Le plan bancal et inconscient de Dacia pour contourner l’interdiction des voitures thermiques

 
Dacia envisagerait de faire appel aux carburants de synthèse (e-fuel) afin de continuer à vendre des voitures thermiques après l’échéance de 2035. Un choix surprenant alors que cette alternative est très coûteuse pour les clients et plus polluante face à la voiture électrique.
Dacia Bigster concept

À partir du 1er janvier 2035, plus aucune voiture thermique ne devra sortir des chaînes de production ni des concessions en Europe. Cette règle, c’est l’Union Européenne qui l’a entérinée quelques semaines plus tôt, malgré la défiance de certains pays comme l’Allemagne.

Une alternative étonnante

Si la plupart des constructeurs ont prévu de se conformer à cette mesure, certains ont choisi d’essayer de trouver des solutions alternatives. C’est notamment le cas de Porsche, qui travaille depuis plusieurs années au développement de son carburant synthétique, que nous avons eu la chance de tester en conditions réelles. Mais la firme allemande n’est pas la seule dans ce cas-là.

En effet, une autre marque plus inattendue serait également intéressée par le e-fuel. Il s’agit de Dacia, comme l’a confirmé le directeur technique du groupe Renault Gilles Le Borgne aux journalistes du site Automotive News Europe. Ce dernier confirme que l’entreprise travaille actuellement avec le pétrolier Aramco, afin de développer un carburant synthétique pour ses marques. Plusieurs tests ont déjà été effectués dans des usines pilotes.

Et ceux-ci semblent avoir été concluants, puisque le porte-parole confirme que cette alternative présente de vrais avantages. Il affirme également que celle-ci pourrait être une solution pour Dacia au cours des prochaines années. Le constructeur low-cost devra en effet se diriger lui aussi vers des énergies plus propres. Mais il n’évoque pas le passage à une gamme 100 % électrique, contrairement à Renault.

Pourtant, Dacia possède bien une voiture zéro-émission (à l’échappement), qui n’est autre que la Spring, qui cartonne toujours depuis son lancement. Mais il faudra attendre de longues années avant l’arrivée de futurs modèles électriques puisqu’il est question de 2028 pour la Sandero électrique et 2033 pour le Duster électrique. Le carburant de synthèse serait donc la seule solution pour que la marque puisse perdurer dans les prochaines années.

Une bonne idée ?

À vrai dire, la volonté de Dacia de se tourner vers le e-fuel n’est pas vraiment surprenante. En effet, et comme le rappelle Automobile Propre, Luca de Meo avait déjà tout fait pour repousser l’interdiction du thermique en Europe de 2035 à 2040. Et ce afin de laisser un peu de temps à Dacia, qui va devoir proposer des voitures électriques abordables sinon elle risquerait de perdre sa clientèle. Or, et même si les prix devraient chuter au cours de la décennie, ces modèles restent encore chers.

Mais le choix de l’e-fuel est-il vraiment pertinent ? Car on sait que ce carburant est très coûteux pour les automobilistes. Selon une étude de l’ONG Transport & Environnement, un plein de carburant synthétique serait deux fois plus cher que de l’essence classique. Ce qui a dissuadé plusieurs constructeurs d’y passer, dont Iveco. Son patron qualifie d’ailleurs cette alternative de « champagne ».

Cependant, il se pourrait que les prix chutent drastiquement selon les prévisions de l’entreprise HIF Global, qui pourrait proposer un litre à 2 euros contre 50 actuellement. De plus, les carburants synthétiques sont loin d’être irréprochables sur le plan environnemental, puisqu’ils nécessitent beaucoup d’énergie. Pas étonnant que de nombreux constructeurs comme Volkswagen et Mercedes n’y croient pas.

De son côté, Gilles Le Borgne aimerait également que Bruxelles revoie sa copie en matière d’analyse du bilan carbone. L’idéal serait que tout le cycle de vie de la voiture soit pris en compte, alors que l’on sait que la production d’un modèle électrique est loin d’être propre. En raison de la batterie, mais également de sa carrosserie, qui est très polluante.


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