5G : le dispositif « anti Huawei » retarde le déploiement en France

L'administratif français est toujours aussi lent

 
Face aux craintes concernant Huawei et la sécurité, le gouvernement français a mis en place une validation du matériel voulu par les télécoms auprès de l’Anssi. Cependant, l’administration est lente et certains acteurs craignent une manipulation.

Face à la situation entre Huawei et le gouvernement américain, l’administration française a été moins virulente que Donald Trump et son administration. Plutôt que de bannir l’acteur, tout de même très important sur le marché télécom français, elle a mis en place une consultation obligatoire de sécurité auprès de l’Anssi souvent appelé le dispositif « anti Huawei ».

Les opérateurs doivent donc faire vérifier leur équipement auprès de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information pour validation, leur permettant ensuite de les utiliser. Cependant, cette nouvelle démarche n’est pas forcément extrêmement bien reçue comme le note le journal Les Échos.

L’Anssi traîne la patte pour certains opérateurs

Cette autorité a deux mois pour fournir son avis sur l’équipement. Cependant, plusieurs sources indiquent que le processus est moins rapide qu’espéré, et mettent en avant le fait que l’Anssi renvoie souvent le dossier pour de multiples précisions type « comptez-vous activer toutes les fonctionnalités ? », « avez-vous déjà testé ces équipements ? » ou « pouvez-vous nous envoyer la carte considérée pour la demande ? ».

Ce genre de demande n’est pas forcément déraisonnable, mais leur multiplication rend les opérateurs furieux. Selon les sources de Les Echos, certains pensent que l’Anssi a un plan derrière la tête : « s’ils cherchent à gagner du temps de cette façon, c’est une erreur. Un tribunal ne leur donnerait jamais raison, la jurisprudence est très claire. »

L’inquiétude est que l’Anssi traîne délibérément les pattes alors qu’une absence de réponse au bout de deux mois vaut pour refus dans le cadre de la loi anti Huawei. Cependant, cette règle ne s’applique que sur les dossiers considérés comme complets. Aussi, ces retours à l’envoyeur pour des prétextes n’étant pas satisfaisants pour les opérateurs sont vus comme des « manœuvres dilatoires » mises en place pour ralentir les opérateurs.

Pourquoi l’Anssi chercherait à ralentir cela ? Une raison politique : ne pas avoir à refuser publiquement un équipement avant que les enchères sur les fréquences 5G ne soient terminées. Un refus pourrait conduire à une baisse des mises aux enchères, et donc de budget pour le gouvernement. Pour un spécialiste interrogé par Les Echos, dans cette situation, « certains opérateurs attendent impatiemment un refus implicite pour pouvoir attaquer en justice. »

Dans ce contexte particulier, deux acteurs sont particulièrement impactés : SFR et Bouygues, qui utilisent déjà tous deux les antennes Huawei. Orange n’en fait pas partie, mais a déjà montré son intérêt pour les technologies de l’acteur chinois et souhaite avoir la liberté de faire appel à lui. Free est peut-être le mieux placé d’entre tous, puisqu’il ne fait appel qu’à l’acteur finlandais Nokia. À terme, sous cette dynamique, le quatrième opérateur pourrait ainsi être favorisé par le contexte politique pour développer son réseau en avance sur ses concurrents.


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