Test du Blackview Hero 10 : Que vaut le smartphone pliable le moins cher du marché ?

549 euros : c’est bel et bien le prix auquel est vendu le Blackview Hero 10 sur le marché français. Autant dire que c’est le smartphone pliable le moins cher qu’on puisse trouver en ce moment. Jusqu’alors, le moins onéreux était le Razr 50 de Motorola affiché à 899 euros.

Aussi nous semblait-il intéressant de tester un smartphone pliable « pas cher », alors que pendant des années, tous les modèles vendus l’étaient à plus de 1000 euros.

Une seule question nous brûle les lèvres : casser le prix des pliables, est-ce une bonne idée ? Quand on connaît les concessions des ténors du genre, on a quelques doutes.

Fiche technique

Design : loin d’un Galaxy Z Flip 6

Dans cette première partie, nous abordons ce qui fait du Blackview Hero 10 un smartphone pliable, à savoir : sa charnière, son écran pliable interne ainsi que son écran externe.

Le tout tient dans 198 grammes, ce qui est assez léger. Déplié, le smartphone a une épaisseur de 8,08 mm : on a plus fin sur du pliable à clapet, mais c’est tout à fait correct. Le dos est en similicuir et est coupé au milieu par la charnière, dans laquelle on aperçoit le logo de la marque. En haut du dos, l’écran externe se fond dans le module photo qui groupe deux objectifs ainsi que le flash.

En retournant le Blackview Hero 10, on se retrouve face à un écran de 6,9 pouces, poinçonné en haut par l’objectif selfie. Les bordures sont plutôt épaisses (mais pas plus que celles d’un Galaxy Z Flip 6), tant en largeur qu’en hauteur, mais sans effet menton. Le Blackview Hero 10 ne propose donc pas un design au rabais, du point de vue de l’esthétisme seulement.

En fait, aucune certification IP (Indice de Protection) ni aucun verre particulier ne sont indiqués sur la fiche technique. Cela sous-entend que le smartphone n’est pas si solide qu’il en a l’air et qu’il ne résiste pas à l’eau et aux poussières.

Joueurs, nous l’avons utilisé sous la pluie et dans des environnements humides : il a résisté.

La charnière et la pliure

Le constructeur chinois avance une durabilité de plus de 250 000 cycles ouverture/fermeture. Une charnière qui tient de 30 à 150° : en deçà et au-delà, elle se plie ou se déplie toute seule. Et c’est logique, puisque ça permet de faciliter le (dé)pliage.

Le pliage et le dépliage à une main s’avèrent assez compliqués, mais moins qu’avec un Galaxy Z Flip, grâce à des tranches bombées. Le pliage lui est un peu plus simple, mais c’est normal, d’autant plus en prenant le coup de main.

Ce qui inquiète toutefois, c’est la charnière en elle-même : elle a du jeu dans le pliage, ce qui rend les deux parties presque brinquebalantes lorsqu’on les secoue un peu. C’est quelque peu inquiétant pour la durabilité du smartphone.

Quant à la pliure de l’écran, lorsqu’on la regarde de face, elle s’oublie et on ne la voit pas, à moins de vraiment se concentrer. Une belle prouesse pour un smartphone « pas cher » comme celui-ci.

Les possibilités logicielles

L’interface ne profite pas vraiment de l’aspect pliable du Blackview Hero 10, mis à part peut-être avec l’application caméra. Cela permet de diviser l’écran en deux, avec en bas les contrôles et en haut la prévisualisation. De quoi prendre des selfies le téléphone posé sur une table.

Ce qui est vraiment dommage et qui témoigne de la différence de prix et/ou de savoir-faire, c’est que pour activer ce mode « FlexForm », il faut appuyer sur un bouton. Ce n’est pas automatique contrairement à un Galaxy Z Flip, par exemple.

Une séparation en deux de l’écran qui ne fonctionne malheureusement sur aucune autre application : ni YouTube ni Spotify. On peut simplement décider d’activer le mode multitâche avec deux fenêtres, l’une au-dessus de l’autre.

Écran externe : plus une montre qu’un écran

L’écran externe du Blackview Hero 10 est en fait tout petit. Il s’agit d’une dalle Oled circulaire de 1,19 pouce avec une définition de 390 par 390 pixels : un écran qu’on voit davantage sur des montres connectées que des smartphones.

Cet écran dispose de plusieurs widgets qu’on ne peut pas changer :

• Lecteur audio ;
• Météo ;
• Alarme ;
• Mesures de santé ;
• Notifications et messages récents ;
• Caméra ;
• Appels.

Néanmoins, il est possible de paramétré le lecteur audio que l’on souhaite.

Contrairement à un Motorola ou un Samsung, le Hero 10 n’a pas un écran secondaire destiné à être utilisé en profondeur. Petit, il a un usage consultatif. De la taille d’une montre, il remplit les mêmes fonctions.

Notons que la reconnaissance faciale fonctionne aussi avec l’écran fermé. Elle est assez rapide, tout comme le lecteur d’empreinte situé sur le bouton d’allumage de l’appareil.

Écran : une dalle plutôt bien fichue

Blackview dote son smartphone d’un écran internde de 6,9 pouces (1080 x 2560 pixels). Il est Oled, mais que 60 Hz. Son défilement est donc quelque peu saccadé, mais n’y seront sensibles que les personnes habitués aux fréquences de rafraîchissement plus élevées.

Comme à notre habitude, nous avons soumis cette dalle à notre notre sonde doublée du logiciel CalMan.

Trois modes colorimétriques sont proposés. Oubliez les deux premiers, le plus correct est le troisième. Nommé « Profession » (oui, problème de traduction), il permet d’avoir des couleurs justes en SDR et en HDR. La température est à l’avenant avec une mesure à 6848K pour 6500K visés. C’est donc un poil trop froid.

Côté luminosité, elle est censée grimper jusqu’à 1300 nits. La promesse est plutôt correcte et en pratique c’est respecté en HDR. En SDR, on est plutôt autour des 700 nits. Pour une utilsation en plein soleil c’est en tout cas validé. Attention, on ne s’aventurera pas à regarder un film dans ces conditions, mais pour le reste aucun souci.

Performances : une puce qui limite le jeu

Concernant les performances, on est face à l’une des grosses concessions de ce Blackview Hero 10.

À l’intérieur de ce smartphone, loge une puce MediaTek Helio G99, gravée en 6 nm et embarquant huit cœurs. Ce SoC, on le retrouve chez Xiaomi, sur le Redmi Note 13 Pro 4G ainsi que sur le Poco M6 Pro, des appareils facturés tous deux moins de 300 euros.

Il est ici épaulé par 12 Go de RAM. Pour le stockage, on peut compter sur 256 Go au total, ce qui est correct.

De fait, les performances sont loin d’être étincelantes.

Côté interface, pas de souci à déplorer, c’est fluide. Pour les joueurs en revanche, c’est plus compliqué. Les jeux gourmands en 3D vont le faire souffrir. Sans baisser les réglages graphiques, impossible d’avoir un framerate constant et assez élevé. Sur Genshin Impact, pour avoir un 30 fps à peu près stable, il faut être en réglages graphiques « très faible ».

À 550 euros, on a droit à des smartphones bien plus puissants que ça, comme le Pixel 8a ou le Xiaomi Poco F6 Pro. Une plateforme d’entrée de gamme, c’est le prix à payer pour avoir un smartphone pliable pas trop cher.

Interface : classique, épurée et sans pourriciels

Derrière le nom de DokeOS 4.0 (le nom de la surcouche) se cache Android 13. Toujours pas d’Android 14, mais a priori le Blackview Hero 10 aura trois ans de mises à jour, soit jusqu’à Android 16.

Apple est prescripteur du marché, c’est une réalité et ce smartphone reprend l’une des fonctions d’interface des derniers iPhone, à savoir… Dynamic Island.

Pour les appels, la musique ou le minuteur, une pilule noire s’affiche autour de l’objectif selfie pour afficher certaines informations.

En cliquant dessus, on peut accéder à plusieurs actions (sur la musique, changer de piste, mettre sur pause par exemple). Le souci, c’est que cette fenêtre s’ajoute à la barre d’état, coupant des icônes et prenant une place irrégulière.

Pour le reste, l’interface est très classique, proche de la Pixel Experience de Google.

Précision de taille, aucun pourriciel n’est à déplorer ici ! Le logiciel vient juste avec quelques applications utiles comme un dictaphone, une gestionnaire de jeux ou encore un mode enfants et un esapce de travail pour cloisonner ses activités.

Photo : ce n’est pas au niveau

En photo, le Blackview Hero 10 dispose de trois objectifs :

• Un capteur principal Samsung Isocell HM6 de 108 Mpx, taille 1/1,67 pouce ;
• Un capteur ultra-grand-angle de 8Mpx, angle de vision 120° ;
• Un capteur selfie de 32 Mpx.

La qualité des photos n’est pas si mauvaise, mais encore une fois on n’est pas au niveau d’un smartphone à 550 euros. Si le Blackview Hero 10 ne souffre d’aucun gros défaut sur ce volet, il est loin de briller.

Les couleurs sont relativement bonnes, mais le piqué a la fâcheuse tendance à souvent manquer et on constate quelques zones floues.

Quant au capteur ultra-grand-angle, il peine à trouver la lumière trop régulièrement et ça se ressent trop. Bref, on a l’impression de vivre l’expérience photo d’un smarpthone bien moins cher.

Batterie et recharge : on a bien là un smartphone pliable

Le Blackview Hero 10 est équipé d’une double batterie de 4000 mAh (l’une de 2700, l’autre de 1300 mAh). Si l’on utilise que l’écran externe (ce qui est impossible), Blackview indique une autonomie de 35 heures. Mais pour les autres usages, avec l’écran interne, c’est bien moins :

• 4 heures de jeux vidéo ;
• 6 heures de lecture vidéo ;
• 17 heures d’appel ;
• 288 heures de veilles ;
• 6 heures et demie de navigation web ;
• 9,5 heures de lecture de musique.

Des chiffres annoncés par le constructeur qui sont très faibles : cela montre à quel point l’endurance du Blackview Hero 10 est médiocre.

Elle est assez mauvaise, même pour un smartphone avec un tout petit écran externe, une puce peu puissante et un écran interne pas si lumineux que ça.

Le problème, c’est peut-être qu’avec un petit écran externe, on a davantage besoin de déplier le smartphone et ainsi utiliser l’écran interne. Ce qui consomme plus d’énergie. C’est l’un des grands obstacles que n’a pas réussi à surmonter Blackview avec ce smartphone.

En résulte une autonomie de moins d’une journée dans un usage classique. En fait, dès qu’on active un partage de connexion, qu’on regarde des vidéos ou qu’on utilise Google Maps en navigation, la batterie diminue très vite.

Malheureusement, l’autonomie en veille n’est pas vraiment meilleure. Ce qui fait que pour utiliser le Blackview Hero 10, mieux vaut se balader avec un chargeur et/ou une batterie externe.

Sur la charge, il y a du mieux : 45 W de puissance, avec un chargeur fourni dans la boîte. Cela permet de récupérer 48% de batterie en 20 minutes.

Prix et disponibilité

Le Blackview Hero 10 peut être acheté au prix de 549,90 euros (chargeur fourni) un peu partout sur Internet. Il est disponible en noir ou en rose.