Gagner de l’argent grâce à la data de votre forfait mobile : l’idée astucieuse de cette entreprise française

 
L’entreprise française #dotdot veut chambouler le partage de connexion de votre smartphone en vous donnant l’opportunité de mettre en vente les gigaoctets en trop de votre forfait mobile via une connexion sécurisée.
L’entreprise française #dotdot propose de revendre vos gigaoctets non utilisés dans votre forfait mobile. // Source : Frandroid

50, 80, 100, 150, 300 Go par mois ! Les forfaits mobiles 4G et 5G sont de plus en plus fournis, particulièrement en France. Cette surenchère de data peut certes représenter un très joli argument commercial, mais en réalité, une énorme partie de cette enveloppe n’est jamais utilisée, à moins de se servir de son smartphone comme d’une box Internet à la maison… et encore, il y a sans doute encore de la marge.

Partant de ce postulat, la startup française #dotdot a vu une opportunité intéressante : proposer la « première offre au monde d’internet mobile à la demande ». Et vous pouvez potentiellement gagner un peu d’argent grâce à cette astuce. Nous avons discuté avec le cofondateur de #dotdot, Christophe Bureau, afin d’en savoir plus.

Gagner de l’argent grâce à la data en trop

#dotdot sépare ses utilisateurs en deux catégories : les « doteurs » et les « dotés ». Commençons par les doteurs. Sur l’application #dotdot disponible sur Android et iOS, ils peuvent indiquer le montant de gigaoctets qu’ils veulent bien mettre à disposition avant d’activer le partage de connexion.

Attention ce partage ne se fait pas n’importe comment. Les doteurs doivent se munir d’un boîtier vendu par la startup. Cet accessoire sert de répéteur Wi-Fi avec une portée de 100 mètres et la promesse d’une connexion anonyme plus sécurisée qu’un partage de connexion classique.

Ainsi, pas besoin de partager le mot de passe de votre point d’accès Wi-Fi et #dotdot indique que la connexion est « protégée par un brevet actuellement en phase internationale (PCT) ».

Quel intérêt pour le doteur ? Ce dernier peut agir par pur altruisme — et on reviendra sur des scénarios pensés pour les milieux associatifs –, mais il peut aussi gagner un peu d’argent. En effet, sur #dotdot, vous pouvez vendre 1 euro le gigaoctet partagé (avec 20 % de commission pour la plateforme). Christophe Bureau parle ainsi d’une « marketplace » des données mobiles. Précisons que le boîtier répéteur est vendu à 40 euros, donc il faut un certain temps pour amortir l’investissement, mais le cofondateur assure que cela peut aller assez rapidement : 40 jours si vous arrivez à vendre un gigaoctet par jour.

Le boîtier répéteur Wi-Fi a une portée de 100 mètres. // Source : #dotdot

Du côté des dotés, c’est l’opportunité d’avoir une connexion Wi-Fi plus sûre que les réseaux publics, gratuitement ou pour un prix raisonnable sans avoir à dépenser plus que nécessaire et sans abonnement.

D’aucuns se souviendront peut-être de la Fonera qui proposait un concept similaire il y a un peu moins de 20 ans.

Forfaits mobiles : pas assez ou beaucoup trop

« Aujourd’hui, l’abonnement est la règle », explique Christophe Bureau en pointant du doigt l’incompatibilité entre cet état des lieux et les besoins des consommateurs. En effet, selon l’Arcep, « un client actif sur les réseaux 4G a utilisé en moyenne 16 Go par mois de données au cours du deuxième trimestre 2024 ».

Ainsi, les personnes qui ne dépassent pas cette moyenne se retrouvent souvent à devoir choisir avec un forfait très limité à quelques centaines de mégaoctets par mois ou trop fourni avec une pléthore de datas.

En témoignent les deux forfaits sans engagements les plus accessibles chez Orange. Le premier compte 100 Mo de data, le deuxième 20 Go, sans formule intermédiaire entre les deux. C’est là que #dotdot pense pouvoir être pertinent.

Chez Orange, le forfait le moins cher ne propose qu’une enveloppe de 100 Mo, le suivant monte déjà à 20 Go. // Source : Capture d’écran

Côté technique, notez aussi que le boîtier #dotdot exploite la bande à 2,4 GHz et utilisera aussi « bientôt » celle de 5 GHz. Comptez aussi sur un débit moyen de 15 Mb/s. Pour vous donner une idée des usages que peut couvrir une connexion via le réseau #dotdot, Christophe Bureau prend l’exemple d’un film sur Netflix qui nécessite plus ou moins 1 Go en 7 Mb/s. On ne dépasse donc pas les 2 euros sur la plateforme de la startup française pour un long-métrage en SVoD.

Quels usages et quelles chances de succès ?

Sur le principe, le concept de #dotdot a forcément de quoi séduire. Évidemment, pour être pérenne, le projet doit pouvoir compter sur un nombre significatif d’utilisateurs. L’initiative étant encore toute jeune, la startup n’a pas encore de nombres à revendiquer de ce côté-là. Or, on peut forcément se demander si le succès sera au rendez-vous : est-ce que suffisamment de gens y verront un intérêt financier ?

Pour cause, le giga ne coûte pas très cher en France et l’offre de #dotdot pourrait ne pas paraître assez séduisante. En revanche, dans des pays comme les États-Unis « où le giga coûte en moyenne 6 dollars » selon Christophe Bureau, ce genre de formule à la demande peut rencontrer un certain succès.

En outre, #dotdot compte aussi adresser des usages professionnels. Par exemple, dans des usines nécessitant une bonne couverture réseau à un prix attractif pour les techniciens opérant en sous-sol, et ce, sans avoir à tirer la fibre ou à installer d’antenne.

L’application mobile #dotdot // Source : #dotdot

Il est aussi question de participer à la lutte contre la fracture numérique. Nombre d’associations tentent de venir en aide à des catégories de population qui n’ont pas forcément accès à Internet ni la maîtrise des outils en ligne. Dans cette optique, aider une personne à compléter ses démarches administratives sur Internet requiert à peu près 500 Mo selon Christophe Bureau.

On peut donc imaginer des scénarios où une association investit une seule et unique fois 40 euros dans le boîtier pour que les bénévoles partagent ensuite gratuitement leurs données mobiles excédentaires. Selon les situations, il n’y aurait donc pas besoin de box Internet ni de forfait mobile onéreux pour pourvoir tout le local d’un bon réseau et couvrir tous les besoins.

Christophe Bureau estime aussi que les campus universitaires représentent un potentiel prometteur pour #dotdot puisqu’il s’agit de zones densément fréquentées avec un public qui aura tendance à maîtriser ses coûts.

Fabrication presque 100 % française

Enfin, #dotdot met en avant une conception presque intégralement française. Le boîtier qui sert de hotspot Wi-Fi est fabriqué en plastique recyclé dans l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, dans le cadre de l’incubateur spécialisé dans l’économie circulaire. La carte électronique à l’intérieur vient quant à elle de Lille.

Hormis la batterie qui vient de Chine, l’ensemble du boîtier vendu par #dotdot est fabriqué en France // Source : #dotdot

L’axe d’amélioration sur ce volet concernera plutôt la batterie qui vient de Chine — et force est d’admettre qu’en 2024 il est difficile d’en faire autrement tant le géant asiatique maîtrise toute la chaîne de valeur.

La startup #dotdot tentera d’attirer un maximum de lumière sur elle pendant le CES 2025 où elle se targue déjà d’être une des lauréates des innovations du plus grand salon tech au monde dans la catégorie « Villes intelligentes ». C’est dans la foulée que la plateforme se lancera en bonne et due forme pour tenter de trouver son public.

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