Depuis le lancement de la Model S en 2012, Tesla est le leader de la voiture électrique à travers le monde. En 2022, l’entreprise d’Elon Musk a cassé tous les records, que ce soit en termes de production ou de ventes. En France, en Europe, et même dans de nombreux pays, la Model 3 ou la Model Y s’est hissée à de nombreuses reprises comme la voiture électrique la plus vendue du mois, du trimestre, ou même de l’année. Mais le vent pourrait bien tourner.
Tesla dans le viseur de BYD
Au quatrième trimestre 2022, Tesla a vendu 405 000 voitures électriques. C’est énorme et c’est un record. Mais le numéro 2 mondial de la voiture électrique, le géant chinois BYD, arrive très très fort. L’entreprise a vendu plus de 329 000 voitures électriques. Sauf que la progression est énorme : c’était seulement 143 223 unités sur le premier trimestre 2022, quand Tesla en vendait déjà 305 407. Et si l’on prend en compte les hybrides rechargeables, BYD a vendu plus de 680 000 voitures sur le dernier trimestre de l’année.
Ventes | Tesla | BYD | Volkswagen | Wuling Motors |
---|---|---|---|---|
Premier trimestre 2022 | 305 407 | 143 223 | 99 100 | NC |
Second trimestre 2022 | 254 695 | 180 296 | 118 000 | NC |
Troisième trimestre 2022 | 343 000 | 258 618 | 149 300 | NC |
Quatrième trimestre 2022 | 405 000 | 329 000 | 205 800 | NC |
Total 2022 | 1 308 102 | 911 137 | 572 100 | 550 000 à 622 000 |
Dans le détail, sur le mois de décembre, BYD a vendu 235 197 voitures électriques (majoritairement en Chine). Tesla ne donne pas de chiffre mensuel, mais on sait que l’usine de Shanghai a vu sortir de ses lignes de production 55 796 voitures en décembre 2022, contre 100 291 voitures le mois précédent et 71 704 unités en octobre.
Un problème de demande ?
C’est notamment pour cette raison que de nombreux experts du secteur sont persuadés que Tesla a un problème de demande en Chine. C’est pour cela que nous avons assisté à de nombreuses baisses de prix et cadeaux de la part de Tesla. Le dernier date de cette semaine, avec une baisse de prix historique en Chine. Les Tesla Model Y et Model 3 n’ont jamais coûté aussi peu cher là-bas.
La problématique semble toutefois se déplacer aussi à l’étranger, puisque Tesla a aussi fait quelques cadeaux aux Européens et aux Américains ces dernières semaines. Mais la firme d’Elon Musk se défend de tout problème de demande. En Chine, Tesla a expliqué que cette baisse de prix avait été rendue possible par des optimisations de la chaîne de production. Ce qui expliquerait également la baisse de production drastique en décembre, qui aurait permis de réorganiser l’usine.
Il faudra donc attendre encore quelques mois, afin de savoir si Tesla a vraiment un problème de demande ou pas. Mais la marque américaine ne doit pas se reposer sur ses lauriers. En Chine, à son arrivée, le constructeur américain était vu comme une marque innovante et révolutionnaire. C’est beaucoup moins le cas désormais, avec bon nombre de constructeurs locaux qui proposent des voitures électriques encore plus innovantes.
1 000 km d’autonomie et charge en 5 minutes
On peut citer la Zeekr 001, du groupe Geely, qui est la première voiture électrique à intégrer la nouvelle batterie de CATL, la Qilin CTP 3.0. Sa particularité ? Proposer une autonomie de 1 000 km sur le cycle chinois CLTC, grâce à sa capacité hors norme de 140 kWh (mais une consommation élevée). On se doute que Tesla aurait pu le faire, avec ses batteries 4680 (qui sont en retard) et la Tesla Model S Plaid+, qui a été annulée. La raison : personne n’a besoin d’une voiture avec plus de 600 km d’autonomie selon Elon Musk. Et l’homme n’a pas tort, du moment que la voiture se recharge rapidement.
Et justement, sur la question de la recharge rapide, Elon Musk avait montré en 2013 une Tesla Model S capable de se « charger » en 3 minutes, grâce à l’échange de batterie. C’était alors plus rapide qu’un plein d’essence ! Mais la marque a depuis abandonné l’idée… qui a été reprise par les constructeurs chinois. Et ce n’est plus une idée, mais une réalité, en Chine et aussi en Europe qui compte déjà 10 stations d’échange de batterie, grâce à Nio. Nous avons d’ailleurs pu essayer la fonction, qui est bluffante et rapide.
Au-delà de l’échange de batterie, si les Superchargeurs v3 peuvent atteindre une puissance en pic de 250 kW, il se murmure que les Superchargeurs v4 pourraient atteindre 350 kW. Mais ce chiffre fait pâle figure à côté des 600 kW de Geely ou des 500 kW de Nio. De quoi permettre de recharger une voiture électrique de 10 à 80 % en 10 minutes seulement. À condition de disposer d’une architecture en 800 volts, ce que les voitures électriques de Tesla n’ont pas. Sauf le Tesla Semi, mais il s’agit ici d’un camion électrique, certes révolutionnaire.
L’offensive européenne de BYD
Malheureusement pour Tesla, la concurrence asiatique ne se limite pas à ces démonstrations technologiques. En France, le géant chinois BYD a profité du Mondial de l’Auto dans son édition 2022 pour faire son arrivée dans le pays avec trois voitures électriques : les BYD Atto 3, BYD Han et BYD Tang. Ces voitures sont un peu décevantes niveau fiche technique si on les compare à des Tesla. Mais leur positionnement tarifaire agressif pourrait bien faire du mal, sur le long terme, aux autres constructeurs.
Il y a quelques jours, BYD a lancé sa nouvelle marque haut de gamme, YangWang. Au programme : des voitures luxueuses, renfermant tout ce qui se fait de mieux en termes de technologie. On a le droit à une supercar électrique, la YangWang U9, mais surtout un 4×4 électrique concurrent des Tesla Cybertruck, Land Rover Defender et Mercedes EQG : le YangWang U8, avec plus de 1 000 chevaux et des technologies de pointe.
Vous vous souvenez lorsqu’Elon Musk avait annoncé il y a quelques mois que le Cybertruck pourrait être utilisé comme un bateau sur des plans d’eau ? Et bien BYD coupe l’herbe sous le pied de Tesla avec une démonstration impressionnante : son YangWang qui s’aventure dans un lac profond, tout en étant capable de regagner la terre ferme en flottant, aidé de ses quatre moteurs.
La conduite autonome : l’arme secrète de Tesla ?
Du côté de la conduite autonome, Tesla reste actuellement le leader incontesté du marché, même s’il se fait rattraper petit à petit, notamment par Mercedes qui a été le premier constructeur à proposer une voiture avec la conduite autonome de niveau 3, grâce à son EQS 100 % électrique.
Mais les constructeurs chinois ne comptent pas se faire distancer. Zeekr l’a encore prouvé récemment grâce à son partenariat noué avec Mobileye (Intel) et Waymo (Google). Mais c’est aussi le cas du constructeur Xpeng, dont les voitures sont commercialisées en Norvège, qui planche sur une conduite autonome similaire au FSD (Full Self-Driving) de Tesla.
Et justement, pour le moment, la conduite autonome FSD de Tesla n’est disponible qu’aux États-Unis. Les autres pays doivent se contenter de l’Autopilot, qui est une conduite de niveau 2 réservée aux voies rapides et autoroutes. Là où le FSD est une fonctionnalité activable partout, y compris dans les centres-villes complexes.
2023 : une année décisive pour Tesla
Tesla est équipé des armes qui peuvent lui permettre de conserver son leadership : une conduite autonome très aboutie, des voitures à l’efficience record et un réseau de recharge (les Superchargeurs) le plus développé au monde. Mais son futur ne tient qu’à un fil, puisque la menace chinoise est réelle et pas uniquement localisée. Les constructeurs chinois ont la volonté d’envahir le marché européen, mais aussi américain à terme.
Pour contrecarrer cette offensive, Tesla doit frapper fort, et pas uniquement avec des baisses de prix. Il faut que le constructeur américain retrouve son niveau d’innovation d’antan, et rattrape son retard sur certains éléments, comme la recharge ultrarapide (et cela passera notamment par l’architecture 800 volts) et des voitures encore plus abordables.
Justement, la firme d’Elon Musk va annoncer certains détails sur la troisième plateforme électrique de la marque en mars 2023. Il se murmure que celle-ci constituera la base de la future Model 2 et du robotaxi autonome. Beaucoup s’imaginent que la voiture électrique compacte de Tesla pourrait ressembler à la Foxtron Model B de Foxcon.
2023 pourrait aussi devenir l’année où Tesla deviendrait le premier constructeur à placer une voiture électrique sur le podium des voitures les plus vendues de l’année au niveau mondial, toutes motorisations confondues. Mieux, la Tesla Model Y pourrait tout simplement devenir la voiture la plus vendue de l’année, dépassant la Toyota Corolla qui détient actuellement le titre.
La firme d’Elon Musk en est capable, puisque si ses usines tournent à plein régime, c’est 2,5 millions de voitures électriques qui pourraient être produites chaque année. À comparer aux 3 millions de voitures électrifiées (hybrides rechargeables et électriques) que peut produire BYD chaque année.
Et si Tesla déployait le FSD en Chine pour repasser leader de l’innovation dans le pays ? Cela pourrait justement lui permettre de faire de l’ombre à la concurrence locale. En espérant que le COVID, qui repart en Chine, n’entrave pas les plans de la firme d’Elon Musk. Tout comme ses frasques sur Twitter. L’année 2023 s’annonce donc décisive pour Tesla et Elon Musk.
Pour aller plus loin
Les 6 échecs d’Elon Musk avant Twitter
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