Tesla : on a testé le volant Yoke sur plusieurs milliers de km, voici notre avis

To Yoke or not to Yoke ?

 
Plusieurs semaines après avoir effectué l’installation du volant Yoke sur notre Tesla Model 3, c’est l’heure du bilan. Est-ce un changement qui est intéressant une fois que l’effet de la nouveauté se dissipe, ou alors préférerions-nous revenir sur un volant traditionnel ?
Le Yoke sur Tesla Model 3 // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Note importante

Avant toute chose, si l’envie vous prend d’installer un volant dit « Yoke », ou du moins une imitation, prenez absolument contact avec votre assurance pour connaître leur position vis-à-vis de ce nouvel équipement.

Le volant installé dans notre Model 3 n’apporte aucun changement d’un point de vue fonctionnel : c’est purement esthétique. Dans ce cas, les garanties promises par l’assurance sont toujours valables.

On vous conseille dans tous les cas d’effectuer une vérification auprès de votre organisme. Sachez aussi que Tesla n’a aucune responsabilité, puisque le véhicule a été modifié après livraison et que le volant installé n’a pas été certifié par le constructeur américain.


Il y a maintenant quelques semaines, nous vous avions présenté le volant au format « Yoke » pour Tesla Model 3. Après l’installation de ce Yoke dans notre voiture et plusieurs milliers de kilomètres parcourus sur tous types de routes, il est temps de dresser un bilan sur ce changement, et de voir si le futur des volants sera difficile ou non à adopter.

Réinventer la roue

Tesla est connue pour parfois proposer des changements radicaux qui font débat : couper le volant en deux en fait certainement partie. On peut notamment penser à la présentation de la Tesla Model 3 en 2016, où l’unique écran central a fait couler beaucoup d’encre. Cinq années plus tard toutefois, c’est bien plus aisément accepté.

L’intérieur de la Tesla Model S // Source : Tesla

Ainsi, en annonçant une Tesla Model S avec un Yoke en janvier 2021, Tesla était clairement en avance sur son époque. Mais neuf mois plus tard, qu’en est-il ? Est-il probable que ce format inédit fasse son apparition sur les autres véhicules de la marque, à l’image du Cybertruck et du Roadster par exemple ? Rien n’est moins sûr.

En attendant cette future éventualité, nous avons souhaité nous plonger dans cette expérience en conditions réelles, avec un Yoke sur une Tesla Model 3. Et bien entendu, un changement si radical pour un objet qui est rond (ou presque) dans tous les véhicules que l’on peut conduire, demande un temps d’adaptation.

Oubliez la conduite avec une main en haut du volant // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Pour les personnes qui ont l’habitude de conduire avec une ou deux mains situées sur la partie haute d’un volant, il faudra faire un travail conséquent pour acquérir de nouveaux automatismes, sans quoi l’expérience sera nécessairement négative.

Une position de conduite à revoir

Ce qui est flagrant lors des premières prises en main, c’est que le Yoke paraît plus large qu’un volant classique. En effet, contrairement à un cercle quasi parfait sur le volant d’origine, nous avons ici une forme très rectangulaire, et aussi large dans sa partie basse que sur le haut. Cela force bien souvent à remonter le volant pour ne pas qu’il touche les jambes du conducteur lors des manœuvres.

Un volant « Yoke » dans une Tesla Model 3 // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Une fois le Yoke légèrement rehaussé pour pouvoir le tourner sans encombre, les premiers tours de roue révéleront une nouvelle évidence : en plus d’aller plus bas qu’un volant classique lorsqu’il est tourné à 90 degrés, il faut lever sa main bien plus haut pour attraper le Yoke. Des centaines de milliers de kilomètres d’automatisme seront chamboulés pour ceux qui prennent en main cette forme de volant pour la première fois, à n’en pas douter.

Les premiers jours, il n’est pas rare de « manquer » le volant lorsqu’on fait plus d’un tour et que l’on souhaite modifier la position de ses mains, mais c’est un phénomène qui se dissipe très rapidement. En prenant plusieurs dizaines de ronds-points quotidiennement, en moins d’une semaine, les nouvelles habitudes ont rapidement été prises.

Les manœuvres de parking sont ce qui demandait le plus d’adaptation. Mais encore une fois, cela dépendra grandement de la manière dont vous les faites avec un volant classique. Certains conducteurs effectuent leurs manœuvres avec une seule main, en actionnant le volant avec leur paume par exemple : ceux-là seront très peu bouleversés par le Yoke.

Dans un rond-point avec le Yoke // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Toutefois, ceux qui — comme le rédacteur de cet article — avaient l’habitude de laisser « glisser » le volant entre leurs mains pour le récupérer dans une position adéquate devront revoir leur copie, bien évidemment. Il a été nécessaire de travailler sur une nouvelle mémoire musculaire pour être à l’aise dans les manœuvres à basse vitesse afin d’attraper le Yoke presque à coup sûr, et ne plus tomber sur une partie inexistante de ce volant rectangulaire.

Une vue de l’environnement sans obstruction

Une fois les premiers jours passés et les nouvelles habitudes prises, nous pouvions alors profiter pleinement du Yoke et de son principal attrait, libérant ainsi le seul obstacle visuel restant dans la Tesla Model 3, à savoir la partie haute d’un volant rond. La conduite devient plus engageante, et en étant forcé de tenir le volant « à 9 heures 15 », plus question d’être tenté d’avoir une mauvaise position de conduite. C’est particulièrement agréable lors de parcours longs sur autoroute, en particulier en Autopilot.

La position de conduite avec les mains à 9 heures 15 // Source : Bob Jouy pour Frandroid

En effet, pour que l’Autopilot de Tesla fonctionne sans encombre, il est nécessaire de tenir le volant, en lui appliquant une petite pression. Avec le volant d’origine, il n’est pas aisé de laisser une main reposée sur la partie basse, justement à cause de l’arrondi trop prononcé. Sur un Yoke par contre, il y a largement la place pour poser sa main sur la partie plate de manière très confortable, ce qui en fait un point positif.

Sur route sinueuse, la conduite devient très engageante : on se sent davantage connecté avec le véhicule et la sensation globale est excellente. Il est probable que ceux qui n’ont pas essayé de Yoke aient des doutes, comme ce fut mon cas avant, mais une fois les nouvelles habitudes prises, on ne souhaite pas revenir en arrière.

Et pour la suite, allons-nous garder le Yoke ?

Possédant toujours le volant d’origine de notre Tesla Model 3, il serait très aisé de revenir en arrière et abandonner le Yoke. Pour autant, nous allons continuer avec ce nouveau format, car une fois la phase d’apprentissage franchie, les points positifs dépassent aisément les points négatifs. C’est sans doute là-dessus que Tesla a misé en proposant ce Yoke sur les nouvelles Model S et Model X, qui sont toujours attendues pour le début 2022 en Europe.

Le constructeur ne souhaitait pas que ses clients des véhicules les plus onéreux regrettent leur choix et Elon Musk lui-même indiquait qu’après quelque temps à conduire avec un Yoke, il en pensait du bien. Et c’est globalement ce qu’il faut garder à l’esprit quand on a des doutes concernant ce format de volant : sans l’avoir essayé, on s’imagine nécessairement que c’est moins bien qu’un volant classique. L’expérience montre pour le moment que ce n’est pas le cas.

Pour le moment, sur la Tesla Model 3 que nous possédons, le Yoke est présent, mais une différence de taille subsiste par rapport à ce qui est proposé dans les Tesla Model S et Model X par le constructeur : les commodos. En effet, le commodo de gauche pour les clignotants tombe parfaitement sous les doigts en position « 9 heures 15 ». Lorsque le Yoke est tourné, le commodo ne bouge pas, ce qui représente un repère inamovible facile à atteindre. Sur le Yoke des Tesla Model S par contre, les commodos ont disparu et les commandes sont toutes déplacées sur le volant lui-même.

Le Yoke de la Tesla Model S, avec les clignotants sur la gauche du volant // Source : Tesla

Ainsi, actionner un clignotant quand le volant n’est pas en position droite nous pousser à aller chercher une pièce mouvante, rendant toute mémoire musculaire inefficace. C’est un point qui aujourd’hui, sans pouvoir le tester, me paraît négatif sur la proposition de Tesla. Dans un rond-point où l’on se dirige à gauche, remettre son clignotant à droite pour sortir lorsque le Yoke est à 90 ou 180 degrés demandera un effort non négligeable.

Mettre le clignotant même quand le Yoke est à l’envers n’est pas un problème // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Le futur permettra de voir si nous avons raison d’être sceptiques sur cette forme de volant, ou si Tesla avait vu juste et que l’immense majorité des retours seront positifs. Pour le moment en tous cas, le constructeur semble avoir fait le bon choix sur le design du Yoke, et notre expérience le confirme : on continue avec le Yoke sur notre Tesla Model 3.

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