Faire de l’astrophotographie du ciel profond n’est normalement pas quelque chose de très simple, du moins au premier abord. Déjà, il faut avoir quelques connaissances en astronomie, par exemple savoir un minimum se repérer dans le ciel nocturne, et surtout savoir comment bien utiliser un télescope, cet outil brillamment complexe qu’il faut prendre le temps de maîtriser. Ensuite, il faut aussi que votre télescope soit motorisé pour suivre l’axe de rotation de la Terre, afin que l’objet céleste choisi reste au centre de votre objectif, et bien évidemment, un appareil photo type reflex, par exemple, sans oublier les accessoires qui vont avec.
En plus de l’astronomie, il faut donc aussi des connaissances en photographie, et même par la suite en logiciel de montage pour empiler vos photos et faire ressortir les plus beaux détails de votre image. Mais, avec le Vespera II de Vaonis, pas besoin de tout ça. L’entreprise française basée près de Montpellier a rendu la chose bien plus simple pour que n’importe qui puisse faire très rapidement de belles photos des nébuleuses et des galaxies, le tout dans un format bien différent d’un télescope classique, bien plus transportable aussi, et qui s’utilise simplement avec un smartphone, ou une tablette.
Il ne ressemble à aucun autre télescope
Le Vespera II m’a été livré avec un sac de transport, un trépied et trois filtres : solaire, anti-pollution et dual band, mais nous reviendrons plus tard quant à l’utilisation de ces derniers. La première chose qui m’a tout de suite frappé, c’est la taille de l’objet. Avec des dimensions de 48 x 20 x 9 cm et un poids de 5 kg, il se veut beaucoup moins encombrant qu’un télescope classique. Il peut se ranger dans votre sac à dos, et c’est très pratique pour l’emmener facilement dans des zones géographiques où la pollution lumineuse et moindre et, donc, avoir de meilleures conditions de seeing que dans le jardin ou sur le balcon.
La deuxième chose qui m’a frappé, c’est la forme, car on est très loin du design d’un télescope tel qu’on se l’imagine dans la tête. Loin d’être un défaut, cela apporte au contraire une touche moderne et plutôt fun, je trouve. On peut même lui trouver des airs de robot sympathique avec son bras articulé. Des ami(e)s m’ont même dit qu’il ressemble à une sorte de jetpack du futur, ou encore aux petits droïdes blancs dans le jeu Portal.
Blague à part, on retrouve un bouton tactile de forme ronde de l’autre côté du bras pour allumer l’engin, qui s’illumine de différentes manières pour la connectivité et la recharge. Cette dernière passe d’ailleurs par un port USB-C que l’on retrouve juste un peu plus bas. Enfin, l’ultime élément esthétique qui vient compléter le tout, c’est le nom du produit, positionné à la verticale.
Notez d’ailleurs que le bras du télescope intelligent de Vaonis n’est pas bloqué lorsque l’appareil est éteint, il faut donc faire attention quand vous le déplacez d’un endroit à l’autre. Je recommande une main en haut et une main en bas pour le porter, car vous aurez des surprises avec les deux mains sur chaque côté.
Une utilisation PEGI 3
Le Vespera II est un télescope connecté qui se contrôle directement depuis une application mobile, nommée Singularity et disponible aussi bien sur iOS qu’Android. Une fois téléchargée sur votre smartphone ou tablette, l’application vous demandera alors de vous connecter en Wi-Fi à l’appareil préalablement allumé pour commencer le voyage. De là, il faut dire que l’interface est très claire, on aperçoit des informations utiles et bien classées, en passant par la météo en fonction de votre domicile, des news sur les prochains événements astronomiques, et bien sûr l’état de votre Vespera II (pourcentage de batterie, nom de l’appareil, si en cours d’utilisation ou non…).
Au démarrage, le télescope connecté de Vaonis va déployer son bras pour prendre quelques photos d’étoiles les plus brillantes afin de se repérer dans le ciel nocturne, et faire la mise au point de son appareil photo par la même occasion, puis seulement 4 à 5 minutes après, vous avez le contrôle depuis le creux de votre main. C’est vraiment beaucoup plus simple et rapide qu’avec un télescope classique… croyez-moi. Vous ne savez pas quoi regarder en premier ? Pas de problème, l’application vous conseille les meilleurs astres à observer en fonction de votre position géographique, et vous indique si la visibilité est bonne ou mauvaise, ainsi que la durée minimum pour obtenir une photo vraiment exploitable. Le temps peut varier d’une dizaine de minutes à plusieurs heures.
Une fois la cible choisie, le Vespera II va se déplacer automatiquement dans la bonne direction pour commencer l’observation. Au début, vous ne verrez pas grand-chose, mais plus le temps passe, et plus l’image devient lumineuse et détaillée. L’appareil prend une photo toutes les 10 secondes, et les empile au fur et à mesure pour vous donner le meilleur résultat possible. En attendant, vous pouvez accéder à plus d’informations sur l’objet céleste que vous regardez, comme sa distance par rapport à la Terre, la période de l’Histoire où il a été découvert et même des références liées au septième art.
Quand le résultat vous convient, vous avez juste à cliquer sur le bouton de l’appareil photo et le tour est joué ! Ensuite, vous pouvez vous orienter rapidement vers une prochaine cible parmi les milliers que propose l’application. Le tout est bien référencé, avec notamment un listing par catégories : nébuleuses, galaxies, amas, système solaire, étoiles, constellations, etc. Vous pouvez même ajouter certains de vos astres préférés en favori, afin de les observer de nouveau et plus facilement une prochaine fois. Mais, si vous ne voulez pas du tout vous prendre la tête, allez simplement vers les recommandations pertinentes de l’application, qui vous propose que des astres avec une bonne visibilité autour de vous.
Et, le mieux dans tout ça, c’est que vous pouvez faire cela depuis votre canapé, bien au chaud. Avec un télescope classique, il faut normalement être dehors, juste à côté de lui pour le manipuler, et ce n’est pas le plus agréable lors des (très) froides soirées d’hiver. Avec le Vespera II, la connexion Wi-Fi reliée à votre smartphone offre une bonne portée (environ 5 mètres) et permet alors d’être à l’intérieur de votre domicile pendant que le télescope prend ses clichés. Et, même si venez à perdre le signal, car vous vous êtes trop éloigné, le Vespera II continue son affaire et vous aurez juste à repasser par les réglages pour rétablir la connexion afin de constater le résultat.
Encore mieux, avec la fonctionnalité « Plan my night » de l’application, vous pouvez planifier toute votre nuit d’observation et tout simplement aller dormir. Le lendemain, au petit-déjeuner, vous pourrez alors finalement admirer vos photos de la nébuleuse de la Méduse, la galaxie du Sombrero, le grand amas d’Hercule ou même la Lune. C’est assez simple à organiser grâce à une sorte de calendrier qui montre les astres visibles le jour choisi et leur période de visibilité durant la nuit. Mais pour cela, il faut absolument que le Vespera II soit alimenté, par une batterie externe ou autre, sinon il ne tiendra pas jusqu’au lever du soleil.
Je tiens d’ailleurs à préciser que vous avez droit à 25 Go de stockage sur le Vespera II, mais que 200 Mo via l’application. Pour exemple, j’ai dû prendre une cinquantaine de photos en JPEG et un peu moins de la moitié est remplie. Pour les plus initiés, vous pouvez même activer l’export d’images en 16 bits au format TIFF pour retraiter vous-même l’image avec un logiciel.
La beauté du ciel nocturne sur un écran, mais…
Le Vespera II est doté d’une longueur focale de 250 mm, d’un diamètre de 50 mm et d’un capteur Sony IMX 585 capable de prendre une photo jusqu’en 24 mégapixels. Une telle configuration pourrait étonner plus d’un fan d’astronomie, mais c’est pourtant amplement suffisant pour capturer de beaux objets du ciel profond dans ce cas. J’insiste vraiment sur « ciel profond » depuis le début, ce qui rassemble les amas, nébuleuses et galaxies, car le Vespera II n’est pas fait pour l’observation planétaire et n’est du coup pas très satisfaisant dans ce domaine.
L’image est floue et l’objet bien trop petit sur le cadre, car pas assez de zoom avec une telle focale. Même la Lune qui est normalement observable avec le télescope connecté de Vaonis ne se montre pas sous son meilleur jour, avec finalement peu de détails et une image trop lissée.
Pour ce qui est des objets célestes du ciel profond, ce n’est heureusement pas le même constat. Les astres les plus connus comme la nébuleuse d’Orion et la galaxie d’Andromède vous apparaissent d’une beauté effroyable la première fois. Les couleurs sont pétantes et les détails suffisamment fins pour zoomer dans l’image et se balader avec ses petits doigts sur l’immensité de l’univers. En effet, c’est assez bluffant de se dire qu’un si petit appareil peut prendre de tels clichés, aussi facilement.
Il ne faut évidemment pas s’attendre aux photos prises par les télescopes spatiaux Hubble et James Webb ou aux vues d’artistes que l’on voit dans certains documentaires, mais c’est déjà très impressionnant. Pour avoir ce genre de résultat avec une manière de faire plus traditionnelle, cela peut prendre des heures, et là seulement quelques minutes. On peut d’ailleurs remarquer des halos de lumière sur les coins de la première photo, à cause de la buée, mais cela n’enlève rien au charme de la nébuleuse.
Ce problème peut d’ailleurs être pallié avec un capteur hygrométrique vendu séparément. D’autres objets célestes apparaissent bien plus petits que les deux précédents, mais on les découvre toujours avec le même émerveillement. Notez que toutes les photos suivantes ont été prises avec le temps recommandé par l’application, et sans filtre.
Ça, c’était pour la prise de vue classique, mais Vaonis a aussi introduit le mode Mosaïque. Ce dernier permet d’étendre le champ de vision et de choisir comme bon vous semble le cadrage, pour permettre par exemple de réunir plusieurs objets célestes dans une seule photo. L’image va donc se compléter au fur et à mesure, mais il faut bien choisir ses objets célestes avec ce mode. Dans mon cas, j’ai voulu photographier la galaxie du Tournesol et avoir en plus dans le cadre la galaxie NGC 5023, mais les deux apparaissent si petites sur l’image que l’on perd beaucoup de détails. Je les ai d’ailleurs entourés en rouge pour que vous les repériez sur la photo ci-dessous. Bref, le résultat est bien meilleur avec des nébuleuses qui occupent une plus grande partie de notre ciel.
Faut-il acheter les filtres vendus séparément ?
Vaonis propose trois filtres différents : le filtre solaire vendu à 149 euros, le filtre anti-pollution vendu à 229 euros et le filtre dual band vendu à 399 euros. Ils se présentent sous forme de bague à clipser sur le bras articulé du Vespera II et répondent chacun à une utilité propre. Si l’un d’entre eux se révèle être indispensable, les deux autres sont bien plus anecdotiques.
Filtre solaire
Le filtre solaire donne déjà une raison de sortir le télescope en pleine journée. Il faut d’ailleurs suivre quelques étapes via l’application pour installer le Vespera II dans la bonne position grâce à un jeu d’ombre, puis le bras articulé se positionnera tout seul face au soleil. De là, vous pouvez contempler l’énorme boule de feu dans sa couleur orange, mais aussi dans sa couleur blanche, vu depuis l’ISS ou même mars. Il y a aussi quelques informations intéressantes à découvrir, mais si vous ne prévoyez pas de suivre les passages de Mercure devant le soleil par exemple, peu de chance que vous le réutilisiez souvent.
Filtre anti-pollution
Pas besoin de suivre de quelconques étapes pour le filtre anti-pollution, il suffit de clipser la bague sur le bras articulé du Vespera II. Vous verrez d’ailleurs que le télescope en est équipé depuis les paramètres de l’application. Pour voir une différence avec une même cible, j’ai pris une première photo de 30 minutes de la galaxie du Moulinet sans filtre, puis une deuxième de 30 minutes aussi, avec filtre cette fois-ci. Pour le contexte, il y avait un peu de pollution lumineuse dans ma rue, pas au point d’une grande ville, mais tout de même un peu. J’ai donc été surpris de voir que le filtre n’a rien amélioré, voire pire, a terni le tout avec une petite couche rougeâtre. On voit beaucoup moins d’étoiles aussi.
Filtre dual-band
Bon, le dual-band est le plus cher des filtres disponibles, mais c’est sûrement celui qui vaut le plus le coup des trois. Il a pour but d’améliorer significativement la qualité des photos et c’est indéniablement vrai. En sélectionnant certaines longueurs d’ondes que l’on trouve principalement dans ces nuages de gaz où naissent les étoiles, le filtre va faire apparaître des détails que vous ne pourriez voir sans, et le résultat est sans appel : il faudrait l’utiliser pour toutes vos photos de nébuleuses. On a l’impression que l’objet céleste se détache du fond du ciel pour poser devant nous tel un mannequin galactique. Pour l’exemple, j’ai pris deux fois en photo la nébuleuse du Voile, une avec le filtre et l’autre sans, pendant une heure chacune. Voyez par vous-même l’énorme différence, avec d’un côté une photo trop étoilée et peu de détails dans les nuages de gaz, et de l’autre côté une nébuleuse qui se dévoile entièrement.
Quelques photos et on remballe
Si vous pouvez très bien laisser brancher le Vespera II pour qu’il soit alimenté toute la nuit, il possède aussi une batterie interne pour s’utiliser plusieurs heures en dehors du domicile, 4 heures précisément, selon la marque. Lors de notre test, ce chiffre était plutôt autour des 3 heures. Ceci étant dit, vous avez tout de même le temps de visiter plusieurs parties du cosmos en une seule session. En général, je prenais entre 4 et 6 photos sur une charge, à raison de 15 minutes à 1 heure par photo. Cela peut paraître peu sur le papier, mais encore une fois, cela prend beaucoup plus de temps avec un télescope classique équipé pour faire de l’astrophoto.
Et, si vous voulez allonger un peu plus le temps de vos observations nocturnes en dehors du domicile, vous pouvez très bien brancher une batterie externe dans le port USB-C du Vespera II. L’autonomie gagnée dépendra évidemment de la capacité de votre batterie. Notez, enfin, qu’avec un chargeur de 30 W, le télescope intelligent de Vaonis passe de 0 à 50 % en seulement 30 minutes, ce qui peut être pratique pour rapidement reshooter un astre après que les nuages soient passés.
Prix et disponibilité
Le Vespera II est vendu à partir de 1 590 euros sans trépied et à 1 690 euros avec. Il y a même un pack avec en plus un sac pour transporter le télescope, à 1 759 euros sur le site officiel.
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