L’Europe rêve d’un Starlink maison, une ambition céleste qui peine à prendre son envol

La lente montée vers les étoiles

 
L’Europe nourrit l’ambition de créer son propre Starlink, une idée louable. Toutefois, elle s’appuie sur un consortium composé de grandes entreprises devant collaborer étroitement, tout en disposant de moins de capitaux que les États-Unis. Par ailleurs, elle doit composer avec une bureaucratie plus lourde et travailler encore sur l’amélioration de ses fusées Ariane.
Ariane 6 permettra d’envoyer les satellites européens en orbite basse

Avec le lancement de 56 nouveaux satellites en ce début de mai 2023, Starlink compte désormais 4 000 satellites en orbite terrestre, avec l’ambition d’en déployer plusieurs dizaines de milliers à terme. Ce lancement représente le 27ᵉ vol Falcon 9 de SpaceX pour cette année, ce qui signifie qu’en 2023, SpaceX procède à un lancement de fusée en moyenne tous les 4,2 jours.

Pour rappel, SpaceX a lancé ses deux premiers satellites de test en février 2018. Il a fallu environ quatre ans pour que l’entreprise commence à déployer une couverture mondiale de son réseau Starlink. D’ailleurs, SpaceX avait des avantages majeurs : une absence totale de bureaucratie et des fonds suffisants. Et, l’Europe dans ça ?

Un consortium composé d’Airbus Defence and Space, Eutelsat, SES et Thales Alenia Space

Un consortium composé de presque toutes les grandes entreprises européennes du secteur des satellites a annoncé mardi son intention de proposer une constellation de satellites pour fournir un accès internet mondial. Cette constellation offrirait à l’Union européenne une connectivité depuis l’orbite terrestre basse, comparable à celle de Starlink de SpaceX.

Cette proposition, qui inclut des acteurs importants tels qu’Airbus Defence and Space, Eutelsat, SES et Thales Alenia Space, intervient en réponse à une demande de l’Union européenne pour construire une constellation souveraine offrant des communications sécurisées pour les services gouvernementaux, y compris les applications militaires.

Le commissaire européen Thierry Breton a annoncé en novembre dernier les plans du continent pour cette constellation, appelée Infrastructure pour la Résilience, l’Interconnectivité et la Sécurité par Satellite, ou IRIS. L’Union européenne apportera 2,4 milliards d’euros, avec des contributions supplémentaires attendues de l’Agence spatiale européenne et divers investissements privés.

Les fournisseurs d’accès internet sont également là, y compris Deutsche Telekom, Hispasat, OHB, Orange, Hisdesat et Telespazio

Le partenariat annoncé mardi, qui comprend également Deutsche Telekom, Hispasat, OHB, Orange, Hisdesat et Telespazio, vise à créer une constellation de satellites de pointe basée sur une architecture multi-orbite. Bien que composé principalement d’acteurs établis, le partenariat encouragera les start-up du secteur spatial européen à rejoindre la coalition.

L’Europe estime actuellement le coût de cette constellation à environ 6 milliards d’euros et souhaite qu’elle soit prête à offrir une couverture mondiale d’ici 2027. Tous les territoires européens sont concernés par la couverture de cette constellation, y compris les îles et les territoires éloignés du continent tels que la Polynésie française.

Toutefois, le budget et le calendrier de ce projet sont probablement très ambitieux, compte tenu de la coordination nécessaire et du fait qu’il est peu probable que la fusée Ariane 6 de l’Europe dispose de la capacité de lancement supplémentaire pour mettre en orbite des centaines de satellites à partir du milieu des années 2020. D’ailleurs, la fusée Ariane 6 ne sera pas déployée avant 2024 au plus tôt.

Néanmoins, les responsables européens estiment qu’ils doivent agir. L’Europe cherche à rester un acteur majeur dans les activités spatiales. Cependant, les responsables européens ne veulent pas dépendre d’Elon Musk et de sa constellation Starlink, qui offre déjà des communications mondiales sécurisées similaires à celles que doit fournir IRIS.

Le véritable défi est de coordonner tout cela. Des questions sérieuses se posent quant à la capacité de tous ces grands partenaires à travailler ensemble et à savoir si la bureaucratie du gouvernement européen peut faire avancer ce projet rapidement en vue de l’objectif de 2027.


Retrouvez un résumé du meilleur de l’actu tech tous les matins sur WhatsApp, c’est notre nouveau canal de discussion Frandroid que vous pouvez rejoindre dès maintenant !

Les derniers articles