2 milliards d’euros : la somme exigée par les opérateurs mobiles à Netflix, Apple, Google, Amazon, etc.

 
Les plus grands consommateurs de bande passante doivent passer à la caisse. La bataille qui oppose les opérateurs télécoms et les « Gafa » est loin d’être terminée. Cette fois-ci, une demande plus détaillée valorise le montant à verser autour de 2 milliards d’euros.
Source : Bastian Riccardi sur Unsplash

C’est un sujet qui ne date pas d’hier, néanmoins il est toujours d’actualité. Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR remontent, encore une fois, au créneau pour demander une participation financière aux « Gafa », et plus particulièrement aux plateformes de streaming.

Comme l’indique L’Informé, dans une note de la Fédération française des télécoms (FFT), « pour les quatre opérateurs, les coûts générés par les six utilisateurs identifiés sur mobile sont estimés à près de 1,5 milliard d’euros par an, et environ 500 millions d’euros sur les réseaux fixes ». En résumé, les opérateurs français exigent 2 milliards d’euros aux « Gafa », dont Apple, Amazon, Facebook ou encore Google, et par ailleurs à Netflix.

Pourquoi les opérateurs exigent-ils une telle somme ?

Les opérateurs et fournisseurs français demandent à ces entreprises de financer le réseau, où transitent les données. Et les « Gafa », mais aussi Netflix, sont les plus consommateurs de la bande passante.

Par exemple, Netflix a consommé près de 20 % du trafic internet français en 2021 (source : Arcep). En 2021, 51 % du trafic vers les clients des principaux fournisseurs d’accès à internet (FAI) en France provient de cinq fournisseurs de contenus, dont Netflix, Google, Akamai, Facebook et Amazon.

On retrouve ici les principaux services de streaming, dont Netflix, Prime Video, YouTube, mais aussi Disney+. En effet, le distributeur de contenus Akamai est notamment utilisé par Disney+. Google et sa plateforme YouTube utilisent un peu plus de 10 %, Facebook et Amazon (Prime) à peine plus de 5 %, selon les données de l’Arcep, toujours sur l’année 2021.

Pour ne pas mettre en place une barrière à l’entrée de ces secteurs aux nouveaux entrants, la Fédération française des télécoms (FFT) veut déterminer un seuil au-dessus duquel il faudra payer.

Ce seuil permettra également de faire payer de nouveaux entrants qui dépassent un volume de données déterminé, ce qui amènera certainement à faire payer Snapchat ou encore TikTok à l’avenir. Pour calculer ce seuil, l’enjeu sera d’évaluer le volume de trafic de chaque plateforme durant les heures de pointe, de 20 à 22 heures. Une fois ce volume de trafic calculé via une moyenne sur 12 mois, il sera alors possible de facturer ces acteurs.

L’Europe met par ailleurs la pression sur les géants du web via l’European Telecommunications Network Operators (ETNO), un consortium qui regroupe tous les acteurs des telcos en Europe.

Thierry Breton, commissaire européen, avait déclaré sur Twitter qu’« une poignée d’acteurs occupent à eux seuls plus de 50 % de la bande passante mondiale. Il est temps désormais de réorganiser la juste rémunération des réseaux ».

La bataille est loin d’être terminée

La bataille est loin d’être terminée, les usages explosent et les tuyaux actuels n’ont pas été conçus pour absorber tout le trafic. Plus on remonte dans l’arborescence d’internet et plus le volume de données transporté augmente, la croissance est exponentielle avec les usages qui explosent.

Derrière cette bataille, un des principes les plus importants : c’est bien de la neutralité des réseaux dont il est question. Les solutions et autres offres que ces acteurs élaborent et leurs tentatives d’influencer les régulateurs ont une incidence sur les débits de votre accès Internet, sur le prix que vous allez payer pour ça, mais également sur les services que vous pourrez utiliser.

Et, justement, on ne peut pas rester neutre face au pouvoir croissant des fournisseurs d’accès à Internet. Face à cette asymétrie, on peut s’inquiéter que les nouvelles startups et offres innovantes n’aient pas le pouvoir ni l’argent de réaliser ce genre de transactions ou de construire leurs propres réseaux. Ils seront alors désavantagés par rapport à leurs concurrents les plus gros et aux opérateurs.


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