On a vu la nouvelle Renault 5 Turbo 3E électrique : une immense claque, tout simplement

 
Renault vient de dévoiler sa nouvelle voiture électrique : la R5 Turbo 3E. On a pu l’approcher, pour découvrir son design et discuter avec les ingénieurs en charge de cette nouveauté clairement révolutionnaire pour Renault.
Renault 5 Turbo 3E

Quand Renault m’a invité à découvrir la nouvelle R5 Turbo 3E à l’ancienne usine de Flins, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Alors oui, on savait déjà à quoi ressemblait le design de la voiture, officialisé il y a quelques semaines. Mais je ne m’attendais pas à prendre une telle claque : ce que j’ai vu, c’est plus qu’une voiture.

Pour aller plus loin
Voici la nouvelle voiture électrique de Renault : la R5 Turbo 3E et ses technologies qui révolutionnent l’industrie

C’est la preuve que Renault croit vraiment en la voiture électrique. Et notamment avec l’intégration des technologies inédites et révolutionnaires, qu’on devrait voir arriver plus tard sur des voitures de Monsieur et Madame Tout le Monde.

Clairement, cette voiture, qui réinvente la mythique R5 Turbo en version 100 % électrique, se positionne comme une sorte d’OVNI dans le paysage actuel. Ni une compacte sportive classique, ni une hypercar, elle crée une nouvelle catégorie : celle des mini-supercars électriques.

Renault 5 Turbo 3E

L’intérieur du modèle présenté était encore sous embargo, mais j’ai pu approcher la voiture de l’extérieur et observer son design sous tous les angles. Et autant le dire tout de suite : elle en impose.

Nous avons quand même pu avoir un aperçu de l’habitacle, via des photos que j’ai intégrées à cet article.

Renault 5 Turbo 3E

J’ai également pu discuter avec certains des ingénieurs qui ont travaillé sur le projet pour leur poser des questions. Notamment sur la nouvelle batterie (800 volts, révolutionnaire pour Renault), mais aussi sur les moteurs intégrés aux roues, révolutionnaires pour toute l’industrie.

Un design qui ne laisse personne indifférent

En s’approchant de la R5 Turbo 3E, impossible de ne pas être frappé par son gabarit hors norme. Avec ses 2,03 mètres de large pour seulement 4,08 mètres de long, elle donne immédiatement une impression de puissance et d’agressivité. Renault a clairement voulu rendre hommage à la R5 Turbo originale, tout en modernisant le concept avec un style encore plus extrême.

Renault 5 Turbo 3E

La R5 Turbo 3E reprend quelques éléments de la Renault 5 E-Tech électrique commercialisée depuis 2024. On peut noter le pare-brise, les phares arrière, les rétroviseurs ou encore les poignées de porte qui seront ajoutés sur le modèle de série. Pour tout le reste de l’extérieur, c’est une nouvelle voiture, fabriquée cette fois-ci à la main.

Les ailes arrière hypertrophiées, les prises d’air massives et les feux carrés à LED rappellent les modèles de rallye des années 80. Mais le travail aérodynamique est bien plus poussé qu’à l’époque des dires mêmes du constructeur.

À l’avant, une lame sculptée assure un appui optimal en virage, tandis qu’à l’arrière, un diffuseur imposant contribue à plaquer la voiture au sol. Exit l’énorme aileron du concept-car présenté il y a quelques mois, Renault a opté pour un spoiler plus discret, mais tout aussi efficace. La raison est simple : l’énorme aileron n’avait pas été testé en soufflerie, et il est possible que son efficacité ne soit pas optimale. D’autant plus qu’un aileron de ce style réduit l’autonomie.

Avec ce design inspiré des R5 Turbo essence des années 80 (les designers ne s’en cachent pas, et on peut le voir un peu sur la partie avant par exemple), cette version électrique donne la sensation d’être une vraie bête de course. Elle semble prête à bondir, et la présence de jantes de 20 pouces renforce cette sensation.

L’habitacle : Android Automotive au programme

L’habitacle reprend le volant de l’Alpine A290 et les écrans de la R5 électrique. On a donc le droit au combiné d’instrumentation de 10,1 pouces derrière le volant et à l’écran central de 10,25 pouces. L’ensemble tourne sous Android (Google) Automotive, l’un des meilleurs systèmes d’infotainement pour automobile selon nous. On a même le droit au planificateur d’itinéraire intégré pour les longs trajets.

Renault 5 Turbo 3E

Au total, on retrouve seulement deux sièges (de type baquet). Mais, si sur les versions Turbo des années 80, le moteur en position arrière réduisait à néant le volume du coffre, ce n’est plus le cas désormais. On a le droit à un très grand coffre, dont le volume n’a pas encore été communiqué.

Une fiche technique qui change la donne

Si le design impressionne, la fiche technique est encore plus dingue. Renault ne s’est pas contenté de créer une simple version sportive ou Alpine de la R5 électrique classique. Pour cela, il y a l’A290. Ici, le constructeur au losange a développé une voiture entièrement nouvelle, avec une plateforme sur mesure dédiée à la performance.

Les moteurs-roues

Sous sa carrosserie en carbone, la R5 Turbo 3E embarque deux moteurs électriques intégrés aux roues arrière, une technologie nommée « moteur-roues » inédite sur une voiture de série. On ne sait pas quel est le partenaire, mais il est possible que ce soit Deep Drive, qui équipera également les futures BMW électriques.

Moteur-roue en vue éclatée, avec le disque de 460 mm

Cette configuration lui permet de délivrer 540 ch et 4 800 Nm de couple (à la roue), avec une réactivité fulgurante. Sans transmission classique ni réducteur, le temps de réponse tourne autour de 4 millisecondes selon les ingénieurs (contre plus de 10 ms pour une motorisation électrique classique sur l’essieu), ce qui promet des accélérations foudroyantes et un contrôle de motricité ultra-précis grâce au torque vectoring.

Les ingénieurs prennent l’exemple de l’A110 R Ultime avec son moteur essence. Selon eux, l’accélération de la R5 Turbo 3E est équivalent à l’accélération de l’Alpine en 1ère. Sauf que cette accélération ne se limite pas aux premiers tours de roues, mais continue, y compris à hautes vitesses. Attention à la nuque !

Les performances sont donc à la hauteur : le 0 à 100 km/h est expédié en moins de 3,5 secondes, et la voiture peut atteindre 270 km/h (sur circuit, ou en Allemagne). Le tout avec un poids contenu à 1 450 kg (les ingénieurs visent 1,4 tonne pour la version définitive), grâce à un châssis en aluminium et une superstructure en fibre de carbone.

Renault 5 Turbo 3E

Côté autonomie, la batterie d’une capacité de 70 kWh annonce plus de 400 km en cycle WLTP. Mais c’est surtout la technologie de recharge qui impressionne : grâce à son architecture 800 volts, elle peut se recharger de 15 à 80 % de 15 minutes sur une borne d’une puissance de 350 kW. À titre de comparaison, la R5 électrique et sa batterie de 52 kWh nécessite 30 minutes sur le même exercice.

On ne sait pas encore si la voiture bénéficiera d’un bruiteur (pour imiter par exemple le bruit d’un moteur essence), ou d’une fausse boîte de vitesse, comme sur la Hyundai Ioniq 5 N par exemple. Les ingénieurs réfléchissent encore à cela.

En tout cas, comme sur les voitures de rallye (ou de drift), on trouve un immense frein à main vertical. Il est de type électro-hydraulique, et n’est pas un simple « on / off ».

Les freins sont surdimensionnés : 360 mm à l’avant et, tenez-vous bien, 460 mm à l’arrière ! Cela s’explique par le fait que le disque est positionné à l’extérieur de la roue, du fait de la présence du moteur au sein de celle-ci.

On a bien sûr du freinage régénératif, mais Renault ne met pas l’accent dessus (comme Porsche), car cette fonction a tendance à chauffer les moteurs et la batterie.

Où se place-t-elle face aux autres sportives électriques ?

La concurrence n’existe pas réellement sur ce marché pour le moment.

Si l’on prend la Tesla Model S Plaid, on est sur un tout autre registre. La berline américaine revendique plus de 1 000 ch et un 0 à 100 km/h en 2,1 secondes, mais elle reste une voiture lourde (2,1 tonne) et moins axée sur l’agilité. Elle vise la vitesse de pointe et l’efficacité en ligne droite, là où la Renault privilégie le plaisir de conduite et la vivacité.

Hyundai Ioniq 5 N

La Hyundai Ioniq 5N est peut-être plus proche de l’esprit de la R5 Turbo 3E, avec une approche ludique et un mode drift. Mais avec 650 ch et 2,1 tonnes sur la balance, elle ne pourra pas rivaliser avec la légèreté et l’agilité de la Renault.

Face à la Xiaomi SU7 Ultra, qui propose une architecture 800V et une puissance de 1 673 ch, la R5 Turbo 3E reste bien plus radicale et compacte. La Xiaomi est une grande berline sportive, alors que la Renault est un véritable jouet taillé pour les sensations fortes.

Xiaomi SU7 Ultra

Quant à la Rimac Nevera, elle joue dans une toute autre galaxie avec 1 914 ch, un 0 à 100 km/h en 1,81 s et un tarif stratosphérique dépassant les 2 millions d’euros. La comparaison est donc difficile, même si l’approche de la Renault avec ses moteurs-roues rappelle celle de Rimac, où l’on trouve quatre moteurs, mais qui ne sont pas sur les roues directement.

La R5 Turbo 3E se démarque donc en étant une sportive électrique compacte, légère et ultra-agile, pensée avant tout pour le fun et l’efficacité sur circuit ou en drift. Un positionnement clairement inédit sur le marché. La future Alpine A110 électrique pourrait venir lui faire un peu d’ombre, mais dans un registre différent.

Face aux Renault 5 E-Tech et Alpine A290 : le grand écart

Si la R5 Turbo 3E est une voiture extrême et radicale, elle partage pourtant des liens avec deux autres modèles électriques du groupe Renault : la Renault 5 E-Tech et l’Alpine A290.

Renault 5 E-Tech // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

D’un côté, la Renault 5 E-Tech incarne la vision grand public de la citadine électrique, avec une approche accessible et pensée pour un usage quotidien. Avec une puissance allant de 95 à 150 ch selon les versions et une autonomie d’environ 400 km avec une batterie de 52 kWh, son design rétro-futuriste se rapproche de celui de la Turbo 3E, mais dans une exécution beaucoup plus sage.

Alpine A290 // Source : Robin Wycke – Frandroid

L’Alpine A290, quant à elle, représente un compromis entre sportivité et usage quotidien, en étant basé sur la R5 électrique. Avec une motorisation plus puissante (jusqu’à 220 ch) et un châssis affûté, elle promet d’être la GTI électrique du groupe Renault.

Pour aller plus loin
On a conduit l’Alpine A290, une R5 E-Tech performante qui prouve qu’on peut s’amuser en voiture électrique

En clair, ces trois modèles forment une gamme cohérente : la Renault 5 E-Tech pour la ville, l’Alpine A290 pour ceux qui veulent une sportive exploitable au quotidien, et la R5 Turbo 3E pour les pilotes en quête de sensations pures… ou d’exclusivité.

Une édition (malheureusement) limitée

Renault a annoncé que la R5 Turbo 3E sera produite en seulement 1 980 exemplaires, un clin d’œil à l’année de sortie de la première Turbo. Les réservations ouvriront dans les prochaines semaines, avec une commercialisation prévue pour 2027.

Le prix exact n’a pas encore été dévoilé, mais il devrait avoisiner les 100 000 euros. Renault a précisé qu’il sera inférieur aux 265 000 euros réclamés par l’Alpine A110 R Ultime.

Un tarif élevé, mais qui reste bien inférieur aux supercars électriques les plus extrêmes du marché. Et surtout, il s’agit d’un modèle exclusif, qui pourrait bien devenir un véritable collector dans les années à venir. Sauf si Renault se décide à en produire davantage que 1980, sur une deuxième version par exemple.

Verdict : Renault ose, et ça marchera fort

En découvrant cette R5 Turbo 3E, j’ai eu la sensation de voir une voiture totalement hors normes, qui ose casser les codes de l’automobile électrique actuelle. Là où la plupart des constructeurs cherchent à maximiser l’autonomie ou l’efficacité énergétique, en proposant des voitures classiques qui ne font pas réellement rêver, Renault a fait un pari totalement différent : celui du plaisir de conduite et des sensations fortes.

Renault 5 Turbo 3E

Et ça me rappelle Tesla, avec la Model S en 2012. À l’époque, les deux seules voitures électriques du marché étaient la Nissan Leaf et la Renault Zoé. Pas vraiment des voitures attirantes sur le point émotionnel. Tesla est arrivé avec une voiture électrique jolie, performante et aboutie techniquement. Cela a permis à de nombreux amoureux de l’automobile à s’intéresser à la motorisation 100 % électrique.

Et je pense qu’avec la R5 Turbo 3E, Renault réussira le même pari. Une stratégie qui pourrait permettre d’augmenter les ventes de voitures électriques chez Renault. Une voiture qui participe à la révolution de Renault, baptisée Renaulution. On imagine très bien aussi le constructeur au losange se lancer dans des championnats avec sa nouvelle venue.

Mais une chose est sûre : la légende de la R5 Turbo n’a pas fini de faire parler d’elle. Autre certitude : on a vraiment hâte de l’essayer.

Les derniers articles