Valve Steam Deck vs Asus ROG Ally : quelle console choisir ?

 
Le Steam Deck de Valve a popularisé une nouvelle catégorie de PC gamers sous forme de console portable, et le ROG Ally en est son premier rival de taille. Mais entre les deux, quelle console est vraiment faite pour vous ?

Il y a quelques mois encore, il était évident que n’importe qui cherchant à avoir un PC portable en forme de console se devait de se tourner vers le Steam Deck, la toute nouvelle console de Valve. Mais en suivant l’inspiration de son tout nouveau concurrent, Asus a depuis lors créé le ROG Ally. Un PC qui se veut de la même école, mais deux fois plus puissant. Pourtant, choisir l’un ou l’autre n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire ; tout dépend vraiment de ce que vous attendez de votre nouvelle console portable. Notre comparatif vous aidera à faire votre choix.

Nos tests vidéo

Fiches techniques des Steam Deck et ROG Ally

Modèle Valve Steam Deck (LCD) Asus ROG Ally Z1 Extreme
Dimensions 29,8 cm x 11,7 cm x 4,9 cm 24 cm x 11,3 cm x 3,9 cm
Support Dématérialisé N/C
Architecture graphique AMD RDNA 2 AMD RDNA 3
Définition maximale HD 4K
Wifi Wi-Fi 5 (ac) Wi-Fi 5 (ac), Wi-Fi 6 (ax)
Bluetooth Oui Oui
Poids 669 g 608 g
Prix 419 € 549 €
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Design : grand format partout

Impossible de l’ignorer : le Steam Deck est un mastodonte parmi les consoles portables. Si vous pensiez que la Nintendo Switch était déjà un grand format, le 298 mm × 117 mm × 49 mm et les 669 grammes du Steam Deck vous feront très fortement changer d’avis. Qu’importe la taille, qui est relative à une grande tablette en format paysage, c’est surtout dans sa construction que la console de Valve a fait des choix particuliers. La croix directionnelle se retrouve positionnée à gauche du joystick gauche, quand les boutons ABXY sont à droite du stick droit. Le tout pour laisser la place à deux petits pavés tactiles hérités du Steam Controller qui permettent de continuer à jouer à un jeu type RTS sans trop sacrifier en confort. L’héritage du Steam Deck est le jeu PC, et la console ne s’éloigne absolument pas de cette tradition. On retrouve également au dos quatre boutons de raccourcis (deux de chaque côté) personnalisables qui sont parfaitement plats par rapport à la coque de l’appareil.

Le ROG Ally est à ce titre beaucoup plus proche d’une console. 280 x 111 x 324 mm pour 608 grammes, soit un format qui se situe entre la Nintendo Switch OLED et le Steam Deck, pour un poids qui est tout de même moins pesant sur les avant-bras lors de longues sessions. Mais surtout, on retiendra de la console d’Asus le fait qu’elle se prend en main comme une manette de Xbox traditionnelle. Pas besoin de gymnastique particulière ou de se créer de nouveaux réflexes : la mémoire musculaire d’antan a toujours cours ici, et le confort est optimal. Au dos, on retrouve uniquement deux boutons de raccourci qui sont cette fois-ci très protubérants, et pas particulièrement bien placés selon nos tests. Utiles sur le papier, oui, mais pas nécessairement à l’usage ; heureusement qu’ils sont faciles à ignorer.

En termes de facilité de prise en main comme de transport, il ne fait aucun doute que le ROG Ally a l’avantage sur la catégorie du design. Ceci étant dit, le Steam Deck fait partie de ces produits où tout est possible : une tranche certes minime d’utilisateurs sera plus qu’heureux de profiter de sa polyvalence. Il faut aussi noter que contrairement à la console d’Asus, le Steam Deck est fourni d’office avec une sacoche de transport, ce qui n’est pas du luxe pour ces appareils sortant de toutes catégories connues jusqu’ici.

Écrans : l’avantage du 120 Hz

Le Steam Deck s’équipe d’une dalle IPS LCD de 7 pouces en définition 1280 x 800 pixels, soit un ratio 16:10, supportant un taux de rafraîchissement maximal de 60 Hz. Dans notre test, nous avons pu mesurer une luminosité maximale de 475 cd/m², mais certains modèles sont équipés d’écrans pouvant atteindre jusqu’à 600 cd/m². Ce que l’on peut dire est que peu importe la mesure, le Steam Deck reste parfaitement lisible en plein soleil. Par contre, sa couverture à seulement 61,9% de l’espace sRGB n’en fait pas l’écran reproduisant le plus fidèlement les couleurs, loin de là. C’est suffisant pour une console portable, mais cet aspect de l’appareil a été un brin sacrifié pour atteindre son tarif agressif.

Le ROG Ally s’équipe lui d’une dalle IPS LCD de 7 pouces qui supportant une définition de 1920 x 1080 pixels, soit le traditionnel ratio 16:9. Surtout, son taux de rafraîchissement maximal est de 120 Hz, et la dalle supporte le VRR (taux de rafraîchissement variable) qui lui permet d’adapter ces Hz au contenu affiché en temps réel. Dans nos tests, nous avons pu mesurer une luminosité maximale de 503 cd/m² pour une couverture de l’espace sRGB de 97,1%. Les couleurs sont tout simplement magnifiques sur cet écran, qui approche celui d’un ordinateur portable gamer traditionnel.

Sur ce point, il n’y a tout simplement pas de compétition : le ROG Ally l’emporte haut la main. La dalle d’Asus est à des lieux au dessus de ce qu’apporte le Steam Deck, et permet à la ROG Ally de se passer de la synchronisation verticale pour éviter les déchirements de l’écran. Cela permet donc aussi à la console d’être plus réactive que sa rivale chez Valve.

Logiciels : liberté ou facilité

Le Steam Deck de Valve a une particularité bien à lui : il est propulsé par SteamOS, un système d’exploitation basé sur GNU/Linux et créé spécifiquement pour la console. De ce fait, l’utiliser est d’une facilité déconcertante même pour le grand public, quand les plus bidouilleurs pourront toujours débloquer des fonctionnalités supplémentaires. Mais il y a une limite : Proton, la couche de traduction permettant de lancer des jeux Windows sur Linux, est un bijou imparfait qui n’est pas compatible avec l’intégralité des titres PC. Les jeux utilisant certains anti-cheat notamment, comme Easy Anti-Cheat sur Fortnite ou Vanguard sur Valorant, refuseront tout bêtement de se lancer sur la machine. Valve travaille depuis plus d’un an sur cette compatibilité, mais les développeurs qui ne souhaitent pas faire l’effort de s’adapter à cette machine ne sont pas d’une grande aide. En sus, il est plus difficile (mais pas totalement impossible) d’accéder à d’autres lanceurs d’application, à l’image de GOG ou encore Epic Games : seul Steam est vraiment intégralement compatible avec la console.

La ROG Ally est un PC sous Windows dans le format d’une console portable. Cela veut dire qu’elle est intégralement compatible avec absolument tous les jeux disponibles sur PC tant qu’elle peut les faire tourner. Elle est virtuellement sans limite. Cependant, c’est aussi une faiblesse, puisque Windows n’est tout simplement pas adapté à ce type de format, et le lanceur Armoury Crate SE développé par Asus est un cache-misère qui ne couvre que 75% des usages. Au quotidien, il faudra forcément repasser par l’interface Windows, librement accessible, pour installer ses jeux et gérer les petites incartades de l’OS sur certains lancements de jeu. La plateforme est donc totalement libre, mais aussi beaucoup plus difficile à prendre en main.

Match nul sur ce terrain, puisque chaque console a ses avantages et ses inconvénients. Les limites du Steam Deck sont contrebalancées par la facilité avec laquelle elle peut se prendre en main pour quiconque, et sa capacité à offrir une expérience qui n’est jamais frustrante. De l’autre côté, la liberté du ROG Ally est absolue, même s’il faut pour en profiter faire des concessions sur l’ergonomie. Le ROG Ally a un petit avantage pour qui s’imagine utiliser sa console comme un véritable ordinateur portable, puisque Windows parle beaucoup plus au grand public, mais cet usage est tellement de niche qu’il ne compte pas vraiment comme un point fort de la machine. L’un dans l’autre, vous devrez faire un choix entre la liberté (ROG Ally) ou la facilité (Steam Deck). Notez que les plus bidouilleurs pourront toujours faire un dual boot sur n’importe laquelle de ces machines pour esquiver l’intégralité de ces problèmes.

Performances : petit malin et gros bourrin

Le Steam Deck a été toqué à la porte d’AMD pour créer son propre APU. Celui-ci est composé d’une architecture CPU sur base Zen 2 à 4 cœurs et 8 threads, quand la partie GPU est sous la génération RDNA2 à 8 Compute Units. Le stockage des versions 256 et 512 Go est sur un bus PCIe Gen 3.0, quand le modèle 64 Go utilise une mémoire eMMC plus vieille et plus lente. Le tout se partage 16 Go de RAM LPDDR5. Le système peut envoyer à son APU 10 ou 15W selon votre choix.

En purs termes de puissance, le Steam Deck est capable d’encaisser des jeux très lourds comme Cyberpunk 2077 pour peu que l’on se contente de la définition 800p et des réglages en faible par défaut. Dès lors, elle saura parfois atteindre les 60 FPS selon les jeux (Doom Eternal notamment), quand la majorité oscillera entre 30 et 40 FPS. C’est déjà excellent, et le Steam Deck est évidemment un monstre pour lancer n’importe quel jeu indépendant en 2D. Mais surtout, la sauce secrète de Valve est que le constructeur a une maîtrise complète de son architecture, et peut donc optimiser au maximum son OS pour fournir les meilleures performances grâce à des mises à jour très régulières. Le support de Valve est infini.

L’Asus ROG Ally est propulsé par une toute nouvelle série Z1 Extrême d’AMD. Ici, nous avons le droit à une architecture CPU sur base Zen 3 à 8 cœurs et 16 threads, quand la partie GPU est sous la génération RDNA 3 à 12 Compute Units. L’unique stockage en 512 Go de la console profite d’un bus PCIe Gen 4 de dernière génération, et la RAM est elle aussi à 16 Go en LPDDR5. Le système est prévu pour avoir quatre modes de performances : 9W, 15W, 25W et 30W.

À consommation égale de 15W, le ROG Ally est capable de fournir sensiblement la même chose que le Steam Deck, mais en réglage moyen à 720p et avec un framerate bien plus proche des 60 FPS, quand il ne les dépasse pas. A 9W, le ROG Ally est très légèrement moins performant que le Steam Deck, mais reste dans les mêmes eaux. Ce qui est le plus intéressant avec la console d’Asus est que celle-ci est capable d’atteindre les mêmes performances en 1080p à consommation égale, et même de surpasser les paramètres du Steam Deck dès que l’on utilise le mode 25 ou 30W. En somme, l’avantage du ROG Ally est de pouvoir moduler sa puissance librement, ce qui offre à l’utilisateur une plus grande variété de choix en prime d’une puissance supérieure.

Sur le terrain des performances, le ROG Ally est bien supérieur à la console de Valve. C’est un fait indéniable. Ceci étant dit, le Steam Deck ne démérite pas en basse consommation, et les optimisations offertes par ses développeurs lui permettent de garder un certain attrait. Si la définition 1080p ne vous intéresse pas plus que ça et/ou que les jeux indépendants sont votre priorité, il ne paraît pas nécessaire de craquer pour le ROG Ally.

Autonomie : le mouchoir de poche

Même constat sur les deux consoles à consommation égale de l’APU à 15W : on peut compter sur environ 1h30 à 2 heures de jeu sur les titres 3D réclamant de la puissance, et jusqu’à 4/5 heures de jeu sur les titres plus modestes ne réclamant pas beaucoup de puissance. Les deux consoles permettent de retoucher la définition de l’écran ou la fréquence de rafraîchissement de l’affichage pour optimiser un peu plus leur autonomie. Rien d’étonnant puisque le Steam Deck comme le ROG Ally intègrent une batterie de 40Wh, qu’il est possible de recharger via un port USB-C supportant la norme Power Delivery. La console d’Asus est capable de se recharger plus vite grâce au support du 65W, contre 45W sur la console de Valve.

Toutefois, en poussant le ROG Ally au-delà des 15W de puissance, nous pouvons vite descendre à 1h de jeu sur les titres plus gourmands. Mais du même temps, la liberté de réglage de l’APU AMD lui permet de descendre à 9W pour optimiser toujours plus la consommation. Les plus débrouillards pourront également influer sur ce TDP sur le Steam Deck comme le ROG Ally pour tirer encore plus sur la corde.

Qu’on se le dise : cette catégorie de produit est tributaire du manque d’évolution des technologies de batterie, et le restera à vie. En considérant que nous sommes dans les eaux de l’autonomie de la Nintendo Switch, qui ne fait pas franchement mieux dans les mêmes conditions, il n’y a pas vraiment de vainqueur dans cet aspect de la compétition.

Conclusion

Suite à nos tests, le constat est évident : le ROG Ally n’est pas un véritable concurrent du Steam Deck. Toujours placée à un prix de départ de seulement 419 euros, la console de Valve reste la maîtresse de l’entrée de gamme sur cette nouvelle catégorie de produit manquant encore de concurrents. Ses performances sont toujours solides, et il est évident que sa prise en main est la plus simple à comprendre pour le grand public.

C’est face au Steam Deck 512 Go de stockage, dont le tarif est de 679 euros en France, que le ROG Ally tire son épingle du jeu. Vendue 799 euros, la console d’Asus ne réclame que 120 euros de plus pour offrir des performances améliorées, un écran largement supérieur à sa concurrente, un stockage de même capacité, mais plus rapide, et une liberté totale d’utilisation… pour peu que l’on ne soit pas rebuté par le fait d’utiliser ce qui est fondamentalement un PC traditionnel à naviguer grâce à un écran tactile. Ce n’est pas aussi fluide, mais après installation de vos titres préférés, plus rien ne vous mettra vraiment de bâtons dans les roues.


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