En mai 2021, les groupes Bouygues et M6 annonçaient entrer en négociations exclusives afin d’entamer un projet de fusion dans le but de créer un groupe de médias français géant. Une fusion prévue pour le moment pour la fin de l’année 2022. Seulement, pour finaliser la fusion, il faut l’aval de l’Autorité pour la concurrence. L’institution publique a entamé une phase d’examen approfondi en mars dernier pour une décision qui doit être rendue à l’automne prochain.
Comme le rapporte La Tribune ce mercredi, le président du groupe M6 Nicolas de Tavernost « a affirmé qu’un rapport fraîchement remis par l’institution n’était guère favorable à cette union » en parallèle de la présentation des résultats semestriels de l’entreprise. D’ailleurs, c’est lui qui devrait diriger la nouvelle entité si le projet aboutit.
Les réserves de l’Autorité de la concurrence sur la fusion TF1-M6
Dans un communiqué, le groupe TF1 a déclaré que « les services d’instruction considèrent que l’opération soulève des problèmes de concurrence significatifs (en particulier sur le marché de la publicité) ». On apprend que l’Autorité de la concurrence a proposé des « remèdes » qui faciliteraient la validation du projet, mais que ces derniers « feraient perdre toute pertinence au projet des parties qui, dans ce cas, l’abandonneraient ».
Pour Nicolas de Tavernost, ces solutions proposées par l’autorité administrative « ne permettraient pas de bâtir un projet industriel cohérent ». Pour La Tribune, ce seraient « des cessions d’actifs ou des systèmes de murailles de Chine entre différents services ». TF1 et M6 « entendent maintenir leur projet tel qu’il a été présenté » et prévoient de « répondre dans les trois semaines à l’Autorité ». Ils nous apprennent aussi que des « auditions devant le Collège de l’Autorité de la concurrence sont prévues les 5 et 6 septembre prochains ». Du côté de M6, le groupe annonce qu’une « communication sera diffusée très prochainement » concernant la fusion, sans en dire davantage.
TF1 et M6 représentent 70 % du marché de la publicité à la télévision, c’est trop pour l’Autorité de la concurrence
Les deux groupes de télévision étant déjà les plus gros en France, leur fusion amènerait le groupe TF1-M6 à obtenir plus de 70 % de parts de marché de la publicité télévisée, ce qui représenterait un problème de concurrence par rapport aux autres acteurs du PAF.
Les deux acteurs se défendent en arguant que ce chiffre n’inclut pas la publicité numérique qui est aujourd’hui le fait d’entreprises américaines. La Tribune rappelle que TF1 et M6 justifient leur projet qui serait « un impératif pour ne pas, à terme, se retrouver dans l’impasse » par rapport à la concurrence des services de SVoD, notamment américains (Amazon Prime Video, Disney+, Netflix, Discovery+, etc.).
TF1 et M6 oublient un peu Salto
Rappelons que dans le projet de fusion TF1-M6, les deux groupes prévoyaient d’« accélérer le développement d’une plateforme nationale performante combinant une offre de rattrapage et de streaming (fondée sur MyTF1 et 6play) et une offre de SVOD ». Ce serait aussi l’opportunité de « développer des technologies de pointe en streaming […] et en publicité adressée, pour répondre aux besoins des téléspectateurs et des clients ».
Se lancer dans ces projets-là n’est pas une mauvaise chose en soi, mais c’est un peu oublier Salto dans l’histoire. Il s’agit d’une plateforme française de SVoD lancée en août 2019 conjointement par TF1, M6 et France Télévisions, qui avait déjà eu des problèmes avec l’Autorité de la concurrence. Une enquête de Capital a révélé en début d’année que Salto n’arrivait pas à faire décoller son nombre d’abonnés et manquait de contenus exclusifs. D’ailleurs, Salto, qui devait faire concurrence aux autres plateformes de streaming, s’est allié à Amazon Prime Video pour proposer son service au catalogue. On peut également penser que France Télévisions se retirerait de Salto dans le cas où la fusion TF1-M6 s’effectuerait. De quoi laisser le champ libre au nouveau géant de la télévision.
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