Depuis plus d’une dizaine d’années, une vague de nostalgie s’abat sur nos contemporains avec une appétence particulière pour les années 80. De Stranger Things, aux Gardiens de la Galaxie, de nombreuses œuvres de la pop culture mettent en scène ces années et les objets qui faisaient leur quotidien. Certains sont devenus iconiques, tel que le baladeur à cassette ou Walkman comme Sony l’a popularisé. Cet objet est un symbole à lui seul, synonyme de liberté, c’est véritablement l’ancêtre du nomadisme musicale. Toutefois, la cassette audio a périclité avec l’arrivée du CD, pour quasiment disparaître en moins de dix ans.
« Quasiment », car un petit groupe d’irréductibles utilisateurs a continué à faire vivoter ce format… jusqu’au retour en grâce de la K7 que nous connaissons depuis quelques années. En effet, surfant sur la vague de nostalgie des artistes comme Lady Gaga ont sorti des albums dans ce format et Universal réédite en analogique des compilations de grands noms de la chanson française.
De quoi faire exploser les chiffres de ventes, bien que les volumes restent environ 1000 à 2000 fois moindres qu’à la grande époque. Un mouvement qui, comme pour le vinyle, est porté principalement par ceux qui n’ont aucunement vécu les années K7, les moins de 30 ans. De là à penser que la dématérialisation crée un manque d’objet physique chez ces générations, c’est un sujet que nous ne traiterons pas ici.
Si les lecteurs de cassette, neufs ou d’occasions, ne manquent pas, les baladeurs à cassette sont devenus plus rares, voire des pièces de musée. We Are Rewind se propose de combler ce manque en se présentant comme le premier lecteur de cassette audio Bluetooth. Il apporte un peu de modernité dans un écosystème très analogique, mais cela suffit-il à en faire plus qu’un objet de Hype ?
Fiche technique
Bluetooth | Oui |
Format | 140,8 x 88,8 x 33,5 mm |
Poids | 404 grammes |
Cassettes audio | Type I à IV |
Mini-jack | Oui |
Autonomie | 12 heures |
Ce test a été réalisé à partir d’un produit prêté par la marque.
Design : minimaliste et des mensurations très 80s
We Are Rewind est un produit qui a été lancé en financement participatif par des Français, avec une fabrication en chine. Dès le départ, les concepteurs ont assumé de jouer la carte de la nostalgie. Tout en surfant sur la curiosité d’un jeune public, qui a été initié au format cassette par le cinéma, les séries ou via de vagues souvenirs de leur tendre jeunesse. Le résultat est un objet qui est une franche réussite de design minimaliste. Il n’est pas sans faire penser au style scandinave des années 60 et se rapproche esthétiquement des premiers produits du genre. Il affiche des lignes franches et anguleuses : ici aucune courbe, la droite est reine. Sa coque en aluminium est très bien conçue et tout aussi agréable au toucher.
Alors que les baladeurs à cassette de la fin des années 80 étaient très compacts avec parfois moins d’un 1,5 cm d’épaisseur, ici c’est tout le contraire. Ses dimensions sont 8,88 x 14,08 x 3,35 cm, très proches de celles du tout premier Walkman Sony sorti en 1979, le TPS L2 (9 x 15 x 3,5 cm). Les boutons sur la tranche supérieure sont assez proéminents, soulignant la volonté old-school des designers. La qualité de fabrication est de bon niveau, mais ne propose aucune protection contre l’eau ou les poussières.
Nous sommes donc face à un produit au style affirmé, ludique, mais dont le minimalisme ne plaira pas à tous. De plus, il y’a ici la volonté d’en faire autant un lecteur de cassette portable qu’un objet de décoration. Ce qui ne peut que nuire à ses velléités de nomadisme, surtout avec un poids de 404 g.
Ergonomie : à l’ancienne ou presque
Ce produit est assez encombrant et ne propose pas de système d’accroche à la ceinture. Il prendra donc de la place dans votre sac et l’alourdira sensiblement, à moins que vous ne préfériez « l’afficher » ostensiblement, en le tenant toujours à la main. Sur la tranche supérieure, nous avons quatre gros boutons noirs pour les commandes de lecture, un gros jaune pour lancer un enregistrement et un petit dernier noir pour l’appairage Bluetooth. À la suite, nous avons deux petites LED, la première indique l’état du Bluetooth, clignotant bleu pour le mode appairage et fixe quand la connexion Bluetooth est effective.
La seconde LED s’allume en rouge quand le niveau de batterie devient critique. Sur la tranche droite se trouve une molette pour régler le volume, une sortie casque jack 3,5 mm et une entrée audio jack 3,5 mm. Cette liste se termine par un port USB3-C qui ne sert qu’à recharger la batterie.
L’appairage avec un casque ou une enceinte Bluetooth est très simple. Il suffit de réaliser un appui long sur le bouton dédié et attendre que la LED assignée au Bluetooth clignote. Vous aurez auparavant désactivé le Bluetooth de votre téléphone et des produits audio aux alentours, sinon, ils risquent de brouiller la connexion au casque ou à l’enceinte désirée. Le lien devrait alors se faire automatiquement en moins de 10 secondes. Si vous éteignez votre casque et le rallumez ensuite, la connexion devrait s’effectuer automatiquement. Sinon, vous devrez reprendre la procédure de zéro, ce qui nous est arrivé deux fois sur cinq environ.
La qualité audio : la nostalgie plus forte que nos oreilles ?
Si le vinyle a fait son grand retour, c’est autant par nostalgie que pour la qualité du son. En effet, bien qu’analogique, le vinyle offre un son précis, avec une belle dynamique et, selon les oreilles, un rendu moins « froid », plus « chaleureux » que la musique numérique. À cela, s’ajoutent la simplicité d’utilisation et le plaisir qu’offre l’objet, nous parlons ici autant du disque que de la platine.
Avec la cassette audio, la situation est très différente. En effet, dans le meilleur des cas, vous aurez à l’oreille l’équivalent d’un MP3 en 64 kbps, mais pas beaucoup mieux. Ajoutez à cela que la bande magnétique subit des dégradations dans le temps. Cela peut être dû à l’usure naturelle ou à un épisode de bande avalée. Dans ce dernier cas, vous aurez beau être délicat pour la retirer, il restera des traces physiques qui influeront sur la qualité sonore. De plus, si vous laissez une cassette audio à côté d’un champ magnétique — comme un gros aimant ou une enceinte mal isolée — elle peut voir son contenu effacé.
Aucune personne normalement constituée ne peut à l’aveugle dire qu’une cassette audio offre un bon son. Une qualité audio médiocre selon nos critères, au point que son créateur Lou Ottens disait lui-même ne pas comprendre ce renouveau, le trouvant même « absurde » avant de porter l’estocade — « Je crois que les gens entendent surtout ce qu’ils veulent entendre » — quand on lui parlait de la qualité audio de la K7 (NRC Handelsblad 15/02/2018). Si ce format connaît un véritable renouveau, les raisons de cet engouement sont à chercher ailleurs que dans la qualité audio.
L’usage : 80s style
Nous avons donc écouté de la musique plusieurs jours avec le We Are Rewind au lieu d’utiliser notre smartphone préféré. Difficile d’être trop critique sur l’ergonomie. Les boutons sont de belle taille, ferme, mais pas trop durs. Le produit se range dans un petit sac ou se tient dans la main. La connectivité Bluetooth est de qualité, aucune microcoupure n’est à noter. Nous ne connaissons pas la version utilisée pour le Bluetooth ou les codecs audio proposés, mais ici avec un format aussi pauvre qualitativement, cela n’a pas beaucoup d’importance, a fortiori si vous décidez de vous la jouer réellement old-school, et que vous optez pour un casque filaire.
Notez que la molette de gestion du volume manque un peu d’amplitude à notre goût. L’enregistrement est très simple, il vous faudra juste des cassettes audio vierges. Comptez entre 10 et 15 euros pour un lot de cinq cassettes vierges de 90 min chacune. Ensuite, la connexion à la source se fait via un câble double jack 3,5 mm livrés dans la boîte, puis il suffit d’appuyer sur le bouton jaune pour lancer l’enregistrement pour vous amuser à créer vos propres mixtapes.
S’amuser est vraiment le bon verbe, car avec le We Are Rewind le plaisir d’usage est surtout ludique et empreint de nostalgie. Le journaliste qui écrit ce test a connu cette époque et c’est avec beaucoup de plaisir qu’il a utilisé ce produit. Toutefois, passées les premières 24 heures, il y a une certaine lourdeur qui s’installe. Revenir en arrière est difficile, surtout que, pour accentuer l’aspect old-school, le We Are Rewind n’est même pas autoreverse (il faut retourner manuellement la cassette). De plus, avec un casque audio de bon niveau, difficile de se contenter de la qualité audio de la K7.
Nous l’avons ensuite laissé quelques jours entre les mains d’une femme de 25 ans, d’un trentenaire et d’un petit groupe de 5 ados entre 12 et 16 ans. Dans la majorité des cas, c’est le côté ludique, décalé de la cassette audio qui ressort. Ils se sont adaptés sans mal, et rembobiner pour réécouter un morceau, ou passer plusieurs minutes à en identifier un autre sur la bande est devenu un jeu. Reste que cela est surtout de la hype, à l’instar du crayon livré avec le baladeur, mais qui se révèle trop petit pour rembobiner une cassette… La baisse de qualité audio ne leur a pas toujours sauté aux oreilles et dans le cas contraire, ils nous ont expliqué que cela faisait partie du « charme ».
Enfin, niveau autonomie nous avons une batterie qui permet de lire une dizaine de cassettes de 90 minutes d’affilée. Difficile d’être plus précis, car, en fonction de vos usages, de l’utilisation de l’avance ou retour rapide, l’autonomie peut fortement varier.
Prix et disponibilité
Le We Are Rewind est disponible au prix de 149,99 euros sur le site de We Are Rewind et auprès de revendeurs partenaires.
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