Adieu l’ADSL, bonjour la fibre ! Orange va débrancher son réseau cuivre

 
Orange dévoile ce lundi le plan de fermeture de son réseau de télécom en cuivre qui assurait le téléphone et la connexion ADSL à de nombreux utilisateurs. L’opérateur veut ainsi accélérer le déploiement de la fibre. Un programme lourd, onéreux et sujet à discussions qui va prendre plusieurs années.
Source : Salvatore – Flickr

Se tourner vers l’avenir. C’est le message que veut faire passer Orange alors que le géant des télécoms annonce ce lundi son plan de fermeture de son réseau historique en cuivre, comme le révèle Le Monde.

Après plus de 100 ans à mailler le territoire français pour le rapprocher vocalement, puis numériquement, le cuivre va tirer sa révérence et laisser sa place à la fibre optique pour les appels téléphoniques et surtout le réseau internet. Orange table sur huit ans pour venir à bout de son projet monumental.

Deux réseaux, « une hérésie économique »

Fin 2030, plus de 30 millions de foyers devraient donc être raccordés à la fibre optique, délaissant ainsi définitivement l’ADSL en vigueur depuis la fin des années 1990. Avec la forte hausse des trafics, le cuivre n’était plus capable de supporter la forte affluence et sa charge d’exploitation estimée à 500 millions d’euros annuels est beaucoup trop coûteuse pour un réseau trop fragile et trop lent alors que la fibre optique multiplie les vitesses d’utilisation par 100 voire 1000 par endroit. Une façon aussi de faire taire les critiques quant à la mauvaise qualité du réseau ADSL pointée notamment par l’Arcep, le gendarme des télécoms.

Exit l’ADSL, bonjour la fibre optique pour tous. Mais sur le papier, c’est plus facile à écrire qu’à faire. Car c’est plus d’un million de kilomètres de câbles à remplacer pour cesser de faire coexister deux réseaux sur le territoire. « Une hérésie économique », confie Michel Combot directeur général de la Fédération française des télécoms au Monde, en plus de la complexité de gérer et interconnecter deux technologies en parallèle.

Si désormais Orange matérialise son projet de fermeture du réseau cuivre, l’idée n’est pas récente et le programme aurait déjà dû être mis en place. La fermeture a été annoncée dès 2019 par Stéphane Richard, rappelle le quotidien. Le patron actuel de l’entreprise, remplacé début avril prochain par Christel Heydemann, en avait fait le cœur de sa stratégie Engage 2025. Mais le Covid est passé par là entre temps, avec le ralentissement de ses projets et la forte demande en installation des particuliers confinés ou en télétravail.

La concurrence gronde

Avec cette feuille de route, c’est aussi celle du déploiement de la fibre optique qui s’écrit pour s’accélérer. Le programme d’Orange est prévu par zone et par étapes sur plusieurs années. Les abonnés seront avertis en amont de l’arrêt de la commercialisation du réseau cuivre, que ce soit pour leur simple ligne téléphonique et/ou leur abonnement ADSL, et de la coupure technique du réseau.

L’entreprise télécom a promis qu’aucun abonné ne se retrouverait sans rien. Mais, comme le signale Le Monde, Orange s’est aussi engagé à assurer un service universel jusqu’en 2023 et celui-ci passe par le cuivre qui a l’avantage de continuer de fonctionner même en cas de coupure d’électricité. Avec la fibre optique, ce n’est plus le cas. Qu’en sera-t-il au-delà de 2023 ?

Reste la question de la concurrence. Si Orange assure la mise en place et l’entretien du réseau cuivre depuis des décennies, la société facture aussi le tout aux autres opérateurs qui veulent y avoir accès via le dégroupage sous forme de location. Cela rapporte la bagatelle de près de deux milliards d’euros chaque année, malgré un chiffre en baisse avec le déploiement de la fibre. Pour la concurrence citée par le journal, c’est aussi la crainte de voir Orange tenter de regagner des parts de marché avec le remplacement de l’ADSL par la fibre auprès des utilisateurs concernés alors qu’ils profitaient sans doute d’offres plus alléchantes auprès d’autres opérateurs.

Qui va payer ?

La question du financement du démontage du réseau doit aussi être étudiée. Orange le fait ainsi pour tous les opérateurs, mais ne peut en supporter seul le coût. L’Arcep réfléchit alors à différentes solutions, dont une révision à la hausse du tarif de dégroupage payé par les opérateurs concurrents. Mais ces derniers avancent qu’ils n’ont pas demandé la fermeture du réseau cuivre et que ce dernier appartient à Orange, pas aux opérateurs. Un sujet qui va forcément faire longuement débat…

Le programme est en tout cas déjà lancé et les opérateurs concurrents ne veulent pas se faire surprendre. Bouygues Telecom a ainsi commencé à avertir ses abonnés de la fin à venir des offres internet ADSL… en anticipant la bascule vers l’une de ses offres fibre.

https://twitter.com/theo_denoyelle/status/1489609198077984768?s=20&t=_uMUNs-RJIOBpsW9NrpiNg

Si le projet s’annonce onéreux et lourd, abandonner le réseau cuivre aura néanmoins quelques avantages pour Orange : revendre des tonnes de matériel, facture environnementale moins élevée avec la fibre qui consomme trois fois moins que l’ADSL, suppression de milliers de centraux téléphoniques. Des économies en vue aussi pour Christel Heydemann et son début de mandature à la tête du numéro un français des télécoms.


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