mise aux normes Euro 7, permettant de répondre aux dernières exigences environnementales.
Mais le groupe ne s’arrête pas là. Un projet ambitieux est en cours pour adapter un moteur d’utilitaire léger aux voitures particulières. Plus surprenant encore, Stellantis envisage le développement d’un nouveau moteur diesel de plus petite cylindrée, pour cibler des segments de marché spécifiques.
Cette stratégie répondrait à une réalité du marché : les objectifs de ventes électriques ont été drastiquement revus à la baisse. De 50 % initialement prévus, Stellantis ne table plus que sur 20 % de ventes de voitures 100 % électriques cette année.
Parallèlement à cette relance du diesel, Stellantis renforce significativement sa présence sur le marché de l’hybride. L’usine italienne de Termoli va bénéficier d’investissements importants pour la production de boîtes de vitesses eDCT, destinées aux voitures à hybridation légère.
Une stratégie d’équilibriste
Cette nouvelle orientation stratégique place Stellantis dans une position délicate vis-à-vis des réglementations environnementales.
Le groupe doit maintenir un équilibre subtil entre la satisfaction de la demande client et le respect des normes d’émissions de CO2. Pour y parvenir, le groupe pourrait devoir recourir à des partenariats, comme celui déjà établi avec Tesla pour l’achat de crédits CO2.
Rappelons que le groupe Stellantis traverse une période délicate avec le départ inattendu de Carlos Tavares de son poste de PDG en décembre 2024. Sous la direction intérimaire de John Elkann, le géant automobile, qui réunit 15 marques issues de la fusion PSA-FCA, maintient son cap malgré les turbulences.
En parallèle de ces changements de gouvernance, Stellantis a marqué les esprits en septembre 2024 en s’alliant avec le constructeur chinois Leapmotor. Cette collaboration stratégique, matérialisée par une prise de participation de 20 %, permet au groupe d’enrichir son offre de voitures électriques abordables en Europe, avec notamment la citadine T03 et le SUV C10.
C’est dans ce contexte de mutation que Stellantis opère aujourd’hui un virage stratégique majeur concernant sa gamme de motorisations. Alors que le groupe semblait initialement miser sur une électrification rapide de sa gamme, les réalités du marché l’amènent à reconsidérer sa position sur le diesel, tout en poursuivant le développement de ses solutions hybrides.
Enfin, rappelons que la stratégie de Stellantis en matière de plateformes électriques reste encore limitée. Le groupe utilise principalement la plateforme e-CMP (et sa version évoluée e-CMP2), héritée de PSA, qui équipe les modèles compacts comme la Peugeot e-208, l’e-2008, l’Opel Corsa Electric et le Jeep Avenger.
La toute nouvelle plateforme STLA Medium fait ses débuts avec le Peugeot e-3008, mais la majorité des voitures électriques actuelles du groupe repose sur des plateformes thermiques adaptées, comme la Fiat 500e, le Jeep Avenger ou les utilitaires électrifiés. Le constructeur a annoncé quatre plateformes natives électriques pour l’avenir (STLA Small, Medium, Large et Frame), mais leur déploiement prendra du temps, ce qui explique en partie la décision de maintenir une forte présence sur le marché des motorisations thermiques, notamment diesel.
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