L’aventure de Decathlon dans le vélo et le vélo électrique est remarquable, moins celle dans les trottinettes électriques. Vous l’ignorez peut-être, car en parallèle des gammes Elops et B’Twin, le groupe français a développé les modèles Oxelo : les fameuses Klick avec leur vitesse régulée. Toutefois, retards, soucis techniques et problèmes de conception ont terni sa carrière dans la micromobilité.
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Fin 2021, une toute nouvelle génération a débarqué avec la R900E, qui jouissait d’une conception bien plus classique. Puis vint la R920E l’année suivante, qui misait cette fois-ci sur une plus grande puissance et une meilleure autonomie. Réputée dans les produits accessibles et pratiques, la filiale de Decathlon apporte ici quelques astuces par rapport à la concurrence : poignées pliables, ou pliage sécurisé via cadenas.
Que vaut donc cette trottinette Oxelo R900E, qui souhaite devenir l’alliée des petits trajets du quotidien ? On a testé ce produit pendant plusieurs jours, voici notre verdict.
Fiche technique
Modèle | Decathlon Oxelo R900E |
---|---|
Autonomie annoncée | 25 km |
Temps de recharge annoncé | 225 min |
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Design classique et des idées singulières
Le design de la trottinette électrique Decathlon est classique, de loin. Comme dans d’autres catégories de produits, la grande enseigne sportive s’inspire du marché, pour en prendre le meilleur. Ici, l’Oxelo R900E récolte donc une allure de Xiaomi, avec quelques particularités si l’on y prête un œil attentif.
Déjà, la trottinette mise sur des roues de taille différente : 10 pouces à l’avant et 8 pouces à l’arrière, toutes deux sans air et donc increvables. La première (45 mm) est également plus étroite que la seconde (50 mm), celle-ci intégrant le moteur. Des garde-boue en plastique, mais bien fixés, viennent les compléter. On les aurait rallongés volontiers, puisque les pneus aspergent la suspension à l’avant ou la lumière arrière.
Justement, ce feu arrière bien visible est automatiquement allumé à l’ouverture de la trottinette, ainsi qu’à sa recharge. Il dispose aussi d’un feu de freinage, afin d’alerter les gens derrière vous. Légèrement incliné vers le bas, l’éclairage avant est de 5,5 lux. Il permet vraiment de voir de nuit devant soi. Mais ne comptez pas sur des clignotants, contrairement aux récentes Ninebot et Segway.
Des poignées pliantes
La trottinette Decathlon est courte, dépassant à peine un mètre de long (1,03 m). Le guidon culmine à 1,10 mètre, un chouïa court pour les grandes tailles. Mon 1,84 mètre a les bras quasiment tendus, problématique pour les grands dadais. On conseille donc d’aller en magasin, afin d’essayer sa position avant l’achat. En largeur, l’Oxelo affiche 53,5 centimètres au bout des poignées, au-dessus de la moyenne.
Originalité : les poignées sont ergonomiques et les connaisseurs auront reconnu celles des vélos Elops. Pour l’aspect pratique, les poignées sont pliantes. Un choix rare chez les trottinettes électriques, que les Pure Electric Advanced ont également adopté. On passe ainsi à 20 cm de large, génial lorsqu’il s’agit de stocker sa trottinette chez soi ou en endroits exigus. Et surtout, la différence est palpable en mode plié : on ne vient plus taper les tibias contre le guidon. Hélas, le système de boutons poussoirs est aléatoire : il se bloque parfois, et vous contraint à légèrement soulever les poignées.
Le deck est assez large, 17 cm dont 13 cm de surface antidérapante, sur une quarantaine de cm de long. C’est un poil court pour les grands pieds, il faut absolument mettre le second en diagonale à l’arrière. Malheureusement, la partie antidérapante est un tapis collé au deck, mais mal fixé sur notre exemplaire (soulevable à l’arrière, le hic).
Cette pièce en plastique, à sillons profonds et complexes, est aussi très compliquée à nettoyer. La Decathlon Oxelo R900E est indiquée IPX4 : elle est donc adaptée sous la pluie ou sur sol mouillé avec des projections d’eau. Par contre, le jeu sur l’assemblage avant du deck nous interroge sur l’intrusion de poussière, sable ou boue.
Pliage avec cadenas offert !
Le pliage de la trottinette électrique Decathlon se fait en deux temps… mais est un peu dur à maîtriser. On doit pousser un bouton vers le haut (rouge), tout en tirant fort avec la main, puis appuyer sur un bouton rond rouge à droite de la colonne de direction pour ouvrir la charnière. On aime le pliage sécurisant avec un loquet métallique, attachant le guidon et le haut du garde-boue arrière.
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C’est solide au moment de la transporter, bien qu’un peu branlant, et avec un équipement unique. Pour sécuriser le loquet en mode plié, un cadenas peut s’y loger. Si quelqu’un vient à voler votre trottinette électrique, il ne pourra pas l’utiliser. Le code est toutefois à trois chiffres, donc pas forcément inviolable non plus.
Le voleur potentiel aura toutefois affaire au poids moyen de cette Oxelo R900E : 14 kg, ce qui est lourd pour les petits gabarits et paradoxal eu égard à la petite batterie intégrée. Cela reste largement acceptable pour le multimodal, dans le train, métro ou bus.
Écran sans folie, mais plus complet que la concurrence
L’écran de cette trottinette électrique n’a rien à voir avec ses rivales. Decathlon n’a pas voulu copier Xiaomi, et tant mieux. Une petite animation du pourcentage de batterie accompagne l’allumage, sympa. Disparaissant après quelques secondes, il laisse place à l’interface principale de l’écran LCD, avec des caractères bleus un peu désuets sur fond noir. Il n’y a pas de différence de visibilité avec la lumière allumée ou non : c’est donc un peu juste par temps ensoleillé, mais très lisible de nuit.
De haut en bas, l’Oxelo R900E affiche l’heure (bien vu), la vitesse, le mode de conduite, le kilométrage et une jauge de batterie à 5 barres. On peut faire défiler deux autres infos : le kilométrage en cours et l’autonomie restante. Pour y parvenir, on appuie sur l’un des boutons sous l’écran. Ceux-ci sont toutefois trop mous et plats. Par exemple, on ne sent pas l’activation pour allumer le phare ou changer de mode. S’y prendre à plusieurs fois est donc courant, surtout avec des gants.
Plutôt agréable pour consulter ses informations de conduite, cet écran souffre d’un petit inconvénient : il est incliné vers l’avant, vers le bas. En conduite, il faut donc détourner le regard de la route, ce qui n’est pas très sécuritaire. On préfère un écran normal plat, dans l’axe du guidon. Non connectée, la trottinette électrique Decathlon R900E ne fonctionne avec aucune application.
Confort et maniabilité
Classique de conception, la trottinette électrique Decathlon accueille le moteur dans la roue arrière. Envoyant 430 W en pointe, il faut compter plutôt sur 250 W de puissance nominale. Après un bon coup de patin, l’accélération est correcte, mais il faut patienter un peu pour atteindre 20 km/h.
L’Oxelo R900E montre ses limites en reprises, assez lentes, tandis que la vitesse maximale de notre modèle n’est pas vraiment de 25 km/h avec le mode maximal S. Nous avons pointé à 22-23 km/h au mieux sur du plat, et 24 km/h en descente. Contacté, Decathlon nous a informés que les conditions pouvaient influer : « terrain, conducteur et météo ».
Précisons donc tout de suite le contexte : bitume bien plat, poids de 80 kg tout mouillés, et 10 à 15 °C. Malgré plusieurs trajets différents, impossible de tutoyer les 25 km/h. En montée, il suffit d’une petite pente pour peiner à tenir les 20 km/h, la trottinette pouvant arpenter 10 % en théorie.
Merci la grande roue
En conduite, la R900E confirme qu’elle est un produit d’accès à la trottinette électrique. La grande roue avant permet d’attaquer de grosses imperfections de chaussée, de passer sur quelques brindilles ou trottoirs sans faire de salto. Un peu étroit, le pneu ne donne pas envie de prendre des virages à grande vitesse ni de trop en faire sous la pluie. Mais ça tient en conduite douce, c’est l’essentiel. Et quel confort de ne pas se soucier d’une crevaison.
Notre test nous a amenés à nous déplacer sous la pluie : c’est faisable, mais gare au frein. Le frein à tambour arrière ne peut faire de miracles, car il bloque la roue très précocement, rendant la trottinette glissante. Sur le sec, l’engin peut déraper, bien que le freinage soit tout de même équilibré et bien dosable. Par contre, il faut se faire au levier de frein situé… à droite. On doit donc lâcher la gâchette pour l’actionner, un coup de main devenant naturel après quelques km.
Trop de vibrations
Elle ne le met pas en avant, mais cette Oxelo a bien une suspension. Oui, c’est entre la colonne de direction et la fourche que l’on trouve ce petit amortissement, enveloppé de caoutchouc gris. Elle ne nous a pas paru très active, mais cela doit jouer un peu en réponse au pneu très rigide.
Le confort s’arrête là, puisque dès que l’on quitte une chaussée parfaitement plate et lisse, on ressent tout sur la route. Les vibrations sont presque punitives façon Paris-Roubaix, lorsque l’on prend les rues mal entretenues ou les pavés. Elles sont telles que la trottinette électrique perd de la vitesse, difficile de passer 20 km/h sur certains pavés.
15 km d’autonomie, grand maximum
Sur le carton qui accompagnait notre trottinette électrique d’essai, une promesse de 25 km d’autonomie était faite. Ayant personnellement déjà testé la version R920E qui clamait 35 km, je me rappelais que les 20 km étaient à peine faisables dans la réalité choses. Je ne comptais donc pas sur plus de 15 km en mode S.
Car ici, l’Oxelo R900E mise sur une batterie d’une capacité 262 Wh, ou 6,4 Ah, aux cellules LG. Sans pouvoir faire notre parcours étalon de 20 km, nous nous lançons sur un parcours personnalisé, très plat, en conditions diverses : sol mouillé et soleil par 10 °C.
Déjà, la batterie fond comme neige au soleil : 90 % après 2 km, 75 % après 4 km, ça file. Nous n’avions pas roulé plus de 10 km que les 2/3 de la batterie étaient déjà consommés. Finalement, il faut compter entre 13 à 15 km. Avec un conducteur moins dodu et une météo estivale, on devrait pouvoir gagner quelques kilomètres, mais c’est bien tout.
Une puissance disponible à tout niveau de batterie
Excellent point, nous n’avons pas perçu de chute de puissance lorsque la batterie s’approchait des 0 %. On peut utiliser le mode S sans contrainte jusqu’à la fin. Évitez quand même d’en arriver là, pour ne pas abîmer votre batterie au bout de quelques mois. Car Decathlon le précise, elle ne supporte que 300 cycles de charge. C’est peu : si possible, préservez votre accumulateur entre 10 et 90 %.
Dans cette fenêtre d’utilisation, on ne retient donc que 12 km d’autonomie. Autre calcul à l’achat : si vous parcourez cette distance et chargez la batterie chaque jour de travail, la durée de vie potentielle n’est que de 2 ans. Car après, la capacité de batterie tombe sous les 70 %. Elle est bien sûr encore utilisable, mais le rayon d’action sera fortement dégradé.
Un peu brouillonne en finition, l’Oxelo R900E pêche par son cache de prise de recharge. Trop léger et proche de la béquille, il sort souvent de son emplacement : pas sûr qu’il survive très longtemps. Branchée, la trottinette reçoit l’énergie via son chargeur de 2 A pour un plein assez long. Pourtant petite, la batterie demande 3h pour passer de 0 à 80 %, 4h pour un plein total.
Un prix élevé, face à un réseau et SAV déments
Placée sur le segment du milieu de gamme, la Decathlon Oxelo R900E devrait être positionnée sous les 400 euros. Malheureusement, la trottinette électrique française en fait un peu trop, au prix catalogue de 499 euros, parfois remisé à 469 euros. Pour comparer, une Ninebot D38E offre 10 km d’autonomie de plus à 509 euros avec un meilleur confort et une connectivité.
La Xiaomi Electric Scooter Lite 3, à 449 euros, est plus puissante et plus légère mais en deçà côté autonomie (20 km théoriques). On conseille ainsi le modèle supérieur R920E, capable de parcourir plus de 20 km pour 569 euros (prix actuel remisé).
Un peu chère, la R900E a pour énorme avantage le réseau Decathlon. Celui-ci propose un paiement en 4 fois sans frais, un retrait en magasin ou livraison sous 24 ou 48 h. La marque propose aussi une assurance casse de 2 ans à 40euros et un atelier réparation dans les 300 sites en France. Le SAV est complet, avec fiche produit, vidéos et FAQ sur le site web, et une messagerie pour prise de contact. Bonus, le site offre une accessibilité en ligne des pièces détachées.
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