Microsoft se rallie à l’UE contre les pratiques d’Apple sur l’AppStore

Microsoft sous-entend qu'Apple est pire que lui il y a 20 ans !

 
Brad Smith, président du conseil d’administration de Microsoft, s’est exprimé sur le cas d’Apple et des 30% de commission réclamés aux éditeurs et développeurs tiers sur l’AppStore. L’occasion pour l’intéressé de ruer dans les brancards… sans jamais citer Apple nommément. Un bel exercice d’acrobatie et un appel du pied appuyé aux régulateurs européens comme américains.
Microsoft s’en prend à Apple et sa politique de frais sur l’AppStore // Source : @franckinjapan – Unsplash

Il y a 20 ans, Microsoft était condamné par la justice américaine pour concurrence déloyale. Une affaire qui aura terni la réputation du groupe, et celle de son CEO d’alors, Bill Gates, durant plusieurs années, mais qui permet aujourd’hui à Microsoft de savoir de quoi il parle. À l’occasion d’un événement organisé ce mardi par le média américain Politico, Brad Smith (actuel président du conseil d’administration de Microsoft) s’est exprimé sur le cas des boutiques d’applications.

L’intéressé estime notamment qu’il est temps que les autorités américaines et européennes se penchent sur les stratégies mises en œuvre, par ces plateformes, pour prendre l’avantage sur les éditeurs et développeurs souhaitant y distribuer leurs applications et services.

Apple en ligne dans le collimateur, Google aussi, en filigrane…

Ces déclarations, tenues le jour même de l’ouverture par la commission européenne d’une enquête visant Apple et ses pratiques sur l’AppStore, ciblent bien la firme de Cupertino. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé un porte-parole de Microsoft contacté par Bloomberg. En filigrane, Brad Smith s’en prend toutefois aussi à Google, régulièrement pointé du doigt pour la politique en place sur le Google Play.

« Ils imposent des pré-requis qui laissent de plus en plus entendre qu’il n’y a qu’une seule façon d’accéder à leur plateforme, c’est-à-dire de passer par la porte qu’ils ont eux-mêmes créée », a estimé Brad Smith ce mardi, évoquant notamment les 30% de commissions réclamés dans certains cas par Apple, pour autoriser la distribution de logiciels depuis l’AppStore.

« Le temps est venu – que nous parlions de Washington ou de Bruxelles – d’avoir une conversation beaucoup plus ciblée sur la nature des app stores, les règles qui sont mises en place, le montant des commissions qui sont prélevés, pour savoir si la législation antitrust justifie vraiment tout ce qui a été créé », a-t-il poursuivi, assurant que ces méthodes seraient bien plus gênantes pour la libre concurrence que les pratiques qui avaient valu à Microsoft une condamnation au début des années 2000.

Apple dénonce les sociétés qui veulent simplement « resquiller »

Contacté par Bloomberg suite aux propos de Brad Smith, Apple n’a pas souhaité donner de commentaires dans l’immédiat. Le groupe a néanmoins réagi ce mardi à l’enquête ouverte cette semaine par les régulateurs européens.

« Il est décevant que la Commission européenne [prenne au sérieux] les plaintes sans fondement d’une poignée d’entreprises qui veulent simplement resquiller, et ne veulent pas jouer selon les mêmes règles que tout le monde », a déclaré le groupe.

Il faut dire que les attaques de Microsoft ne sont pas tout à fait désintéressées. Le géant de Redmond doit en effet verser à Apple une commission allant de 15 à 30 % sur les abonnements à des services comme la suite Office lorsqu’elle est distribuée, depuis l’App Store, aux utilisateurs de Mac, notamment.

Au delà des applications de productivité, le règlement de l’App Store a par ailleurs empêché le déploiement de services de Cloud Gaming, dont celui de Microsoft. De quoi expliquer en partie le coup de sang de Brad Smith.

Pour aller plus loin
Apple est bien pire que Google et Microsoft en matière de pratiques anticoncurrentielles


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