Fibre optique et 5G : en Europe, les groupes télécoms veulent faire payer Netflix, Amazon, Google et Facebook

 
Faut-il demander aux plus gros consommateurs de bande passante de payer pour les infrastructures ? Les principaux opérateurs de télécommunications européens mettent la pression sur l’Union européenne pour exiger un partage des frais.

C’est le débat qui anime le web depuis ses débuts : les fournisseurs d’accès Internet ont comme mission principale de déployer un réseau pour l’échange de données. Ce réseau comprend la 4G, la 5G, la fibre optique, mais aussi les infrastructures et centres de données ainsi que les très longs câbles qui parcourent les mers et océans.

Le montant investi par les opérateurs mobiles européens pour le développement des réseaux 5G et fibre optique serait estimé à 52,5 milliards d’euros par an. Treize présidents d’entreprises télécoms européennes ont donc signé une lettre commune pour exiger que les plateformes participent aux frais de développement des infrastructures qui supportent le réseau Internet.

Parmi les signataires de cette ligne, Stéphane Richard, qui représente le groupe Orange. On retrouve également la signature des présidents de Vivacom, Proximus, Telenor Group, Swisscom, Vodafone, Telefonica, Telia Company ou encore Deutsche Telekom.

Netflix, Disney, Google, Amazon ou encore Facebook sont visés

Les plateformes visées sont évidemment celles qui consomment le plus de bande passante dont Netflix, Disney, Google, Amazon ou encore Facebook.

Les groupes télécoms expliquent que le modèle peut être durable seulement si « les grandes plateformes technologiques apportent également une contribution appropriée aux coûts de réseau ». De plus, les groupes européens souhaitent de plus en plus pouvoir agir en tant que groupes de données. Le projet de législation européenne sur les marchés numériques (Digital Markets Act), actuellement en cours de négociation au sein de l’UE, doit être adaptée en conséquence.

La question de savoir si Netflix et les autres plateformes doivent contribuer financièrement à l’expansion du réseau est un débat ouvert depuis de nombreuses années. En principe, cependant, une telle démarche est considérée comme difficile à concilier avec la neutralité du net. Les opérateurs soutiennent tout de même que les services de streaming sont la première raison pour laquelle les utilisateurs choisissent des tarifs élevés avec des débits de données rapides.

En 2020, Netflix représentait près d’un quart du trafic à destination des quatre principaux opérateurs français (FAI), devant Google via YouTube (15 %), Akamai et Facebook (tous deux à moins de 10 %), selon le rapport sur l’état d’Internet en France. La pandémie et ses restrictions ont accéléré la tendance, la vidéo à la demande et la retransmission en « live streaming » contribuant à l’explosion du trafic entrant vers les « box » : + 29 % en un an fin 2019, soit 18,4 To/s.

Lors du premier confinement, les FAI français avaient averti du risque de congestion. L’Internet français surchauffe, et c’était prévu. Avec la mise en place du confinement, la consommation de la bande passante augmente et le réseau est mis à rude épreuve. Les premières déconnexions ont eu lieu et les débits disponibles diminuent. Netflix avait répondu favorablement en diminuant le bitrate de ses flux vidéo pendant 30 jours, tandis que YouTube a passé par défaut la qualité vidéo de ses vidéos en « Standard » soit une définition 480p (SD).