Un esprit bien saisi
Avant de vous parler du Moustache Bike Dimanche 29.3, je vais vous parler du concept du gravel.
La légende raconte que le gravel (gravier en anglais) est né dans les années 1950 aux Etats-Unis. Les cyclistes à vélo de route ne voulaient avoir à s’arrêter au premier changement de revêtement. Les routes lisses sont toujours agréables, cela permet de performer. Mais les routes irrégulières et sauvages, elles, permettent de s’amuser. Alors certains ont commencé à bidouiller leur vélo.
Augmenter un peu le dégagement de la fourche, renforcer les haubans et les soudures qui les lient au cadre, opter pour des moyeux plus costauds et des jantes moins sensibles aux chocs aidées par des gommes à la section bien plus large. Oui, c’est un cyclocross. Ou presque. Vous pouvez observer sur les vélos ayant la mention « Gravel » des cintres plus larges aux retours tournés vers l’extérieur.
En fait, un gravel est un cyclocross optimisé. On pourrait résumer le gravel à un concept alléchant bien marketé.
Pour aller plus loin
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Fiche technique du Moustache Dimanche 29.3 Gravel
Modèle | Moustache Dimanche 29.3 Gravel |
---|---|
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Nombre d’assistances | 5 |
Temps de recharge annoncé | 240 min |
Batterie amovible | Non |
Bluetooth | Non |
GPS | Non |
Écran | Oui |
Poids | 18,6 kg |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Prix | 3999 |
Fiche produit |
Zoom sur les composants
Les caractéristiques du Dimanche 29 sont taillées pour les sorties violentes. On commence par un cadre en aluminium. Les tubes sont hydroformés, une nécessité pour y intégrer la batterie amovible.
Les pneus fournis sont des Maxxis Rambler en 700x50C. Ils sont super à l’aise dans les zones à stabilité restreinte comme les graviers (logique) et même la boue. En revanche sur le bitume, c’est nettement moins bon, la faute à des crampons trop hauts. C’est un bon choix, un poil large tout de même mais on peut changer pour une section plus étroite et donc quelque chose de plus roulant.
Côté jantes, on est dans du maison, en alu et tubeless avec une section de 22 mm.
Le cintre est 100 % Moustache et c’est vraiment le domaine dans lequel excelle le constructeur. Il est large et les retours sont orientés vers l’extérieur. Les leviers répondent parfaitement et l’association avec une transmission GRX 400 rend les passages de rapports hyper agréables même si on doit se contenter d’une cassette de 10 vitesses à l’arrière.
Enfin, le freinage est confié au Shimano RX400 et c’est une bonne chose : de l’hydraulique avec un bon mordant et une belle progressivité.
Utilisation urbaine
Le gravel a deux usages : le premier est une utilisation polyvalente en milieu urbain ou périurbain. Il sert donc au vélotaf (pour ceux qui aiment avoir une bonne machine pour vélotaffer) et a arpenter des conditions météo variables, le bitume, les nids de poule ou encore les zones en travaux. Le tout avec un dynamisme de vélo de route. Sur ce point, les 18,6 kg de la bête ne sont pas gênants.
Le cadre est super réactif, rigide mais pas trop (merci l’alu) et l’assistance en mode éco fait oublier cet embonpoint (pour rappel, un gravel sec tourne à 9 kg). Vous voilà à monter sur les freins, vous mettre en danseuse et, sur le chemin de retour, zapper l’assistance et attaquer avec fougue pour arriver chez vous le plus rapidement possible.
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Dans cette configuration, vous tiendrez facilement 80 kilomètres, mais nous reviendrons plus tard sur l’autonomie.
Mais tout n’est pas parfait. Déjà, notons l’absence de garde-bou, bien que la fourche embarque les fixations permettant d’en adapter. Pour en bénéficier, il faut s’orienter sur un modèle urbain, le Friday 28.3 qui perd le cintre gravel pour un modèle droit, rendant la conduite différente.
Poursuivons avec l’éclairage, très sommaire car obligatoire désormais. Il est nécessaire de passer à nouveau à la caisse sachant que pour un éclairage de qualité, il faut compter environ 100 euros. Une somme qui s’ajoute aux 3799 euros demandés.
Bref, si le vélo en lui-même est idéal pour le vélotaf, de par son côté joueur et dynamique, il l’est moins pour son absence d’accessoires indispensables et son prix. C’est à la fois trop et pas assez pour ce genre d’utilisation.
Utilisation en sentiers sauvages
Rentrer un peu plus tôt, sortir de la route, passer par les chemins boueux ou graveleux, gravir une belle côte pour monter à 180 bpm avant de s’arrêter, profiter de la vue, respirer à fond, puis repartir pour une descente technique. Au diable le temps, au diable les tâches ménagères qui attendent pendant ce moment, c’est vous et votre monture.
Vous vous sentez comme Michael Knight dans KITT mais vous suez pour autre chose que la veste en cuir. Le vent caresse votre visage, les lunettes préservent vos yeux de la poussière et votre sac à dos garde les vêtements du travail à l’abri. Vous arrivez un poil plus tard qu’à l’habitude, en sueur mais heureux.
Sur ce point, le Dimanche 29 est un paradoxe. Son assistance vient surtout contrer le surpoids en côte en vous aidant un peu. Étrange, car sans ce poids, vous n’auriez pas eu réellement besoin de l’aide. Le couple du Bosch Performance Line aide dans des situations ardues, c’est un fait. Mais en auriez-vous eu autant besoin avec un vélo dix kilos plus léger ? Pas forcément et pas tout le temps.
Maintenant, partons sur un usage plus commun du gravel : le roadtrip. C’est là que le Dimanche 29 trouve sa limite. Ce genre de voyage se fait à plusieurs et souvent sur une journée complète minimum, le plus souvent sur deux ou trois jours. Or, la batterie ne tient pas plus de 110 kilomètres en restant en éco. Vous allez me dire qu’il suffit de désactiver l’assistance lorsqu’elle n’est pas nécessaire. Certes, mais vous traîner un vélo de 18,9 kg quand les autres sont sur des engins bien plus légers.
Donc vos performances s’en ressentent. Un dilemme qui pourrait se résoudre avec l’adoption d’une seconde batterie si celle-ci n’était pas un fardeau de 2,5 kilos supplémentaire à se traîner. 2.5 kilos, ce sont autant de litres d’eau qu’on embarque avec soi. Dans ce cadre, le Moustache se trouve limité en distance. Cent kilomètres, soit une journée. C’est suffisant pour beaucoup, certes.
Mais ici, on parle de faire du sport, de se dépenser, de partir à l’aventure, de repousser ses limites, de passer un bon moment avec ses amis. Une telle limite pour soi, c’en est autant pour les autres. On est donc, par la force des choses, tenté de prendre un second vélo. Or, à 3799 euros, vous pouvez vous prendre quasiment le top du gravel des constructeurs ou mieux, partir d’une bonne base et y ajouter ce qui vous correspond le mieux.
Reste un point en faveur du Dimanche 29 : l’aide pour ceux qui en ont besoin. L’assistance électrique est primordiale pour beaucoup dont le niveau ne suit pas. C’est le moyen d’ouvrir la perspective du trip vélo à ceux qui le veulent sans le pouvoir. Dans ce cas, les 120 kilomètres d’autonomie suffisent largement, le plaisir est là et la performance viendra avec le temps.
Il y a une petite astuce toutefois : on peut retirer la batterie et rouler sans, puisque le moteur n’offre aucune résistance, qu’il soit fonctionnel ou non d’ailleurs. Une solution de fortune puisque dans cette configuration, on se retrouve avec un vélo encore lourd avec 16,4 kg sur la balance (le moteur est un des plus légers de la catégorie mais il fait tout de même son poids). À la différence d’un système Fazua qui permet de retirer batterie et moteur.
L’idée du Dimanche 29 n’est pas mauvaise, et si le vélo n’est pas un gravel au niveau de ceux sans assistance, il ouvre tout de même la voie à une partie des cyclistes qui n’auraient jamais franchi le pas sans un vélo de ce type.
Je n’ai pas eu assez de recul pour voir la résistance du vélo sur 10 000 kilomètres dans des conditions variées. Mais durant ces 15 jours de test, il a encaissé sans broncher, et ça, c’est rassurant pour la suite.
Un comportement idéal
Le comportement du Dimanche 29 est un régal. Vraiment ! On se retrouve avec un cadre dynamique mais permissif qui aide à récupérer un freinage tardif ou une adhérence malheureuse soudaine. La géométrie est l’une des meilleures que j’ai pu essayer, tant et si bien que mon vélo de route carbone sur un bel asphalte lisse est moins agréable que ce Dimanche 29 sur les graviers. Certes, je compare une géométrie différente et un carbone plus exigeant qu’un cadre alu plus flexible. Mais c’était pour situer la chose.
D’ailleurs, la géométrie du Moustache offre une position plus haute, qui force moins sur les bras lorsqu’on n’en pas besoin. Le cintre large et évasé lui permet d’attaquer sans faire subir au bras les rudiments du sol et les transferts de masse.
Résultat : on se sert de l’assistance pour aller vraiment plus fort et plus loin. Le vélo est un régal et on tombe facilement sous son charme. C’est toute la difficulté de ce test, puisque le vélo n’a rien à se reprocher. C’est même remarquable à quel point la formule trouvée par Moustache pour créer un gravel à assistance électrique en gardant la sportivité, le plaisir et l’équilibre fonctionne bien.
L’assistance électrique est douce et discrète. La désactivation se fait en douceur, tout comme la reprise. Sa gestion est parfaitement dosée et les 65 Nm de couple sont ce qu’il faut pour aider le cycliste sans le supplanter.
De manière totalement subjective, c’est de loin le VAE que j’ai préféré. Pour mon usage, à savoir le plaisir, l’aspect pratique et les environnements hors sentiers battus, j’ai rarement trouvé une telle osmose entre assistance et sportivité. Entre dynamisme et confort, entre le plaisir et l’utilitaire. C’est le seul vélo pour le moment qui m’a fait oublier le mien. Mais c’est purement subjectif.
Reste la question du budget : avez-vous le besoin de cette assistance et le budget nécessaire pour un tel engin ? Cette question vous concerne mais est à étudier quand on sait qu’un gravel sans assistance neuf se trouve à 1000 euros.
Technologie et autonomie
Le moteur Bosch Performance Line de 250W et 65 Nm de couple est accompagné d’un compteur Purion, basique mais efficace, déporté au centre du cintre, ce qui est original et logique compte tenu de la position particulière que l’on aborde sur le vélo.
Côté autonomie, en mode Turbo, avec un cycliste de 100 kg et un parcours avec beaucoup de dénivelés et de côtes, comptez 70 kilomètres. Sur un parcours moins tortueux et en mode Éco, on peut pousser à 120 kilomètres. Soit une moyenne correcte de 95 kilomètres, ce qui est excellent pour un vélotaf ou l’aspect utilitaire, mais un peu court pour des sorties.
La batterie de 500 Wh se charge entièrement en 3h30. Notez qu’encore une fois, le chargeur est énorme (typique chez tous les VAE) et la fixation pour la connexion entre la batterie et le chargeur tient de façon sommaire (comme pour les Shimano Steps d’ailleurs).
Verdict
Moustache signe ici un excellent modèle. La partie cycle est un équilibre jouissif qui transforme chaque session en véritable moment de jeu. L’assistance vient aider sans se substituer. Pour résumer, une fois au guidon, on adore. Reste quelques bémols : les garde-boue en options, le cache batterie un peu léger, le poids, le prix et la limitation des distances possibles à parcourir lors des sorties. Les compromis sont nombreux, la somme est élevée mais le plaisir, lui, est bien là.
Prix et date de sortie
Le Moustache Dimanche 29.3 Gravel est disponible sur le site officiel de la marque au prix de 3999 euros.
"Les tubes sont hydroformés, une nécessité pour y intégrer la batterie amovible" Ah bon ! Et pourquoi donc ? Je ne vois pas du tout le rapport ! Vous indiquez dans le descriptif une vitesse maxi de 25km/h ... J'imagine que vous indiquez cette valeur comme étant la vitesse maxi avec assistance électrique ... Sinon, en l'état, je ne trouve pas du tout que sa première utilisation soit, comme vous le mentionnez "polyvalente en milieu urbain ou périurbain", ne serait-ce que par l'absence de garde-boue. Vous mentionnez ensuite un usage sportif pendant lequel on fait monter les battements du cœur ... Alors je me trompe sans-doute, mais l'idée que j'ai d'un VAE est plutôt avec comme objectif de ne pas arriver à destination en suant à grosses gouttes ... Si c'est pour un usage vraiment sportif, autant prendre un vélo non assisté, bien moins cher, plus léger et beaucoup plus écologique ... Sinon le produit semble plutôt bien mais j'ai du mal à comprendre quelle est la cible client ...
Oui c'est sur. Après je n'ai pas étudier la question de près. Tout dépend aussi ce qu'on entend par haut de gamme (niveau prix) et la part de fabrication française ( si ce n'est que de l'assemblage , les grosses enseignent le font aussi il me semble).
Ah, je viens de voir que ça concernait uniquement le site sur navigateur, moi je suis sur l'application et tu n'as pas cette option de possible
Quel intérêt de lire un article d'un vélo à 3 ou 4000 euro que je n'achèterai jamais ?
Bah juste avant l'introduction puis pendant tout le long du défilement, il y a le sommaire où on peut cliquer dessus et choisir le sujet de l'article qui nous intéresse pour tomber directement dessus, dont le prix.
à ce prix ...
Comme beaucoup , je regarde les news parlant des VAE juste pour m'étouffer sur le prix. C'est coquin de le mettre qu'en toute fin. Même si les Moustache sont réputés. C'est la main mise de Décathlon (et autres marques distributeurs dans une moindre mesure) sur les premiers/moyens prix qui les obligent à ne cibler que l'extra haut de gamme et le bobo ?
Ça devient soûlant ces articles ou on est obligé de scroller direct en bas pour connaître le prix.
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