Une semaine avec un PC Windows 10 sous Snapdragon 850 en 4G : joies et frustrations

 
Le Lenovo Yoga C630-13QC50 est l’un des premiers ordinateurs portables à s’équiper du Snapdragon 850. De quoi faire oublier les premiers déboires de la plateforme ? J’ai passé une semaine avec lui pour le tester.

En rendant compatible Windows 10 avec les processeurs ARM, Microsoft en partenariat avec Qualcomm a fait de grandes promesses. L’idée était de profiter de l’expérience Windows complète tout en ayant les mêmes caractéristiques qu’une tablette : une autonomie supérieure, une légèreté à toute épreuve, et une connexion permanente grâce au support de la 4G.

Dans les faits, les premiers ordinateurs de la sorte ont déçu. Le Snapdragon 835, malgré toutes ses promesses sur les smartphones, n’a pas réussi à fournir une expérience vraiment probante sur ordinateur. Qualcomm a depuis sorti le Snapdragon 850, un 845 quelque peu overclocké et vraiment dédié à cet usage PC.

Pour pouvoir en tester les capacités, nous avons pu passer toute une semaine avec le Lenovo Yoga C630-13QC50, l’un des premiers à profiter de cette nouvelle plateforme, avec une carte SIM activée. Alors, y a-t-il eu de l’amélioration depuis notre premier test avec le HP Envy x2 ?

Le Lenovo Yoga C630 reste une valeur sûre

Avant même de parler des performances de cette nouvelle plateforme, parlons du PC en lui-même. Le Lenovo Yoga C630 que nous avons en test est très clairement l’héritier de la ligne bien connue du constructeur chinois, et cet appareil ne fait absolument aucun concession par rapport à ses frères ayant les plus traditionnels processeurs Intel.

On retrouve une grande dalle 13 pouces IPS LCD en définition Full HD qui remplit très bien son office. Plutôt lumineuse (en intérieur), elle est également relativement bien calibrée bien qu’un peu froide à mon goût. Il n’y a bien que sur sa bordure inférieure, très épaisse, que j’aurai quelque chose à redire, mais elle ne gêne pas vraiment à l’utilisation. La webcam étant intégrée en haut, soit un angle bien plus naturel qu’en bas, je concède ce petit trait.

Comme toujours, la charnière permet de rabattre l’écran afin de transformer le PC en une tablette d’appoint grâce à son écran tactile. Sur ce point, je n’ai jamais été très fan du concept puisque les touches du clavier rendent la préhension assez étrange, mais je ne peux nier que c’est tout à fait fonctionnel. L’écran en verre réagit par ailleurs très bien au tactile.

Pour ce qui est du clavier, nous avons en test une disposition QWERTY mais cela n’empêche pas d’apprécier ses touches assez larges pour du chicklet et un bon retour de frappe. Il est qui plus est très silencieux et agréable à utiliser. Le pavé tactile est également très bon : lisse et bien réactif, son utilisation des drivers Windows Precision permet qui plus est de retrouver tous les raccourcis Windows.

La bonne idée est d’intégrer les haut-parleurs sur les deux côtés du clavier, faisant que ceux-ci ne sont jamais bouchés lorsque l’ordinateur est posé sur une surface non-plane (type : votre couette dans votre lit) tout comme lorsque l’écran se replie pour passer en mode tablette. Le son est correct, serviable, mais manque de présence pour être véritablement satisfaisant.

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En termes de connectique, on retrouve deux ports USB type C (dont un servant pour la charge), une trappe double SIM ainsi qu’un port combo-jack. C’est chiche, mais ce n’est pas mauvais pour un concept entre tablette et PC. Le bouton d’allumage, et plus ou moins de verrouillage donc, se trouve sur le côté de l’appareil afin d’accommoder aussi bien l’usage tablette que PC. Ce dernier est éclairé, de sorte qu’on le retrouve facilement.

Enfin, sa coque en métal léger respire la qualité, rien à redire. Qualcomm Snapdragon 850 aidant, nous n’avons ici plus est aucun ventilateur, faisant que l’ordinateur ne fait aucun bruit à l’utilisation. Il est en prime très léger, faisant de l’ordre de deux tiers du poids d’un ordinateur portable traditionnel.

Windows 10 S(ucks)

Passons plutôt à l’utilisation. Ce Lenovo Yoga C630 profite effectivement bien d’un Windows 10 complet… configuré sous Windows 10 S par défaut. Cette version vous oblige à n’utiliser que des applications du Microsoft Store, qui est toujours assez incomplet et pas vraiment satisfaisant. Fort heureusement, vous pouvez en un clic retrouver une version complète de Windows, qui accepte l’installation de n’importe quelle application.

Ou du moins… presque. La plateforme ARM a encore une limitation : elle n’accepte pas les logiciels en 64 bits. Dans les faits, rares sont les « petites » applications à être en 64 bits : c’est plutôt les applications les plus lourdes, qui ne seraient donc pas tout à fait conseillées sur un tel format, qui le réclament. Cette limite est due au fait que pour fonctionner sur ARM, les applications x86 et x64 utilisent une couche d’émulation au lieu de tourner nativement. Seules les applications notées comme « mobiles » du Microsoft Store utilisent la plateforme nativement.

Je n’ai besoin fondamentalement que de trois choses pour avoir un environnement de travail et de divertissement presque complet : Google Chrome, Antidote (un logiciel de correction) et Adobe Photoshop. Or, l’expérience n’est pas vraiment bonne sur ces trois simples outils. Chrome n’a pas de version ARM (ça viendra), faisant que l’optimisation n’est pas exceptionnelle. Et cela se voit : avec 5 onglets ouverts, on atteint déjà 80 % d’usage du CPU. Pire encore, des sites « basiques » (qui sont largement utilisés) comme Twitter ou Facebook mettent un temps fou à se charger. Antidote au moins fonctionne sans le moindre souci.

Quant à Photoshop… puisqu’il s’agit d’un logiciel 64 bits, il est tout simplement impossible de l’installer. Par curiosité, j’ai également tenté quelques jeux pour voir ce que l’Adreno avait dans le ventre dans ces conditions. C’est simple : même Hearthstone, un « simple » jeu de cartes, ne tourne pas correctement. Quant à Warcraft 3 The Frozen Throne, pourtant sorti en 2003, il subit des bugs vraiment dérangeants en pleine partie.

Jouer le jeu de l’ARM n’est pas forcément mieux. Même en passant par le Windows Store, on se rend compte que Forza Street par exemple refuse de s’installer. Quant à Asphalt 9, il n’a tout simplement jamais voulu s’installer quand bien même il est normalement compatible. Superbe.

D’ordre général, l’ordinateur est franchement frustrant à utiliser en dehors de simplement regarder une vidéo. Il a cette petite « seconde de trop » qui fait que chaque action finit par grignoter notre patience, et quelques petits bugs qui sont stressants à l’usage. Un exemple ? Je tape parfois trop vite pour lui sur mon clavier, faisant que quelques une de mes pressions de touche sautent. Oui, on en est là, et c’est non.

L’ordinateur parfaitement portable

Et puis, il y a l’intérêt principal de cette plateforme, celui qui a toujours été mis en avant pour justifier son existence : la portabilité. Sur ce point, il faut bien avouer que l’ordinateur est… inattaquable.

Si les grandes promesses d’une autonomie de 24 heures que l’on entend depuis le lancement de cette plateforme ne sont pas tenues, il faut aussi avouer qu’elle reste supérieure à la moyenne. Trouver 12 heures d’autonomie sur des tâches lourdes ne pose pas le moindre problème au jour le jour : optimiser son utilisation pour atteindre les 14/15 heures n’est pas un rêve, loin de là. Quand on sait que la plupart des ultrabook offrent 8 à 9 heures d’autonomie en utilisation optimisée, et plutôt 6/7 heures dans les faits, c’est tout de même impressionnant.

Surtout, le SoC Qualcomm Snapdragon 850 permet également une excellente gestion de la veille, et c’est plutôt sur ce point qu’il se démarque. Windows 10 s’allume et s’éteint ultra rapidement, sans trop impacter la batterie. De plus, le format de la puce fait que l’appareil final est très léger, plus léger que la plupart de ses compères sous Intel. On est vraiment entre un ultrabook et une tablette sur ce point, d’autant que l’absence de ventilateur ne force pas la moindre chauffe.

Et bien sûr, le dernier argument : la 4G. Sur ce point, on ne peut nier que c’est un véritable game changer (…)

Et bien sûr, le dernier argument : la 4G. Sur ce point, on ne peut nier que c’est un véritable game changer que d’avoir accès au réseau sur un ordinateur portable, particulièrement pour des profils devant travailler en déplacement dans des conditions qui ne sont pas nécessairement optimales. Oui, la plateforme semble être conçue pour des journalistes.

En mobilité, le seul point négatif que j’ai pu observer n’est pas lié à la plateforme, mais au produit : l’écran du Lenovo Yoga C630 n’est définitivement pas assez lumineux pour être utilisé en plein soleil et son revêtement glossy attrape le moindre reflet.

Toujours une promesse

En voyant cette nouvelle plateforme arriver sur le marché, notre premier réflexe aura été de vous exhorter à la patience. Et pour cause : les premières générations de ces produits ressemblent généralement à des bêtas massives plutôt qu’un véritable produit. C’est à la seconde vague que l’on a tendance à en voir le véritable potentiel.

L’optimisation avance, se rapproche de quelque chose de cohérent, mais en l’état nous préférerions tout simplement avoir un ordinateur portable sur base Intel avec un modem enfin intégré.

Le Qualcomm Snapdragon 850 devait être cette nouvelle vague. Et au final, une semaine après, force est de constater qu’elle n’est pas encore probante. Mais une nouvelle fois, l’espoir perdure. La conclusion de ce test d’une semaine est que Windows 10… n’est toujours pas prêt pour les plateformes ARM. L’optimisation avance, se rapproche de quelque chose de cohérent, mais en l’état nous préférerions tout simplement avoir un ordinateur portable sur base Intel avec un modem enfin intégré.

Cependant, ne nions pas que la proposition qui était alléchante auparavant devient toujours plus inquiétante. Il existe toujours du potentiel, particulièrement pour une catégorie de produit ultra mobile. Par contre, se placer comme adversaire des ultrabooks (le Lenovo Yoga C630 QC850 est après tout vendu aux alentours de 1200 euros) semble vraiment être une erreur en l’état.

Windows 10 ARM n’est tout simplement pas prêt à lutter. Revoir ces ambitions à la baisse avant de tenter de toucher le haut de gamme pourrait être salutaire, sans quoi l’on risque de voir la disparition d’une plateforme prometteuse avant même qu’elle n’atteigne son plein potentiel.


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