Test du Jawbone UP3 : le tracker d’activité dont on est l’assistant

Montres / bracelets Connectés • 2015

Lorsqu'on évoque le monde des trackers d'activité, il y a surtout deux noms qui nous viennent à la bouche : Fitbit et Jawbone. Le premier est rentré en bourse - et en grande pompe - à Wall Street récemment, et le second est souvent réputé pour ses bracelets, son application, et les données récoltées. Mais on n'a pas forcément l'occasion d'en tester un régulièrement, et il nous tardait donc de mettre des mots sur le Jawbone UP3 qui a reçu de nombreuses éloges de la part de nos confrères. Un constat qui n'est malheureusement pas partagé par notre rédaction.
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Ce test a été réalisé le 25 Juillet 2015 et le marché a peut-être évolué depuis. Consultez notre comparatif pour découvrir des produits plus récents potentiellement plus pertinents pour vous.

 
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La conception d’un tracker d’activité n’est pas une chose aisée. Il faut d’abord convaincre l’utilisateur qu’il en a besoin, et réussir à se démarquer parmi pléthore de produits aux fonctionnalités similaires, ou presque. Le succès d’un tel objet repose donc plus que jamais sur une subtile combinaison d’ingrédients vendeurs : fonctionnalités poussées et « nouvelles », intuitivité du produit, design élégant, et évidemment un prix compétitif.

 

« Un morceau de réglisse »

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Si certains constructeurs font en sorte d’allier fonctionnalités fitness et esthétisme – on pense évidemment à Withings – Jawbone ne cherche pas spécialement à rendre ses trackers d’activités discrets. Fait de plastique, ils ressemblent à peu près tous à la même chose, à savoir un morceau de réglisse accroché à notre poignet. Ce n’est clairement pas parce qu’ils sont beaux qu’ils sont choisis par les consommateurs, et ce Jawbone UP3 ne déroge pas à la règle. Notre modèle noir nous laisse tout à fait insensibles.

D’autant qu’on doit avouer que le bracelet n’est pas des plus agréables à porter. C’est dû aux différents capteurs qui doivent toucher votre poignet pour des mesures précises, ce qui force l’utilisateur à bien serrer l’objet. L’attache fait également assez cheap et n’est pas aisée à régler. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais le UP3 est d’ailleurs particulièrement désagréable à porter sous la douche (à noter qu’il est résistant à l’eau mais pas à l’immersion). Comme l’objet s’enquiert de la qualité de votre sommeil, il faudra aussi être assez courageux pour bien vouloir le porter la nuit. Si vous avez tendance à ne pas aimer porter de montre ou n’importe quel objet pendant votre sommeil, vous risquez de ne pas apprécier celui-ci. Quoiqu’on fini par s’y habituer.

Modèle Jawbone Up 3
Bracelet Caoutchouc TPU hypoallergénique de qualité médicale
Revêtement Aluminium anodisé avec moins de 0.5% de nickel
Électrodes de mesure Acier inoxydable à revêtement TiN
Capteurs Bluetooth® 4.0 BLE
Accéléromètre à trois axes
Rythme cardiaque
Thermomètre (peau)
Thermomètre (ambiant)
Batterie Lithium-ion polymère 38 mAh
Autonomie 7 jours

 

Le UP3 se compose donc d’un bracelet en caoutchouc TPU (polyuréthane) hypoallergénique avec des finitions (l’attache principalement) en aluminium anodisé avec moins de 0,5 % de nickel. On confirme que nous n’avons pas eu de réaction allergique pendant la durée du test. Les électrodes, placés sur l’intérieur du bracelet, sont en acier inoxydable. On trouve une foule de capteur dans le boitier, comme un accéléromètre 3 axes, le Bluetooth 4.0, et des sondes pour mesurer la température de la peau et la température ambiante. Enfin, la batterie de 38 mAh contenue en son sein est censée lui assurer 7 jours d’autonomie.

 

Quelles fonctionnalités ?

Qu’est-ce que peut mesurer votre Jawbone UP3 ? Tout pareil que votre Jawbone UP2, sauf qu’il est aussi en mesure de calculer votre fréquence cardiaque. Enfin, il peut le faire mais seulement le matin, à jeun. Autant dire que ce n’est pas ce qu’on fait de plus utile puisqu’on espère utiliser ce bracelet pendant des activités sportives. Surtout qu’on s’était montrés très enthousiastes sur l’Asus Vivowatch et son capteur cardiaque constamment allumé pendant les séances de sport, permettant ainsi de se réguler plus efficacement.

Il peut aussi mesurer votre activité nocturne, et de belle manière. On doit avouer que c’est la partie qui nous a le plus charmés, au final, avec l’affichage des cycles de sommeil profond, sommeil léger et sommeil paradoxal (quand vous faites de jolis rêves). Et effectivement, les mesures semblent pertinentes. Par exemple, une de mes nuits agitées, avec 3 réveils pendant la durée de mesure, est bien visible sur le graphique, tout comme les périodes où je me souviens avoir rêvé. D’ailleurs, il est indiqué qu’il faut passer le tracker en mode nuit pour qu’il enregistre les données, mais il sait le faire tout seul.

Et devinez quoi, comme tout tracker, il est capable de mesurer le nombre de pas que vous avez effectué dans la journée. D’ailleurs, il semble exagérer un peu sur la quantité.

 

Une application à succès

On ne nous avait pas menti : l’application Jawbone est tout de même bien complète. Au passage, ne vous trompez pas sur le Play Store, il s’agit de celle à l’icône violette. Outre les fonctions que l’on a évoquées ci-dessus, et celles à venir, UP fourmille d’onglets. Quand on déroule le menu de gauche, on a par exemple son profil, qu’il est possible de modifier à tout moment depuis les paramètres, des objectifs, les tendances qui émergent de vos activités et de vos nuits, un onglet équipe qui permet de se trouver des amis avec qui partager nos activités, un onglet duel pour défier un copain/une copine et donner du mordant à l’affaire, ou encore la galerie d’apps à associer (RunKeeper, MapMyFitness, IFTTT, Nest, etc.).
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Quand on tire l’écran de droite à gauche, on obtient des raccourcis vers des fonctions comme le déclenchement du mode sommeil, le chronomètre, le Smart Alarm (qui vous réveille pendant une phase de sommeil léger), l’alerte d’inactivité, l’alerte d’activité, et des rappels. On peut également consulter la dernière synchronisation ainsi que le niveau de batterie restant.
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Pour le reste, l’app affiche des jauges d’accomplissement en pourcentage, différentes cartes triées par ordre chronologique, et la dernière mesure du rythme cardiaque. Le bouton + permet d’enregistrer une nouvelle séance de sport, l’humeur, l’alimentation, le poids, ou de renseigner sur le sommeil. Le tout est très coloré, et assez plaisant à regarder. En somme, l’application est claire et intuitive.

 

Une semaine d’expérience

Pour avoir porté le bracelet pendant un peu plus d’une semaine, de jour comme de nuit, et pendant des activités sportives, voici un concentré d’impressions sur les trois fonctionnalités majeures du UP3.

Sport

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Ah le sport. Le cœur même des ambitions d’un tracker fitness. Frais comme un gardon, j’espérais vivement vivre une expérience aussi enrichissante qu’avec la Vivowatch, mais il faut croire que je me trompais. On peut très bien aller courir, mais il n’est pas question d’avoir un suivi en direct de la fréquence cardiaque. De toute façon, le UP 3 ne possède pas d’écran donc si c’est pour regarder l’écran du smartphone pendant la course, c’est un peu contraignant. La fréquence cardiaque n’est relevée qu’au réveil, pour rappel, et il n’est même pas possible de demander une mesure à un moment aléatoire.

Si l’on court avec l’objet, il stock les données grâce à l’accéléromètre, mais c’est encore une fois à vous de renseigner l’application pour définir exactement ce que vous avez fait. L’app se contente de vous dire quelque chose du genre « Vous avez eu une activité pendant 36 minutes, qu’était-ce ? ». Il faut alors sélectionner le sport pratiqué, et donner un niveau d’intensité. On remplit donc une jauge de performances qui fait gonfler une jauge de calories brûlées. On a vu plus fiable, non ?

 

Sommeil

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C’est peut-être la principale fonctionnalité de ce bracelet finalement, et celle qu’on apprécie le plus. Le capteur de sommeil fonctionne vraiment bien et les graphiques proposés ont parfaitement correspondu au ressenti de mes nuits. Les matins difficiles sont marqués par peu de sommeil profond, quand les matins du bon pied – ils sont rares, hein – sont marqués par moins de sommeil léger et paradoxal. D’ailleurs, et si vous êtes du genre à avoir de bons souvenirs de vos rêves, vous vous rendrez qu’ils correspondent très bien avec les heures où vous étiez en sommeil paradoxal.

Malheureusement, Jawbone n’aime visiblement pas les choses parfaites, et alors qu’il mesure très bien vos activités nocturnes (avec la capacité de relever le moindre petit réveil où vous alliez écraser un moustique), il vous demande de noter vos heures de coucher et de lever. C’est assez absurde finalement. Néanmoins, après une semaine d’utilisation, la courbe de sommeil est la seule donnée que j’ai continué de consulter et d’analyser.

 

Alimentation

Au début, c’est assez drôle de se dire qu’on peut dire à l’application l’intégralité de nos repas, en nous basant soit sur les produits référencés par l’application, soit sur le scanner de codes barres intégré. Sauf que cela prend un temps infini d’entrer tous les ingrédients de notre salade composée et qu’on a plutôt intérêt à manger régulièrement les mêmes aliments si on ne veut pas passer 30 minutes par jour à rentrer de nouvelles informations.

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L’application propose, pour chaque aliment, de donner la dose exacte ingérée. Sauf que bien souvent, on parle de portion et on règle assez aléatoirement la jauge. Il aurait été beaucoup plus simple pour la moitié d’un paquet de pâtes d’avoir à indiquer simplement 250 grammes. Mais non, on doit parfois faire dans l’aléatoire, avec des mesures qui changent selon les aliments. Quand on indique avoir bu de l’eau par exemple, on nous parle en tasses, pour des oignons on nous parle en portion de rondelles, et en simples portions pour certains fromages. Difficile à gérer.

On obtient à la fin une indication des calories ingérées, avec un indice servant à évaluer si l’alimentation est saine. On obtient également des indications sur les fibres ingérées, les graisses saturées, les glucides, les protéines, les sucres, et j’en passe. À chaque fois, ce chiffre est mis en relation avec les besoins moyens du corps par rapport à notre IMC et notre âge.

La vérité, c’est qu’on abandonne bien vite l’idée d’indiquer notre alimentation. C’est mon cas tout du moins.

 

Autonomie

Après une semaine d’utilisation, on confirme que l’autonomie du produit est bien de 6 à 7 jours. Il faut considérer qu’on perd environ 15 % de charge par jour, quel que soit l’intensité de nos activités. C’est plutôt bien. On émet par contre des réserves sur le chargeur, qui se branche d’un côté en USB 2.0 et se relie au bracelet grâce à une broche magnétique. On a connu plus pratique.

 

 

Note finale du test
5 /10
Pourquoi a-t-on un sentiment d'inachevé avec ce Jawbone UP3 ? Il faut croire que ce bracelet est comme un film qu'on nous a vendu comme un chef d'œuvre, et qui n'est finalement qu'un blockbuster à gros budget. La presse high-tech a largement encensé ce UP3 alors qu'il prend une place considérable dans notre vie puisqu'il n'est pas autonome.

Il faut tout lui indiquer, de nos horaires de lever et coucher, en passant par nos activités sportives, et jusqu'aux portions d'aliments ingérés (sans jamais être sûr de la précision). On a un peu l'impression d'être l'assistant de notre bracelet connecté, alors que le propre d'un produit pareil, c'est qu'il travaille tandis que l'utilisateur oublie son existence. Ce Jawbone UP 3, qui se synchronise toutes les 5 secondes n'est donc clairement pas un travailleur de l'ombre, jusque sur l'application mobile et sa présence incessante dans la barre de notifications.

En revanche, l'application est certainement la plus réussie dans le domaine des trackers d'activité. Dommage encore une fois qu'il faille rentrer toutes les données, ou presque, manuellement. Si l'on devait ne garder qu'une fonctionnalité de cet objet, ce serait le suivi des phases de sommeil, qui semble d'une précision redoutable.

Le capteur cardiaque est sous-exploité alors qu'il fait clairement gonfler le prix de l'objet, et d'autres bracelets comptent aussi bien les pas que celui-ci. On n'a pourtant pas l'impression d'en demander trop. En espérant que des mises à jour viennent renforcer l'indépendance de ce bracelet et donner aussi plus de possibilités à l'utilisateur.

Points positifs de la Notre Verdict

  • Autonomie d'une semaine

  • Application bien fichue

  • Smart coach pour des conseils

Points négatifs de la Notre Verdict

  • Capteur cardiaque sous exploité

  • Pas toujours agréable à porter

  • Look sans charme

  • Peu d'indépendance

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