« Il y a un opérateur de trop, mais personne n’est d’accord pour vendre », observait un membre du secteur des télécoms en juin dernier, alors que des discussions probables entre Bouygues Telecom et SFR animaient les foules. En 2019, l’idée d’un marché à 3 opérateurs continue de faire son chemin, d’autant que le PDG d’Altice Europe, Alain Weill, prophétisait en fin d’année dernière qu’une consolidation était à prévoir « assez rapidement ».
Ce jeudi 10 janvier, alors que les regards sont tournés vers Las Vegas et le Consumer Electronics Show, deux hommes ont déjeuné ensemble dans un restaurant parisien à en croire les sources de Challenges. Un évènement plus que banal qui prend néanmoins une tout autre dimension lorsque l’on sait qu’il s’agit de Dexter Goei, président d’Altice (maison-mère de SFR) et de Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad-Free.
Le retour des rumeurs
Avec l’attribution des fréquences 5G qui approche à grands pas (en avril de cette année), cette rencontre entre deux hauts dirigeants des télécoms présage pour certains d’un rapprochement rapide entre les deux entreprises, d’une façon ou d’une autre. Une situation pourtant difficile à envisager en se rappelant que le même Thomas Reynaud affirmait il y a un mois de cela que « le marché peut rester à quatre opérateurs » et que « Free ne sera pas le déclencheur de cette consolidation », le quatrième opérateur ayant plutôt « vocation à rester indépendant ».
Il reste tout de même une hypothèse qui resterait compatible avec l’ensemble de ces affirmations. En effet, dans le cas d’un rapprochement initié par deux autres opérateurs (au hasard, SFR et Bouygues Telecom), Free pourrait servir de troisième larron en récupérant quelques actifs au passage et éviter qu’un opérateur se retrouve en position trop favorable sur le marché, ce qui nuirait à la concurrence. Pour le jeune opérateur ayant encore un réseau incomplet, ce serait une aubaine.
Comme un air de déjà-vu
Ces cinq dernières années, ce sont 5 ou 6 tentatives de consolidation qui ont eu lieu, mais seul le rachat de SFR par Altice (Numericable) — sur le fixe — a finalement abouti. Ce n’est d’ailleurs par la première fois qu’un rapprochement entre SFR et Free est évoqué.
En 2012 déjà, des analystes financiers imaginaient que les deux entreprises pouvaient trouver une certaine complémentarité et les liquidités de Vivendi — alors propriétaire de l’opérateur au carré rouge — permettaient d’envisager le montage. Pourtant, Challenges annonçait alors à l’époque que « SFR est un actif difficile à vendre ou à mettre en Bourse ».
Mais toutes ces rumeurs oublient peut-être également le plus important : derrière ces deux hommes d’affaires qui brassent des millions, il y a également des humains. Des humains qui se connaissent de longue date pour avoir travaillé dans le secteur bancaire à l’époque. N’ont-ils pas le droit de déjeuner ensemble sans arrière-pensée ?
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