Depuis bientôt quatre ans, Huawei est confronté à un embargo particulièrement contraignant de la part des États-Unis. Accusé de participer à un espionnage mondial au profit de Pékin, le constructeur est inscrit depuis 2019 sur l’entity list, une liste des organisations avec lesquelles les entreprises américaines n’ont pas le droit de commercer.
C’est en raison de la présence de Huawei sur cette liste que les smartphones du constructeur ne peuvent plus embarquer les services mobiles Google, qu’ils ne sont pas compatibles 5G ou que Huawei a dû revendre Honor. Néanmoins, Huawei profitait encore d’un certain répit grâce au système des licences.
Au cas par cas, et à la demande des entreprises souhaitant commercer avec Huawei, Washington pouvait jusqu’à aujourd’hui les y autoriser sous la firme d’un accord de licence. C’est ce qui a permis jusqu’à présent à Intel de fournir Huawei en processeurs pour ses ordinateurs portables, à Qualcomm d’équiper les smartphones de la marque de SoC ou à Microsoft de proposer Windows sur les PC portables de Huawei.
Jusqu’à présent, la politique de Washington était simple quant à l’octroi de ces licences : elles ne posaient pas de problème tant que les produits vendus à Huawei n’étaient pas liés à des soucis de sécurité ou d’espionnage potentiel.
Une décision qui s’inscrit dans une crise géopolitique majeure
Néanmoins, selon les informations du Financial Times, l’administration Biden a finalement changé son fusil d’épaule. Désormais, les licences ne sont plus admises. « Plusieurs personnes proches du sujet au sein de l’administration ont affirmé que le département du commerce avait informé certaines entreprises qu’il ne pourrait plus accorder de licences aux groupes américains exportant des technologies à Huawei », indique le journal économique.
Cette décision fait notamment suite à des sanctions supplémentaires, en octobre dernier, visant à interdire l’export de semi-conducteurs à des groupes chinois. Elle s’inscrit par ailleurs dans une situation géopolitique plus complexe, la Chine ayant utilisé certains composants américains pour développer des équipements militaires.
Surtout, on a appris en début de semaine que le Japon et les Pays-Bas avaient eux aussi décidé d’interdire l’export d’outils de fabrication de semiconducteurs vers la Chine. Ces deux pays sont pourtant essentiels à la production de semi-conducteurs, grâce aux entreprises Nikon et ASML, toutes deux fabricantes de machines de photolithographie utilisées pour les composants électroniques.
Si cette décision devrait empêcher les prochains produits Huawei d’embarquer des puces Qualcomm ou Intel, ou les PC de la marque de profiter de Windows, on ignore encore à quel point ces nouvelles sanctions pourront porter atteinte à la santé économique de Huawei.
Il faut dire que, depuis 2019, le groupe chinois s’est de plus en plus orienté vers le marché des infrastructures et la fourniture de services aux entreprises et aux gouvernements — notamment le gouvernement chinois. La vente de produits aux particuliers a quant à elle radicalement chuté.
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