La toute récente marque premium du géant chinois Geely, créée en 2021, s’apprête à attaquer le marché européen avec deux modèles. Nous avons déjà publié nos impressions à bord du petit crossover X. Voici le moment de prendre pour un court essai le volant du flagship de la marque, le grand break de chasse Zeekr 001, en attendant son lancement estimé à fin 2024 dans notre pays.
Alors qu’il promet dans sa version ultra-haut de gamme plus de 1 000 km d’autonomie sur le cycle chinois CLTC, ici, nous avons droit à une version plus “normale”, forte déjà de 580 km d’autonomie sur le cycle mixte européen WLTP. La question est de savoir si cette très élégante voiture offre des prestations au niveau de son design. Réponse avec sa version haute, forte de deux moteurs, 544 ch et une suspension pneumatique active.
Fiche technique
Modèle | Zeekr 001 |
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Dimensions | 4,95 m x 1,999 m x 1,548 m |
Puissance (chevaux) | 544 chevaux |
0 à 100km/h | 3,8 s |
Niveau d’autonomie | Conduite semi-autonome (niveau 2) |
Vitesse max | 200 km/h |
Taille de l’écran principal | 14,7 pouces |
Prise côté voiture | Type 2 Combo (CCS) |
Prix entrée de gamme | 43000 euros |
Prix | 59 990 € |
Essayez-la | Fiche produit |
Design : une voiture unique
Clairement, nettement, indéniablement, le design est un des atouts forts de la Zeekr 001. C’est même d’ailleurs lui qui est en partie responsable de la naissance de la marque, puisqu’il s’agissait au départ d’un projet développé pour Lynk&Co, dont on reconnaît la signature lumineuse à deux niveaux sur la face avant. Les managers de Geely ont trouvé un tel potentiel premium à ce modèle qu’ils ont décidé “simplement” de lui créer une nouvelle marque aux côtés de Volvo, Polestar ou Lotus… On est comme ça chez Geely, prêt à créer des start-ups automobiles, avec derrière, la puissance d’un groupe solide.
La partie arrière de la 001 fait un large usage de LEDs en trois dimensions qui lui offrent là aussi un air sophistiqué, complété par l’éclairage du logo, une nouvelle mode qui ne fait pas l’unanimité. Un soin du détail réalisé sous la direction du designer en chef de la marque, Stefan Sielaff, ex-Bentley et Audi. Une obsession du style qui n’a pas empêché de parfaire l’aérodynamique de l’auto, qui affiche un excellent coefficient de traînée (Cx) de 0,23. Ce qui devrait permettre de maîtriser la consommation.
Avec un gabarit de limousine, la 001 en impose, mais la finesse de ses lignes ne laisse pas deviner ses dimensions XXL : 4,95 m de longueur pour 2 m de largeur ! Comme elle est assez basse (1,56 m) et très élancée, elle affiche des allures de break de chasse (shooting brake en anglais) avec son hayon assez vertical. Un bel équilibre visuel qui séduit au premier regard, bravo. De quoi se hisser au niveau d’un Tesla Model S, Mercedes EQE ou BMW i5 même si, nous le verrons plus loin, les tarifs demandés par la marque chinoise sont nettement en deçà.
Habitabilité : beaucoup d’espace
Un cran en-dessous pour le côté spectaculaire, l’habitacle joue une carte de chic moderne et sobre. Mais pas triste pour autant, le noir ne faisant pas partie de sa palette de couleurs, préférant les beige et bleu moyens, avec des touches métalliques légèrement dorées.
Les matériaux sont très plastiques, mais de qualité, avec des assemblages semblant irréprochables. C’est propre et net, mais pas directement comparable cependant avec les meilleures productions des premium établis, comme les allemandes. On ne trouve que quelques touches d’accès direct, tactiles, sur la console centrale, permettant d’ouvrir la boîte à gants, le coffre, de commander le désembuage et les feux de détresse.
La position de conduite est plus en hauteur que ce à quoi on aurait pu s’attendre au vu de la carrosserie, mais c’est plutôt un confort et on ne pâtit pas pour autant d’une garde au toit trop faible. L’espace ne manque pas, à l’avant comme aux places arrière, bénéficiant de l’empattement de 3 mètres.
Si les sièges avant ne sont pas au plus bas, les passagers du rang 2 pourront glisser leurs jambes en-dessous pour s’allonger encore mieux, bénéficiant à fond des dossiers réglables électriquement et de la fonction chauffante, le cas échéant. Du côté droit, en haut de gamme, il est possible de commander depuis l’arrière le siège passager avant, en mode limousine. La classe.
Le toit panoramique de série sur toutes les versions assure une belle luminosité. Les passagers arrière bénéficient aussi de leur propre commande de climatisation via un petit écran tactile de 5,7 pouces.
Côté coffre en revanche, il faudra rester raisonnable : le volume de 539 litres est juste correct au vu de la taille de l’auto. Le petit frunk permet quant à lui de ranger le câble de recharge, plus quelques affaires plates.
Infodivertissement
Le dessin assez épuré de la planche de bord fait naturellement la part belle à son écran d’info-divertissement (15,4 pouces), complété d’un écran d’instrumentation de 8 pouces devant le conducteur indiquant les informations de base (vitesse, autonomie, kilométrage, mode engagé, heure, messages d’erreur éventuels) et d’un affichage tête haute de bonne taille (14,7 pouces).
Le système d’info-divertissement sur base Android avec un système d’exploitation maison a l’air plus intéressant que nombre de différentes productions chinoises, pas toujours au top. Fluide à utiliser et semblant assez instinctif dans notre version de test, il est basé sur un solide processeur Qualcomm Snapdragon 8155 avec des processeurs gravés en 7 nm, 16 Go de mémoire flash et 128 Go de stockage et une connexion 5G intégrée. De quoi voir venir au fil des différentes mises à jour à distance.
Un service nommé Connect premium donne accès à des fonctionnalités comme le karaoke ou le streaming de musique ou de vidéos, gratuitement pour la première année, mais coûtant ensuite 99 euros par an. Le Zeekr App Store (avec Harman Ignite) propose différentes applis.
Enfin, un assistant virtuel intelligent, incontournable dans les voitures chinoies, est de la partie et la recharge par induction est naturellement intégrée. Une fois hors de la voiture, l’appli Zeekr Connected Mobile App prend le relais et propose, comme les autres, l’ouverture/fermeture à distance, le contrôle de la climatisation, la programmation de la recharge, entre autres fonctionnalités.
Conduite : une limousine un poil sportive
Visuellement comme sur le papier, on pourrait s’attendre à avoir une Zeekr 001 franchement sportive. Elle affiche ainsi, dans ses versions pourvues de deux moteurs synchrones à aimant permanent nouvelle génération, une accélération de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes grâce aux 544 chevaux disponibles et au couple de 686 Nm, pas moins. Mais même si ses performances ne sont pas en question (en même temps, il y a tellement de modèles électriques capables de coller leurs passagers aux sièges…), l’esprit sportif n’est pas là. Cela n’est pas un défaut pour une une quasi limousine familiale, simplement un constat.
Au volant de notre version haut de gamme Privilege, bénéficiant d’une suspension pneumatique active, nous avons apprécié la rigueur de son comportement très sûr, sa capacité à effectuer des dépassements éclairs, mais moins ses velléités en mode Sport avec une suspension alors abaissée et trop durcie pour rester un minimum confortable.
Là n’est pas l’esprit de cette auto plutôt GT, tillée plutôt pour de longs trajets à bonne vitesse et en tout confort. L’obsession du patron européen de la marque, Spiros Fotinos (ex-Lexus) est d’ailleurs d’aller chercher les conducteurs de gros diesel premium, ce qui colle bien à cet état d’esprit.
La plateforme électrique modulaire SEA sur laquelle la 001 (et la petite sœur Zeekr X) est basée offre des sensations de conduite très agréables, malgré une masse conséquente de 2 350 kilos dans notre version d’essai. Nous avons apprécié par exemple le naturel de la direction, un peu moins le feeling au freinage comme au lever de pied, avec le freinage régénératif maximum, arrivant avec un temps de retard et difficile à doser du coup. Pas de conduite à une pédale pour le moment en revanche.
Malgré des immenses jantes de 22 pouces, le confort (hors mode Sport, vous aurez compris) est bien préservé, autant que le silence à bord, si ce n’est quelques bruits de roulement un peu présents.
Nous avons relevé une raisonnable consommation mixte autour des 20 kWh/100 km, dans des conditions de roulage mixte tranquille, contraints par les limitations drastiques en Suède. La prise en mains est étonnamment rapide pour un engin de ce gabarit, et on se sent vite à l’aise à son volant.
Côté aides à la conduite, on n’évite pas les travers modernes avec une alerte de survitesse agaçante à enlever à chaque fois qu’on prend l’auto, et une alerte de franchissement de ligne tout aussi énervante, mais impossible à ce stade à retirer…
Pour tester l’efficacité de la collaboration avec Mobileye (Intel), le grand spécialiste des caméras pour la conduite autonome, il faudra revenir au volant de la 001 : elles étaient encore trop loin de leur mise au point de série le jour de notre essai pour que les ingénieurs décident que nous puissions les tester. Dommage, car la marque promet une conduite semi-autonome de niveau 2 (avec régulateur de vitesse adaptatif et centrage dans la voie), et le matériel permettra même d’aller chasser sur la conduite autonome de niveau 3.
Autonomie, batterie et recharge
Une seule batterie à la chimie NMC (Nickel Manganèse Cobalt) est prévue, du moins au début de la commercialisation de la 001 en Europe. Fournie par le leader chinois CATL, elle assure une très belle capacité nette de 96 kWh (100 kWh bruts) sous une tension de 400 volts, loin des quelque 140 kWh de la fameuse version à 1 032 km d’autonomie vendue en Chine en édition limitée. Il convient de relativiser cependant cette autonomie, aux normes chinoises, puisque cette version devrait plutôt tourner autour de 900 km d’autonomie en Europe.
L’autonomie selon la norme habituelle européenne WLTP se monte à 620 km maximum dans la version propulsion européenne, et 580 à 590 km en versions à deux moteurs et traction intégrale vendues ici, avec des consommations homologuées entre 18,2 et 18,5 kWh/100 km en prenant en compte les pertes liées à la recharge. Des valeurs qui situent ce modèle parmi les bons élèves de la hiérarchie électrique actuelle.
Le chargeur embarqué des trois versions est toujours de 22 kW, tandis que la puissance de charge DC maximale est limitée à 200 kW. Résultat, il faut compter 30 minutes pour repasser de 10 à 80 % sur une borne rapide, et 5,5 h sur une wallbox AC de 0 à 100 %. Des performances tout à fait au goût du jour si on prend en compte la très grosse capacité de la batterie.
Prix, disponibilité et concurrence
Les prix définitifs de la Zeekr 001 pour la France ne sont pas encore connus, c’est logique puisque le lancement ne devrait pas intervenir avant la fin 2024 dans nos contrées. Mais la 001 est d’ores et déjà commercialisée en Suède, pays de ses centres de recherche et développement et design (à Göteborg, où nous avons testé l’auto), ainsi qu’aux Pays-Bas, où son nouveau siège européen sera bientôt ouvert.
Là-bas, elle est affichée déjà officiellement à partir d’un peu moins de 60 000 euros (59 490 euros exactement), ce qui ne lui permettrait pas d’avoir droit au bonus écologique de 5 000 euros français. Admettant qu’il ne soit pas de toute façon réservé aux voitures européennes au moment du lancement. Il faut compter 62 490 euros pour la première version à double moteur, et donc transmission intégrale, et 67 490 euros pour notre modèle d’essai haut de gamme, avec la suspension pneumatique, les sièges massant et la sono Yamaha améliorée avec 12 haut-parleurs au lieu de 8.
Cerise sur le gâteau, les clients qui suivront l’entretien annuel bénéficieront d’une garantie doublée pour atteindre 10 ans et 200 000 km !
Face à elle, cette grande routière premium, performante et autonome se trouve face à des concurrentes aux tarifs autrement plus gourmands, à commencer par la Tesla Model S, qui débute désormais à 106 490 euros avec ses 723 km d’autonomie !
Parmi les premium, la Mercedes EQE est la moins inabordable, avec un prix de base de 69 900 euros pour juste 245 ch et 611 km d’autonomie, alors que la future BMW i5 débute à 76 200 euros (340 ch et 582 km d’autonomie).
Les tarifs pratiqués par Zeekr sont plus du côté des constructeurs généralistes comme Hyundai (Ioniq 6) ou Volkswagen (ID.7), entre 55 et 60 000 euros environ. Mais Zeekr cherche à apporter le prestige en plus, si du moins Zeekr arrive à s’imposer dans les esprits comme une véritable nouvelle alternative premium, et là, tout reste à faire.
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